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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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venir. Il était peu vraisemblable que Loraline soit en ville. Un loup aurait attiré l’attention, effrayé la populace. Elles devaient obligatoirement se tenir en un lieu secret, où leur différence pourrait se cultiver sans danger. Et tout en dissimulant le véritable objet de sa quête, Philippus entendait bien questionner Jean sur les lieux susceptibles de le rapprocher de sa progéniture. Restait le mystère de la tour du roi. Quelle était-elle ? La tour de Nesle ? Quel rôle pouvait bien jouer le roi de France dans l’écheveau de leurs vies ? Philippus serait-il seulement reçu s’il demandait audience ? Et pour quoi dire, quoi demander ? Sans parler de François de Chazeron qui, au dire de Huc de la Faye, occupait une charge importante dans la ville. Il était peu vraisemblable qu’il le reconnaisse tant il avait changé d’aspect et même de figure, mais trop de questions ne risquaient-elles pas de ramener ce tourmenteur sur leurs traces ? Il se promit d’être prudent.
    Lorsque Jean Pointet le rejoignit, le couvre-feu sonnait. Les yeux cernés, les traits tirés, le chirurgien semblait avoir vieilli d’un coup. Il était épuisé d’avoir opéré la journée entière. Il s’efforça pourtant de faire bonne figure à son invité, soupa avec lui de grand appétit et, s’il ne posa aucune question, l’assura qu’il mettrait à son service la compétence d’un de ses amis, fervent admirateur d’Erasme.
    —  Jean Calvin est sincère et appliqué, poursuivit-il. Il a étudié comme Erasme au collège Montaigu à Paris, puis le droit à Orléans et à Bourges. Il est actuellement ici au collège de Fortet et je gage qu’il sera heureux de vous rencontrer . Il se reconnaît davantage dans l’humanisme d’Erasme que dans les théories de Luther, même si comme moi il s’affiche dans son camp qui est dans le royaume le seul mouvement d’opposition marqué à l’Église catholique. Cependant, lui et moi dénonçons cette doctrine de la prédestination.
    —  Elle ne me satisfait pas non plus et cependant des faits indéniables m’y ramènent aujourd’hui. Je ne peux rien dire, hélas ! Pour créditer Luther, moins encore pour soutenir Érasme, une chose est certaine cependant, mon cœur va à la Réforme. Depuis bien longtemps.
    —  Jean Calvin vous aidera dans vos recherches. Soyez prudent toutefois, Paris grouille de gens d’armes peu amènes depuis quelques jours. Une patrouille a été mise en pièces et beaucoup pensent que la société secrète que nous formons y est mêlée. De fait, ils recherchent une jouvencelle. Je pense connaître la bougresse, elle est, après sa mère et sa tante, la plus engagée des luthériennes et ne manque aucune occasion de ridiculiser les prélats ; pourtant, elle est incapable d’avoir entraîné cette tuerie. Les bourgeois et autres adeptes de la doctrine sont des couards, en aucun cas des meurtriers. Je crois plutôt que le suppléant du prévôt de Paris a lui-même organisé cette feinte pour attirer sur nous la haine du peuple. Il a annoncé dès son arrivée qu’il comptait débarrasser la ville de ses mendiants, voleurs et hérétiques. Rien de plus facile dès lors que de faire d’un des nôtres un bouc émissaire. Par chance, il ignore qui est cette fille et aucun de nous ne la trahira. Pas davantage les gueux de la cour des Miracles. Ils mourraient sous la torture plutôt que de la dénoncer. Tout cela vous donne le sentiment qui anime la capitale, mon ami. Ne posez vos questions qu’à gens de confiance. Jean Calvin connaît du monde. Il vous guidera. Pour ma part, j’assiste peu aux réunions des réformés : comme vous le savez, l’obscurité porte leurs manigances, le sommeil quant à moi me gagne tôt. Je vais donc vous laisser. Dès demain, avec une lettre d’introduction, l’on vous conduira auprès de Calvin.
    —  Je ne sais comment vous remercier.
    —  En restant discret, mon ami. Ne rien afficher permet de demeurer libre, ne l’oubliez pas, libre d’agir, de penser et de combattre l’injustice.
    —  Je m’en souviendrai. Que la nuit vous soit réparatrice !
    —  Et la vôtre profitable.
    Ils se séparèrent au seuil du corridor, dans le murmure psalmodiant des prières.
    Lorsque Philippus s’éveilla le lendemain matin, Jean Pointet était déjà à pied d’œuvre auprès de ses malades.

7
     
     
    Isabeau précéda Jean Latour dans son bureau. Bertille se terrait avec les gueux dans le souterrain

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