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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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trônait sur une étagère, à côté d’une pierre volcanique.
    Voyant qu’elle allait s’en emparer, François se releva impulsivement et la bouscula pour s’en saisir le premier. Prompte et agile, Marie rétablit son équilibre, faisant à peine vaciller la lanterne. Elle recula, lui laissant le champ libre.
    François retourna le flacon dans sa main.
    —  Oui, c’est bien ça. Cette couleur étrange, à peine plus noirâtre qu’autrefois. La chair de la vie.
    Il le déboucha puis s’empara de la pierre avec la même impatience, tenant chacun dans une main, les jaugeant avec cupidité.
    —  Quelques gouttes seulement, mon père, rappela Marie. J’en veux aussi, vous avez promis.
    Mais François l’entendit à peine. Les effets seraient permanents, avait-elle dit tantôt. Permanents. Il serait ainsi l’homme le plus riche du monde, aurait la vie éternelle. Il posa les yeux sur la jouvencelle et son regard se fit plus vicieux encore. Il n’aurait dès lors plus besoin d’héritier, pourrait satisfaire tous ses caprices, y compris celui d’épouser Marie, de l’aimer, de la rendre femme.
    —  Vous avez promis, insista Marie en se rapprochant de lui, une main tendue vers la petite bouteille.
    Il la leva d’un trait au fond de sa gorge, rendu fou et aveugle par cette seule idée de partage. Satisfaite, Marie recula lentement. Lorsque la fiole tomba à terre et que Chazeron serra ses deux mains sur la pierre, elle ne put dominer plus longtemps le plaisir de sa victoire, lui offrant un sourire ravi. À peine s’en étonna-t-il que déjà une violente douleur le pliait en deux et pâlissait ses traits. Il leva les yeux vers elle et ne lut sur son visage qu’une haine farouche.
    —  Tu vas mourir, François de Chazeron. Mourir au milieu de cet or pour lequel tu t’es damné.
    —  Qu’est-ce qui… ? Commença-t-il en tentant de se redresser, mais la souffrance en son ventre fut si mordante qu’elle l’en empêcha.
    Des spasmes lui contractaient maintenant les muscles et ses os semblaient se déchirer, s’écarteler, tandis que son rythme cardiaque s’accélérait à le rendre fou.
    —  L’alkaheist n’existe pas, Chazeron, ce n’est rien d’autre qu’un poison. Violent, irréversible, continua-t-elle. Tu vas mourir, à moins que tu ne te transformes en loup, comme ma mère, il y a quinze ans.
    Marie éclata d’un rire féroce. François écarquilla les yeux, sentant dans tout son être qu’elle disait vrai. Dans un sursaut de colère, il tenta de se jeter sur elle, mais Marie l’esquiva adroitement et François s’aplatit face contre terre. Elle en profita pour s’accroupir sur ses reins et tirer sa lame du fourreau. Elle avait peu de temps, elle le savait. Albérie l’avait mise en garde.
    Elle gagna le passage l’épée au poing, prête à sortir si nécessaire. Mais elle voulait sa vengeance, celle des siens, jusqu’au bout. D’une voix altérée par la violence de ses actes, elle avoua :
    —  Je ne suis pas ta fille, François de Chazeron, mais ta petite-fille. Celle que tu as prise il y a seize années pour Isabeau était ma mère et l’enfant illégitime de ton viol. Pour me sauver de toi, elle m’a échangée contre le nourrisson de ton épouse, avant de se transformer en cette louve grise que tes hommes ont blessée à Paris.
    —  C’est impossible, gronda François entre deux spasmes qui le firent régurgiter un flot de sang. Tu mens. Tu mens ! Ragea-t-il.
    Marie se retourna et leva la lanterne à hauteur de sa nuque qu’elle dénuda d’une main leste.
    —  Vois si je mens.
    François laissa échapper un cri de rage autant que de douleur. Brusquement, les choses prenaient un sens, en perdaient un autre. De nouveau, Marie lui fit face.
    —  La marque des louves, Chazeron. Je suis de leur race, et de la tienne aussi. Voilà pourquoi jouer cette comédie me fut facile. Ton sang coule en mes veines et par lui je vais reprendre de droit ce que tu as volé à ma mère, à ma grand-mère et à ma tante : leur identité, leur nom. Et leur donner, me donner pouvoir et puissance dont tu m’as faite l’héritière. Tu vas souffrir longtemps et mourir de même. Au milieu de cet or. Seul comme une bête tandis que je danserai au bal des louves. Adieu, grand-père ! Tu rêvais de fortune. La voilà faite !
    François se tordit de douleur et Marie vit ses vêtements se disloquer. Elle n’attendit pas davantage. D’un geste vif, elle sortit de la cavité et

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