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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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vous dire qu’en son absence je serai sous votre autorité. Elle me convient. Sitôt que j’aurai récupéré ce sommeil qui me fit défaut.
    Elle plaqua une bise sur la joue rebondie de la matrone qui arrondit un sourire satisfait, puis s’effaça dans le corridor en titubant.
    Sitôt la porte de sa chambre refermée, Marie s’effondra tout habillée sur sa courtepointe. La pièce était froide, mais elle n’en ressentit aucune peine. Tout en elle n’était que brûlure. Elle sombra dans un sommeil perturbé aux rêves grimaçants dans lequel le seigneur de Montguerlhe mourait en gémissant son nom.
     
    Huc se dandina d’un pied sur l’autre devant l’enseigne du Fil du roi , vérifiant une fois encore l’adresse donnée par Chazeron. Il était crotté jusqu’au chapeau qui ne parvenait plus à contenir les torrents de pluie s’abattant sur la ville. La rue charriait des flots de boue mêlés d’immondices, recouvrant ses bottes. Il avait vendu son cheval à deux lieues de Paris. La pauvre bête était épuisée. Lui aussi, mais il s’était contraint à avancer à pied, malgré le mauvais temps. Tant de questions le tenaient éveillé depuis son départ d’Auvergne, tant d’espoir aussi.
    —  Pousse-toi, sombre sot, cria une voix.
    Il s’aperçut soudain qu’il était en plein milieu de la rue et gênait le passage. Il s’avança sous le porche, ébroua sa pèlerine, vida son galurin et poussa la porte, faisant tinter un carillon léger dans le vacarme de l’orage.
    —  Vous êtes trempé, messire ! Constata une voix inconnue.
    La jouvencelle semblait surprise autant que dégoûtée.
    —  Je cherche une dame, commença Huc en toussotant pour éclaircir sa voix éraillée par des maux de gorge.
    —  Posez cette aune de tissu, ma fille, et courez prendre les mesures de M me  de Bernardin, elle a un peu forci et s’entête à…
    Le reste de la phrase demeura en suspens sur les lèvres d’Albérie qui venait d’entrer dans la pièce. Malgré cette barbe fournie et argentée qui lui faisait un collier et son allure misérable, Albérie le reconnut d’un bloc.
    —  Quelle dame, messire ? S’enquit la jouvencelle qui n’avait pas seulement remarqué sa patronne dans son dos.
    —  Celle-ci, sourit Huc, stupéfait quant à lui de la transformation que lui offrait son épouse.
    —  Mon cher Huc, dit-elle en s’avançant. Ne restons pas là, venez ! ajouta-t-elle en lui prenant les mains. Carolys, dites à ma sœur que mon époux vient d’arriver.
    —  Votre époux, dame Albérie ? Commença la petite.
    Puis, comprenant qu’elle se montrait indiscrète, elle s’empressa de rectifier :
    —  J’y cours sur-le-champ.
    Carolys disparut aussitôt. Huc ne trouvait pas les mots. Il se laissa emmener.
    —  D’abord, débarrasse-toi ! Insista Albérie tandis qu’ils pénétraient dans le vestibule du logis d’Isabeau.
    Mais déjà Bertille accourait.
    —  Qu’est-ce donc, Albérie ?
    —  Mon époux, Bertille.
    —  Par tous les saints, s’exclama Bertille en trépignant d’indignation, il est trempé !
    —  Pardonnez-moi, commença Huc, mais les mots se perdirent sur les lèvres de sa femme.
    N’y tenant plus, Albérie s’était suspendue à son cou et l’embrassait. Il hésita un instant à l’enlacer pour ne point la salir, puis céda à son propre désir, sous les grognements de Bertille, gênée :
    —  En voilà bien des manières ! Et mon plancher qui est gâté ! Albérie, voyons, votre robe ! Bon sang, finit-elle par dire en sortant de la pièce, je ne veux pas voir cela ! Non, je ne veux pas le voir !
    Leur étreinte s’étouffa dans un rire. Huc encadra de ses grosses mains les joues rosées de son aimée.
    —  Seigneur Dieu, Albérie, que tu es devenue belle d’avoir vécu en paix !
    —  Toi aussi, tu m’as manqué, Huc, répondit-elle en fouillant son regard du sien, métallique.
    —  Allons-nous pouvoir décrotter votre époux à présent ? Insista la voix coléreuse de Bertille.
    Tous deux se tournèrent de concert. Les poings plantés sur les hanches, les sourcils froncés, la naine se courrouçait pour ne pas pleurer d’émotion. C’était sa façon à elle de lutter contre sa trop grande sensibilité.
    —  Je le crois, Bertille ! Mais si tu veux bien je vais m’en charger, compte tenu de sa grande taille, tu aurais du mal à le frotter.
    —  Albérie ! Comme si… se défendit la naine en rougissant jusqu’aux

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