Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
sensualité. Un sentiment qu’il avait perçu partagé et profond, malgré leurs liens ailleurs, lorsqu’il l’avait embrassée. Il n’avait pu s’en défaire, malgré son affection pour Constant et l’idée de trahir sa confiance. À cet instant encore, alors que ses pleurs s’espaçaient, il ne songeait qu’à cela. La rassurer. Se satisfaisant au-delà du raisonnable d’être le premier auprès d’elle.
    —  C’est fini, Marie. Tu n’as plus rien à craindre désormais, ni de lui ni de personne.
    Il extirpa son mouchoir et le lui tendit comme elle allait frotter de nouveau sa manche sur son visage. Marie lui sourit, le regard empli de reconnaissance et d’espoir. Elle moucha son nez et revint contre sa poitrine, se troublant malgré sa tourmente des battements fous de son cœur. Lorsque le sien s’emporta, elle leva sur lui un visage étonné et sensuel qui jeta à bas ses maigres résolutions.
    Jean s’empara de sa bouche entrouverte avec le sentiment d’épouser sa tempête, comme le capitaine d’un navire prêt à tout pour le garder à flot.
    Marie se laissa guider en gémissant. Elle avait eu si peur ces dernières semaines, sans pouvoir lutter contre la nuit, contre cette menace invisible qu’elle pouvait cependant percevoir sous ses fenêtres. Elle avait fait barrer toutes les portes des pièces qui contenaient une cheminée et placer des hommes d’armes au guet. Mais elle le sentait rôder autour d’elle, vicieux et meurtrier.
    Jean s’écarta de son visage ruisselant, essoufflé par ce baiser comme s’il avait absorbé son âme. Marie gémit encore, abandonnée et lascive, rassurée de se sentir de nouveau vivante dans cette chair qui mendiait la caresse. Il tenta un instant de se faire violence, de refouler en lui ce désir sauvage qui lui faisait mal, chercha pour s’en convaincre le visage confiant de Constant qui le croyait son ami, mais n’y parvint pas.
    D’un doigt agile, il fit glisser les lacets du corsage et les agrafes de sa robe et la dénuda jusqu’à la taille. Marie s’allongea sur la banquette, les yeux fermés. Elle avait maigri et ses petits seins ronds remplissaient à peine les mains de Jean, mais il ne put s’empêcher de la trouver plus belle qu’aucune autre. De fait, jamais encore il n’avait autant eu l’impression d’être utile, comme si ces doigts qui se promenaient sur sa peau blanche réveillaient chaque parcelle de vie en elle. Il la sentait tressauter, se tendre et se détendre, s’offrir autant que se laisser convoiter, d’instinct. Cet instinct de survie qu’il avait pressenti chez Isabeau la première fois qu’il l’avait faite sienne. Il s’attarda longuement à la découvrir, cherchant dans ses gémissements des justifications à sa misérable attitude.
    Elle était vierge, il le savait. En d’autres temps, d’autres lieux, il s’en serait moqué, aurait joui d’elle comme d’une catin, sans se soucier de l’engrosser ou de la laisser insatisfaite. Marie méritait mieux que cela. Elle méritait l’amant qu’il avait appris à devenir et que les bourgeoises achetaient parfois lorsqu’il boudait leurs couches pour faire monter les enchères. Pour Isabeau, il avait fait une croix sur ce passé méprisable. Pour Marie, il en retrouvait la perversité afin de la combler mieux qu’aucune autre. Il lui devait la vie. Il lui rendait la vie. Une bouffée d’orgueil le submergea lorsque la jouvencelle jouit de ses caresses. Sûr de son fait, il s’empara de sa virginité en buvant son plaisir sur ses lèvres, comme d’une source que nul encore n’avait regardée jaillir.
     
    —  As-tu toujours faim ?
    Jean entrouvrit les yeux et s’attarda sur le visage adouci de Marie.
    —  Je crois.
    —  Nous devrions regagner la grande salle où Bénédicte doit pleurer sur ses beignets refroidis, s’amusa Marie.
    —  Sans doute.
    Mais Jean ne trouvait pas le courage de bouger. Rester immobile ainsi, contre elle, c’était protéger cet interdit de la douceur d’un songe. Il n’aimerait pas sa réalité. Il le savait. Il soupira, passant avec tendresse un doigt sur le soyeux de son épaule.
    —  Il nous faut oublier cet égarement, Marie.
    Il la sentit se raidir. Il aurait pu attendre mais il ne voulait pas que s’installe entre eux cette complicité irréversible des passions adultères.
    —  Tu aimes Constant et il t’aime, ajouta-t-il en affermissant sa voix, comme Marie restait silencieuse. Demain, il sera à tes

Weitere Kostenlose Bücher