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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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referma le mécanisme. Le cri de haine de François se perdit dans la muraille. Avant même qu’il ait trouvé la force de se redresser, il était emmuré.
    Alors seulement, Antoinette-Marie de Chazeron se mit à rire à gorge déployée.
     
    Lorsqu’elle jaillit de l’église, la nuit régnait encore sur l’Auvergne, une nuit claire et fraîche, une nuit qui annonçait l’approche des premières gelées. Sans remords, l’âme et le cœur soulagés, elle rejoignit la silhouette qui l’attendait au côté du cheval de François. Jean Latour repoussa son capuchon et Marie lui sourit de connivence.
    Lorsqu’elle fut près de lui, elle devança ses questions par une autre :
    —  Qu’est-il advenu de Ma ? Voici trois semaines que je suis rongée d’inquiétude !
    —  Ma va bien, Marie. Philippus et Isabeau l’ont sauvée. J’ai quitté Paris alors qu’elle s’éveillait soignée de ses blessures, bride abattue sur vos traces pour m’assurer que tout se déroulait comme prévu. Puisque tu ressors seule, j’en déduis que c’est le cas.
    —  Isabeau avait raison. Il désirait tant la pierre philosophale qu’il est tombé tête baissée dans notre piège. Ce fut un jeu d’enfant. Cette salle sera son tombeau. Le temps me dure de l’absence des miens. Rentrons à Paris, Jean.
    —  Hélas ! Point encore, belle Marie. Il nous faut donner le change.
    Il lui prit les bras avec douceur devant sa moue tristounette.
    —  Tu es parvenue à accomplir ce que les tiens ont rêvé trente années durant. Tu dois aller au bout à présent.
    —  Pourquoi Constant ne t’a-t-il pas accompagné ?
    —  Isabeau le lui a interdit. Elle a eu raison. Nul ne doit savoir la mort de François de Chazeron. Allons, Marie. Il faut agir avant l’aube.
    —  Je le sais.
    Il déposa doucettement un baiser sur son front et Marie sentit son cœur battre plus vite, plus fort. Jean la troublait. Différemment de Constant, c’était un fait. Une bouffée de rage la cueillit au ventre. Elle accomplirait sa mission, mais non pas pour Isabeau ou Albérie. Pour elle. Pour avoir le droit de choisir sa vie.
    Alors qu’elle enfourchait son cheval, elle tourna la tête vers Jean et s’attarda sur ses gestes prompts et efficaces qui le juchèrent en selle d’un saut.
    —  Dis, Jean ? Tu l’aimes, Isabeau ? Osa-t-elle demander.
    Étonné, il tourna vers elle ses grands yeux noirs et répondit un oui franc, direct, comme il l’était lui-même, malgré sa réputation. Il ajouta tout de même :
    —  Pourquoi ?
    Marie se mordit la lèvre. Comment lui dire qu’elle aurait voulu, qu’elle aurait aimé goûter l’interdit sur ses lèvres charnues ? Comment avouer qu’elle aimait Constant, mais vibrait au son de sa voix à lui ?
    L’obscurité voilait encore sur son visage le fard de ses tourments. Il se rapprocha d’elle, son cheval nerveux. Dans un souffle aiguisé par la tension de ces dernières heures, elle lâcha pourtant, sans le regarder :
    —  Elle est vieille. Moi pas.
    Sans attendre de réponse, elle talonna sa monture et le planta là. Il la rejoignit sur la grand-route. L’air avait fraîchi sensiblement à l’approche de l’aube. Mais ni l’un ni l’autre n’en sentit la morsure. À leur arrivée, le pont-levis s’abaissa sur un signal du guetteur. Marie avait dégagé son visage du capuchon de laine de son mantel, mais Jean gardait la tête baissée. Ils étaient partis deux, ils rentraient deux. Des trois gardes à la porte, aucun ne posa de question. Il est vrai que François de Chazeron était personnage assez discret et désagréable pour qu’on ne s’interrogeât pas sur ses affaires.
    La maisonnée sommeillait encore. Marie précéda Jean dans les couloirs jusqu’à la chambre de François pour qu’il ramasse quelques effets. Le temps leur était compté. Elle évita délibérément son regard, gênée par son audace de tantôt. Jean ne laissa rien paraître de son émoi. L’aveu de la jouvencelle avait révélé en lui sa propre attirance. Il était convaincu d’éprouver pour Isabeau une tendresse réelle, hors du commun. Mais ce qu’avait dit Marie était vrai. Marie avait cette jeunesse, cette fraîcheur à laquelle aucun homme ne pouvait rester insensible. Lui moins encore qu’un autre, qui n’avait sa vie durant que papillonné de couche en couche.
    Marie ouvrit plusieurs coffres, pour s’activer à ses côtés. Il ne leur fallut que peu de temps pour remplir un sac de

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