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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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endeuillée de mensonges, de trahisons, et cependant plus gorgée d’amour, de pardon et de reconnaissance encore. Ils parlèrent longtemps. Isabeau s’était préparée à l’idée que Huc lui reprocherait tout, rien, quelque chose. Il l’avait seulement embrassée avec un franc sourire et les yeux pétillants.
    —  La lumière est belle ce soir, avait-il simplement constaté.
    Elle avait comme les autres compris de quelle lumière il parlait. Celle de la vérité, celle de l’abnégation, du courage et de la persévérance. Celle qui avait su sublimer leur malheur et leur soumission. Ils avaient ri, ensemble. Parler de Marie, ensemble. Fait le deuil de Chazeron. Ensemble.
     
    Jean s’annonça deux jours plus tard. Il avait été détourné de sa route par la peste.
    —  Il fallait s’y attendre. Nous devons nous y préparer, répondit Philippus soucieux.
    Une semaine plus tard, avec son ami Jean Pointet, ils sillonnaient Paris pour prévenir l’épidémie, la besace pleine de pains de savon qu’Isabeau avait achetés avec quelques bourgeois craintifs.
    La rumeur ne tarda pas à enfler. Le mal rongeait la France, s’étendait tel un serpent croustelevé. L’on se mit en procession, en prières. Malgré le danger, le roi décida de sillonner ses provinces, satisfait de se rendre dans celles que la mort de sa mère lui avait léguées, voyageant avec son épouse et le dauphin de France.
    Dans les villes et les villages touchés par le fléau, on se mit à espérer son passage, persuadé que s’il pouvait guérir les écrouelles à l’exemple de ses pères, il sauverait ses gens et la France de même.
    Les pluies torrentielles qui s’abattirent sur Paris mirent la Seine à quai. Forts des conseils prodigués, de nombreux habitants se lavèrent à ces débordements pour se protéger. L’épidémie ne gagna pas la ville mais laissa peu de temps à chacun pour penser.
    Deux êtres pourtant se torturaient. Constant qui comptait les jours jusqu’au printemps, grandissant et forcissant à devenir un homme, et Jean qu’un simple baiser avait réussi à perturber.
    L’hiver passa sur un pays en souffrance. Les nouvelles de Marie étaient bonnes et rassuraient les siens. La maison de Vollore avait été épargnée par l’épidémie, même si de nombreux foyers s’étaient déclarés en Auvergne. Marie se disait heureuse d’aider ses gens, comme elle s’était prise à les appeler. Elle se sentait utile, plus encore qu’à la cour des Miracles, et se satisfaisait d’améliorer leur sort. Pour tous au château de Vollore, François de Chazeron était le destinataire de ses lettres à Paris où sa charge le retenait.
    Bénédicte trouvait fort heureux que sa jeune et nouvelle maîtresse ait remplacé son bougonnant seigneur et n’avait aucune méfiance. Suivant les conseils de Jean, Marie n’était pas retournée dans les souterrains de Montguerlhe. Tous lui manquaient pourtant, surtout Constant, et elle se réjouissait à l’idée de les retrouver dès que neige et verglas permettraient autre passage que celui du courrier.
    Lorsque, le 25 avril, une nouvelle lettre arriva à la boutique, Isabeau s’empressa de la décacheter, certaine que Marie annonçait son retour.
    Au lieu de cela, elle blêmit et n’eut pas le temps de répondre à Carolys qui s’en inquiétait. Son sang se figea et elle tomba en arrière sur le dallage.
    Elle s’éveilla sur la banquette du vestibule. Les visages penchés au-dessus d’elle étaient graves et la mémoire lui revint aussitôt. Elle se dressa et s’adossa au cuir.
    —  Est-ce bien ce que je crois ? demanda-t-elle.
    —  Hélas ! lui répondit Albérie d’une voix étranglée.
    —  Nous devons partir là-bas, conclut Isabeau. Sur-le-champ. Cette fois, je ne fuirai pas, ma sœur.
    —  Bertille s’apprête à vos bagages, intervint Jean. Les miens sont déjà prêts, ajouta-t-il en portant la main à sa lame.
    —  Alors, ce qui doit être sera.

11
     
     
    —  Un cavalier vient d’arriver, damoiselle Antoinette-Marie.
    Sans laisser le temps à sa servante d’émettre un autre discours, Marie dévala les marches en courant, au risque de se prendre les pieds dans ses jupons.
    L’homme secouait son mantel de voyage trempé par la pluie. Son chapeau coulait lamentablement de chaque côté de son visage qu’il avait protégé d’un masque de cuir.
    —  Constant ! Appela-t-elle le cœur battant.
    Il défit le lacet du masque et Marie put

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