Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
satisfait.
    Ils longeaient les rives de la Seine lorsque le sergent freina son cheval.
    —  Holà, lança-t-il.
    Marie s’en félicita. Elle était fourbue de ce pas qui n’était pas le sien, de cette posture inconfortable. Le lieu était désert. Seule la berge en contrebas bruissait du clapotement du fleuve contre l’herbe fine. Le sergent mit pied à terre et héla ses hommes :
    —  Cette selle m’échauffe le sang ! Cela me suffit bien. L’endroit est d’autant plus propice qu’un bon bain décrottera cette donzelle ! À terre, soldats !
    Joignant le geste à la parole, il sauta à bas et dénoua l’attache, l’enroulant autour de son poing. De l’autre main, il tira sa rapière et la pointa sur le buste de Marie, coupant net les lacets du corsage.
    —  Recule et baigne-toi, ordonna-t-il en s’appliquant à trancher les bretelles qui retenaient encore les pans ouverts du bustier.
    La poitrine blanche et rondement menue de la jouvencelle s’affirma dans la pénombre. Pour échapper à son regard salace, Marie obtempéra et se laissa glisser dans le fleuve. Ses mollets étaient en feu et, quoi qu’elle puisse faire, rien n’était mieux que de gagner du temps. Nombre de gueux arpentaient les berges de jour comme de nuit. À la faveur de l’obscurité, il était facile de faire quelque pêche miraculeuse et gratuite. Tous la connaissaient. Elle pouvait compter sur leur aide.
    Elle se trempa quelques minutes puis se sentit de nouveau happée. Le bain dans l’eau fraîche lui avait rendu sa vitalité et l’impression de fatigue avait disparu dans ses jambes. Elle était bien décidée à se défendre.
    Un coup sec la projeta en avant. Déséquilibrée, elle se réceptionna sur les genoux dans la bourbe de la berge, rageuse. Elle voulut se relever, mais le sergent ne lui en laissa pas le temps. Un coup de pied la percuta au menton et l’envoya rouler sur le flanc, étourdie par la surprise autant que par la violence. L’homme se coucha sur elle sans façon, fort du ricanement de ses comparses.
    Marie s’arqua sous le poids et entreprit de le repousser comme il pétrissait ses seins en grognant :
    —  Tiens-toi tranquille, catin !
    Mais cela ne fit qu’augmenter sa rage. Comme il baisait sa gorge trépidante, elle s’agrippa à ses cheveux à pleines mains et planta ses crocs à portée. L’homme hurla. Aussitôt, un autre vint à la rescousse, agrippa les poignets de Marie et la força à lâcher prise en glissant sous sa gorge le fil de sa lame :
    —  Suffit ! hurla-t-il. Ou je te saigne comme une truie !
    —  Cette peste m’a arraché l’oreille ! Vociféra le sergent qui s’était redressé et portait sa main à la plaie.
    De colère, il la gifla violemment. Marie ne broncha pas. La lame était bien trop près de son col.
    —  Tiens-la. Qu’on en finisse ! Ensuite, tu mourras, ajouta-t-il sur les lèvres de Marie.
    Il écarta avec vigueur les cuisses serrées, le souffle rauque, du sang dégoulinant le long de sa chevelure poisseuse. Marie serra les dents, en cet instant elle n’aurait su dire ce qui la tenait le plus aux tripes : la rage, l’effroi ou la meurtrissure de ces ongles qui griffaient ses hanches.
    Il n’eut pas le temps de fouiller son ventre. Il s’écroula d’un bloc sur elle et Marie reçut en plein visage le flot de sang qui jaillit de sa bouche ouverte. Au même instant, elle perçut un cri assorti d’un plongeon. Les mains qui enserraient ses poings la lâchèrent aussi et Marie entendit le choc sourd d’un corps qui s’effondre.
    Dans un râle de victoire, elle repoussa le cadavre qui la couvrait encore, et saisit la main qui se tendait vers elle. Elle la savait amie. De fait, depuis quelques secondes, elle avait cessé d’avoir peur. La nuit lui avait porté une odeur familière. Tandis qu’elle se redressait, Ma sortit de l’eau et s’ébroua activement. À la surprise de Marie pourtant, ce ne fut pas Constant qu’elle trouva face à elle, mais leur nouvel ami : Jean Latour.
    —  Pas de mal ? demanda-t-il simplement.
    —  Rien d’irréparable. Où est Constant ?
    —  Là ! répondit la voix du jouvenceau qui essuyait le fil de son coutelas sur son pourpoint en s’avançant vers eux. Il ne faut pas traîner ici. Le guet patrouille aux abords du Châtelet, si la lune se dévoile on nous apercevra.
    —  Filons ! approuva Marie en retroussant ses jupes.
    —  Attends ! L’arrêta Jean.
    Galamment, il dégagea de

Weitere Kostenlose Bücher