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La vengeance d'isabeau

La vengeance d'isabeau

Titel: La vengeance d'isabeau Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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d’arrêter Pointet, le chirurgien . Il a soigné des prêtres atteints de syphilis et leur a assené quele célibat était la cause de leur mal.
    —  Ce n’est pourtant que vérité, ragea Isabeau. Les catins pullulent dans les monastères et les maisons. Ils le relâcheront.
    —  Je crains fort que non, Isabeau. Sitôt emprisonné, il a refusé la confession et a blasphémé contre la Vierge en ne se prosternant pas devant elle. Il sera exécuté samedi en place Maubert.
    Isabeau s’effondra dans une chaise à bras, livide. Jean s’agenouilla et lui prit les mains.
    —  Marie ne peut tout contrôler, Isabeau. Les actes dépassent même l’entendement du roi. Il faut partir.
    —  Je ne peux abandonner ma famille, Jean.
    —  Les tiens sont à Vollore. C’est devenu trop risqué. Outre la folie des papistes, il est celle de l’inquisition. Dans l’ombre, la traque aux sorciers et aux alchimistes a repris. Les familiers rôdent et nombre de procès sont dictés sous leur contrôle. Jacques de la Croix a aussi été arrêté.
    —  C’est un alchimiste ! Philippus et moi l’avons rencontré.
    —  Mais aussi un prédicateur évangélique. Isabeau, ils brûleront qui les gêne et le roi n’en saura que le dixième.
    —  Mais il y a Marie, Constant, Bertille et tant d’autres.
    —  On nous surveille, Isabeau. Ils sont le petit peuple. Dans les profondeurs de Paris, on ne peut rien contre eux, mais nous les mettons en danger en tentant de les protéger, en les approchant. Quant à Marie, le roi veillera sur elle. Et moi sur Constant. Crois-moi, Isabeau. Il te faut quitter Paris. Et t’attacher à tes recherches poursauver les tiens.
    Isabeau hocha la tête, vaincue.
    On conduisit Jean Pointet au bûcher. Attaché sur le monticule de fagots et de bois sec, on lui extirpa la langue de la bouche. D’un coup sec, le bourreau la trancha pour l’exposer aux acclamations d’une foule sanguinaire. « Celui-là ne blasphémera plus ! » grondait la houle humaine.
    Quelques jours plus tard, Laurent Canu dit Jacques de la Croix s’enflammait à son tour, le dossier de son procès attaché par une corde autour de son ventre, suppliant Jésus de pardonner aux hommes leur folie.
    Avril 1534 puait aux faubourgs. Isabeau congédia ses ouvrières et fît clouer des planches sur les fenêtres à meneaux. Elle quittait Paris comme elle avait quitté l’Auvergne : en tournant une page de sa vie. Elle emmenait avec elle Bertille qu’elle avait fini par convaincre.
    Lilvia mourut six mois plus tard. Marie ne put la sauver. En pleine église, elle avait jailli de l’ombre et tranché la gorge du prélat qui condamnait les hérétiques. On l’avait jugée et conduite au bûcher sur l’heure. C’était une bohémienne. Une jeteuse de sorts. Une sorcière. Lorsque Constant l’apprit, le corps de sa mère n’était plus qu’un brandon qui achevait de se consumer. Cela le rendit fou. Tandis que Calvin quittait la France pour la Suisse, il restait à Paris, consolait sa sœur et préparait sa vengeance. Marie tenta de le raisonner, Jean de même. Il se retourna contre eux :
    —  Il suffit ! Emmène-la d’ici, Jean, et épouse-la ! C’est la mort que je veux, elle me débarrassera de vous. Elle me libérera de toi ! avait-il hurlé en pointant son doigt sur le buste de Marie.
    Vif comme l’éclair, il s’était éclipsé, ses placards sous le bras. Marie éclata en sanglots dans les bras de Jean puis s’en retourna à Amboise. Cette nuit-là, le 17 octobre, la France entière croula sous la diatribe violente d’Antoine de Marcourt, un pasteur ami de Calvin. Son pamphlet s’élevait contre « les horribles et insupportables abus de la messe papale inventée contre la sainte Cène », injuriant « le pape et sa vermine de cardinaux, d’évêques et de prêtres, de moines et autres cafards diseurs de messe ».
    François I er en découvrit un épinglé sur la porte de sa chambre. D’un bond, il fut dans celle de Marie. Furieux.
    —  J’ai fait ce que j’ai pu. Je ne peux permettre cela. C’est une atteinte à ma souveraineté. Un danger pour l’Etat tout entier, Marie. Une déclaration de guerre. J’avais espéré qu’ils comprendraient. Ils refusent d’entendre vos avertissements, mes actes pour sauver leur foi. Isabelle de Saint-Chamond est hors de danger. Tenez-vous désormais loin des réformés, Marie, ou je ne répondrai plus de vous.
    —  Sire, je vous en conjure,

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