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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Lorsqu’ils pénétrèrent dans le logis d’Albérie où Solène, la sœur de Constant, les accueillit, Marie se trouva face à Calvin et à Jean qui discutaient avec d’autres au-dessus d’une table couverte de pamphlets.
    Jean Latour s’étonna un instant de sa présence, puis s’avança pour la saluer. Par Albérie, il avait su comme Isabeau que le roi avait entraîné Marie dans son sillage, mais n’avait eu d’autres nouvelles depuis. Les jumeaux allaient fêter leur premier anniversaire dans quelques semaines.
    —  Marie ? S’étonna Calvin avant même que Jean ait pu dire quoi que ce soit. Avez-vous laissé la garde royale à l’entrée ou vouliez-vous d’abord vous assurer de notre capture ? lança-t-il, acerbe et soupçonneux.
    Marie s’en sentit glacée. Elle aurait voulu répondre mais Constant la devança. Il s’était écarté d’elle, livide.
    —  Expliquez-vous, maître, demanda-t-il.
    —  Comment, tu ne sais pas, Constant ? Continua Calvin, un rictus mauvais étirant ses lèvres sèches. On raconte que Marie est la nouvelle maîtresse du roi etque nous lui devons ces arrestations en nombre. Ellenous a trahis, mon pauvre ami. Vois ses atours !
    Constant la poignarda d’un regard exorbité. On lui avait bien dit que Marie avait quitté l’Auvergne avec la cour, mais il avait refusé d’entendre.
    Le sang de la jeune femme ne fit qu’un tour. Elle se planta devant son accusateur et lui fit face, bouillant de rage.
    —  Je ne suis ni la maîtresse du roi ni une traîtresse. Et si quelqu’un s’avise ici d’en douter… gronda-t-elle en relevant ses manches comme elle l’avait fait tant de fois à l’heure d’une rixe. Jean la saisit par les épaules.
    —  Moi, je te crois, Marie. Des rumeurs circulent, alors explique-toi !
    Elle leur raconta. La visite du roi à Vollore, son attachement aux idées de la Réforme, et son rôle double à la cour de France.
    —  Selon la volonté du roi, je suis venue pour vous aider.
    —  Nous n’avons que faire de la fourberie d’un roi qui cajole pour mieux frapper ! Explosa Calvin en cognant du poing sur la table. S’il faut partir en croisade contre les papistes, nous le ferons. Le bûcher n’effraie pas les âmes valeureuses. N’est-ce pas, Constant ?
    Mais Constant n’avait d’yeux que pour Marie et la main de Jean qui pesait encore sur le velours grenat. Il était livide.
    Marie hurla en lui faisant face :
    —  Non ! C’est pour vous protéger que je suis là !
    Mais il serra les dents et d’un geste prompt qui la laissa pantoise, il détala. Avant de courir sur ses traces, elle trouva la force de se dresser contre Calvin qui semblait jubiler.
    —  Vous me l’avez pris, Jean Calvin, grogna-t-elle, et pour cela vous me mettez à bas, mais je le sauverai malgré vous, et mes amis aussi.
    —  Vous auriez dû rester en Auvergne à élever vos bâtards, Marie, cria-t-il comme elle partait déjà.
    Elle ne prit pas le temps de se retourner. Le poing de Jean Latour était parti et Calvin, le nez en sang, s’écrasa contre le mur opposé.
     
    Constant avait disparu. Elle s’éparpilla un instant le long de ces ruelles qu’elle connaissait par cœur, se moquant des regards envieux que ses habits et sa cape au col d’hermine attiraient. Puis s’arrêta. Où pouvait-il bien être ? Elle leva les yeux, accrochant par hasard les hautes flèches de Nostre-Dame à ses souvenirs. Constant ne pouvait que se trouver là. Elle ne prit pas la peine de saluer le vieux père Boussart, trouva la porte ouverte et emprunta sans faillir l’escalier en colimaçon qui s’enroulait au cœur des murs de la cathédrale. Elle longea la coursive et l’aperçut, les pieds battant le vide, chevauchant une gargouille. Comme autrefois.
    —  Ne t’approche pas, grogna-t-il alors qu’un pigeon s’envolait sous le pas menu de Marie.
    —  Je suis revenue, Constant, dit-elle simplement, en se laissant glisser contre la pierre.
    —  Tu n’aurais pas dû partir. Jamais.
    —  Il le fallait, répondit-elle le cœur gros. Pour Ma.
    À l’évocation de la louve, Constant tourna vers elle son visage tourmenté. Il avait changé. Sa barbe brune, ses traits creusés. Il était devenu un homme, mais son regard était tel que naguère. Il semblait perdu de la même façon que lorsque, enfant, elle le tourmentait, jouant de ses craintes ou de ses émois avec sa prescience de jouvencelle. Elle n’avait plus envie de jouer.
    — 

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