Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rigoulot
Vom Netzwerk:
ailleurs. »
    Jusqu’ici rien d’exceptionnel, mais Castro continue : « Nous lui avons toujours assuré que rien ni personne ne le retiendrait chez nous [ c’est déjà plus douteux ]. Nous ne voulions pas faire obstacle à l’accomplissement de ses désirs ni à sa vocation. » C’est encore plus difficile à croire. Castrisme et individualisme ne font pas bon ménage…

XI
----
    « C’est la lutte finale… »
    « Che était un artiste de la lutte de guérilla… »
    Fidel Castro
    O ù le Che pouvait-il être envoyé, maintenant ? Castro donna l’ordre à Piñeiro, le responsable des opérations à l’extérieur, de l’aider à trouver un endroit et quelques hommes. Et l’on se décida pour la Bolivie.
    Le choix du linceul bolivien
    Ce choix n’est pas surprenant : le schéma d’implantation au centre d’un continent d’où la guérilla essaimera est aussi simpliste que répétitif. Guevara fait en 1967 en Bolivie ce qu’il a tenté de faire en 1965 au Congo et ce à quoi déjà il pensait en 1959 : « Il y a un altiplano en Amérique du Sud, expliqua-t-il, avec la Bolivie, le Paraguay et une aire qui longe le Brésil, l’Uruguay, le Pérou et l’Argentine… Si nous pouvions y installer une force de guérilla, nous pourrions étendre la révolution à toute l’Amérique du Sud. »
    La Bolivie fut donc choisie, en laissant entendre que la lutte qu’on allait y lancer serait le prélude à la lutte armée en Argentine voire au Pérou. C’est ce qui fut confié au dirigeant bolivien, Mario Monje, pour le moins hésitant à donner son aval à l’entreprise. Si on la présentait comme une simple base de départ, il pouvait l’accepter plus facilement. Mais Monje, apprenant que les Cubains avaient envisagé de commencer la guérilla plus au centre du pays qu’ils ne l’avaient d’abord décidé, pouvait légitimement douter du caractère provisoire de la guérilla bolivienne et de sa réduction au rang de simple tremplin vers le Pérou ou l’Argentine. Il était donc méfiant, et, sans en condamner le principe, trouvait le projet prématuré.
    Les contacts entre le Che et Monje avaient été jusque-là difficiles, tendus, leur désaccord fondamental portant sur l’analyse de la révolution cubaine, sa spécificité et donc sa capacité à être reproduite ailleurs en Amérique latine. Le Che rapprochait les objections du PC bolivien de celles du PSP : si on avait écouté ces derniers, il n’y aurait tout simplement pas eu de révolution cubaine ! Fallait-il écouter davantage les premiers ? Une fois, Guevara demanda ouvertement à Monje :
    « Au fond, si tu n’es pas pour lancer une guérilla, n’est-ce pas parce que tu as peur ?
    – Non, répondit Monje, mais toi, tu as une mitrailleuse dans la tête et tu ne peux imaginer aucune autre voie pour développer la lutte anti-impérialiste 147  »…
    Leur dernière rencontre eut lieu en Bolivie même, peu après l’arrivée du Che. Monje avait promis quelque aide en matériel et en hommes, et suivit lui-même un entraînement à Cuba. Mais il n’était pas insensible au fait que le gouvernement bolivien changeait, qu’il autorisait désormais le PC à se présenter aux élections et que celui-ci n’y avait pas mal réussi. La guérilla ? Pourquoi pas ? Mais plus tard…
    Cet attentisme, Guevara ne l’acceptait pas, mais, le Comité central du PC bolivien ayant donné finalement son accord de principe à la lutte armée, une solution pouvait être trouvée. C’était sans compter avec cette autre question, restée pendante : qui dirigerait la lutte armée ? Elle s’avéra décisive : la condition mise par Monje quand il rencontra Guevara, le 31 décembre 1966, à sa participation à la guérilla, était qu’il en fût le chef. Or, Guevara refusa tout net. Pas question pour lui de reconduire l’expérience congolaise ! Il ne fut pas même question d’envisager pour Monje une apparence de direction pour ménager une susceptibilité compréhensible au fond. « Des termes comme “diplomatie” – ne parlons pas de “duperie” ou même d’“astuce”, lui répugnaient probablement », reconnut Castro. La remarque, pour dure qu’elle soit, vaut pour l’ensemble des activités du Che. Mais la suite des réflexions de Castro vaut pour cette négociation précise entre Guevara et le dirigeant bolivien : « Dans certaines situations, il faut un peu de tact ; au moment où elle s’est produite, la

Weitere Kostenlose Bücher