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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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découvrir son visage qu’une barbe noirâtre ourlait au menton.
    —  Jean, rectifia-t-elle en freinant son pas, sans véritablement s’en sentir déçue.
    —  Bonsoir, Marie, répondit-il en lui ouvrant ses bras.
    Elle s’y réfugia. Elle avait mauvaise mine, les joues creusées et les yeux cernés, le cheveu rêche et une ride soucieuse sur le front. Il y déposa un baiser tendre et l’enlaça avec affection.
    —  Constant n’est pas loin. À quelques dizaines de lieues seulement. Nous avons cassé une roue dans une ornière à la sortie de Clermont. J’ai jugé plus prudent de ne pas se laisser rattraper par la nuit. Dès demain, les tiens nous rejoindront. Je tenais à t’en avertir.
    Marie s’écarta de lui, les yeux exorbités par une frayeur évidente.
    —  Non, il ne faut pas qu’ils viennent. Partons sur l’heure, tous deux. Je ne saurais rester davantage en cet endroit maudit, Jean. Emmène-moi, je t’en prie. Je t’en prie.
    Jean s’attarda un instant sur ses traits. Il l’avait quittée un peu triste mais rayonnante. Elle n’était plus que l’ombre de la jouvencelle espiègle et sensuelle dont il se souvenait. Se pouvait-il que Constant ait eu raison ? Que ces lettres n’aient été que faux-semblants ?
    —  La nuit est noire, froide et venteuse. Ce serait folie de repartir à l’instant. Nous sommes en sécurité ici, Marie. Guide-moi, nous avons à parler.
    —  Messire, où se tient notre maître ? Nous portez-vous de ses nouvelles ? S’inquiéta la ronde Bénédicte qui accourait des cuisines.
    —  Hélas, sa charge est d’importance et le retient encore à Paris, répondit Jean en la saluant du menton. Il m’envoie au-devant de votre prévôt qui s’en retourne sa mission accomplie.
    Bénédicte roula des yeux ronds.
    —  Messire Huc ?
    —  Lui-même. Qui mieux que lui pourrait arrêter ces crimes ?
    Bénédicte s’en soulagea aussitôt. Marie avait eu soin de calmer les ragots que les gardes avaient relayés. Huc avait finalement été envoyé à Paris au-devant de son maître, qui avait jugé plus utile de l’utiliser pour ses talents que de le punir pour de mauvais placements. Nul n’avait de raison de douter d’elle. Les rumeurs avaient cessé.
    —  Vous devez avoir faim ! lança-t-elle en guise de bienvenue.
    Jean hocha la tête, mais l’air désespéré de Marie le força à la patience.
    —  Je dois m’entretenir avec damoiselle Antoinette-Marie en privé, tels sont mes ordres.
    Marie à ces mots parut retrouver un semblant de lucidité. Elle s’empara de son bras et allongea le pas.
    —  Suivez-moi. Le dernier courrier de mon père me conseillait de m’en remettre à messire Huc et à vous.
    Bénédicte les regarda s’éloigner dans le corridor vers le cabinet de François investi par Marie depuis son arrivée. Elle se souvenait du messager qui lui avait confié la semaine précédente la missive au cachet des Chazeron. Marie avait semblé soulagée à sa lecture. Elle comprenait mieux désormais pourquoi. Rassérénée, elle gagna les cuisines.
     
    La porte se refermait à peine sur eux que Marie éclata en sanglots sur le pourpoint de Jean, ce soir du 25 mai 1532.
    Jean l’entraîna aussitôt vers une banquette recouverte d’un velours bleu qui trônait sous la fenêtre aux volets intérieurs barrés. Elle se nicha contre lui, incapable de retenir plus avant la tension qui s’était abattue sur ses épaules ces dernières semaines. Elle était éreintée.
    Jean ne savait comment l’apaiser. Il se contenta de la bercer tendrement en caressant sa nuque secouée de spasmes. Un instant, elle se moucha d’un revers de manche et cela le fit sourire. Il songea à Constant, laissé sur la route avec les autres, pesneux de ne pouvoir enfourcher un cheval et l’accompagner. Il avait raison. Marie n’avait changé que d’habit. En elle dormait encore la sauvageonne de la cour des Miracles. « Dis-lui que je l’aime », avait-il recommandé à Jean tandis qu’il tournait la bride vers Thiers, mais Jean n’y parvenait pas. Il avait passé l’hiver à beliner Isabeau en se demandant pourquoi le baiser volé à Marie illuminait de ses rêves le restant de ses nuits. Il tenait à Isabeau. Sincèrement. Alors quoi ? Son appétit charnel, qu’il avait fort grand, troublait-il son tempérament ? Il ne pouvait s’en convaincre. Marie éveillait en lui un sentiment plus confus, mélange insidieux d’amitié, de respect et de

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