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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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oreilles.
    —  Viens, Huc. Bertille est une excellente cuisinière. Elle se fera un réel plaisir de te préparer collation.
    —  Bien sûr ! Mais qu’il se déchausse avant d’aller plus loin.
    —  Vos désirs sont des ordres, jouvencelle, obtempéra Huc, charmeur.
    Bertille se laissa adoucir, piqua un nouveau fard sous son regard baissé et s’éloigna en roulant des hanches.
    —  Je trouverai bien quelques pâtés… et du jambon, et des tourtes, énuméra-t-elle pour se distraire.
    Huc retira ses bottes, inondant plus encore le plancher de la tourbe qu’elles contenaient, puis suivit Albérie vers une salle d’eau située à l’étage.
    Lorsque Bertille frappa à la porte pour annoncer qu’elle portait de l’eau chaude, seul un grognement lui répondit. Elle posa ses seaux sur le seuil, essuya ses petites mains à son tablier et soupira en s’en retournant :
    —  Tout de même, il aurait pu attendre d’être baigné !
    L’instant d’après, elle s’en plaignait auprès d’Isabeau qui, sitôt apprise la nouvelle, s’était empressée à son logis.
    —  Garde les tourtes au chaud, s’attendrit Isabeau à son récit. Ils ont du temps à rattraper. Je reviendrai plus tard. Tiens, ajouta-t-elle en tendant un mouchoir à la naine. Mouche ton nez.
    Avant que Bertille ait pu protester, Isabeau s’éclipsa sur un clin d’œil. Elle se sentait légère. Deux courriers de Marie avaient précédé le retour de Huc et de Jean. Le premier lui apprenait avec ironie la mort de Chazeron dans « d’atroces souffrances, hélas ! » et la visite de Huc, le second daté de quelques jours seulement racontait combien elle se plaisait somme toute à s’inquiéter de ses terres. Marie avait consulté les registres laissés par Huc et, avec l’aide de Bénédicte, s’était avisée de poursuivre les actions lancées par le prévôt pour soulager les manants d’un hiver rude. Contre toute attente, Marie demandait aux siens la permission de demeurer à Vollore jusqu’au printemps.
    Isabeau s’en était réjouie. Cet héritage était le sien, et rien ne la comblait davantage que de savoir Marie heureuse et à la place que leur asservissement lui avait offerte. Son seul souci était la réaction de Constant.
    Depuis que Marie avait été emmenée, le jouvenceau avait évolué. De guilleret, il était devenu taciturne, se rebellait à la moindre occasion, parfois même en réunion avec les luthériens. Comme s’il en voulait au monde entier du vide qui le rongeait.
    Il était vrai qu’en deux mois seulement, beaucoup de choses avaient changé. Le prévôt en titre Jean de la Barre avait repris son poste, ses blessures guéries, et s’il se montrait plus discret dans ses affinités avec les réformés, il ne songeait pas à faire du zèle. Sitôt après que Chazeron avait rendu sa charge de suppléant par un courrier officiel rédigé de la main de Marie, il avait déchiré ses dossiers et oublié les persécutions. Les luthériens autant que les gueux l’en avaient remercié par quelques largesses coutumières.
    Ma s’était remise très vite. Philippus ne la quittait pas, dormait près d’elle, ce qui exaspérait un peu plus Constant, déjà fort abattu d’avoir perdu Marie. Isabeau avait bien tenté de lui expliquer toute l’histoire, il refusait de l’entendre. Il se moquait de savoir que Philippus était le père et Ma la mère de Marie, pour sa part, il n’avait qu’une certitude : on ne se débarrassait pas des gens lorsqu’on les aimait. Avoir déguisé Marie en noblesse, à ses yeux, c’était pis que la prison, pis que la mort. Si Marie disait s’y plaire, c’était seulement parce qu’elle était trop fière pour se plaindre de son regret. S’il avait su monter à cheval, il se serait précipité en Auvergne pour la délivrer. Il s’y était essayé malgré la peur que lui inspiraient ces animaux, s’était retrouvé le derrière époussetant la chaussée sous les quolibets des gueux et avait renoncé en se disant que dès son retour, Jean lui montrerait.
    Mais Jean tardait. Tout comme Huc.
    Isabeau retourna à ses comptes l’esprit en paix. Si l’un était arrivé, l’autre ne tarderait plus.
     
    Le soir au souper, chez elle, elle ne s’attrista que de l’absence de Constant. Ce fut une étrange soirée en vérité. Ils étaient tous là : Philippus et Ma, Albérie et Huc. Ils étaient émus, tous. Emus de se retrouver ainsi, l’âme à vif de tant de souvenirs,

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