Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rigoulot
Vom Netzwerk:
rupture entre Monje et le Che a fait beaucoup de mal 148  ». L’histoire de la guérilla du Che en Bolivie s’est aussi jouée là, dans cette manifestation de la rigidité caractérielle du Che… Monje ne manifesta ouvertement ni déception ni soulagement à ne pas s’engager dans cette aventure sans avenir. Craignant peut-être pour sa peau, il quitta le campement en évitant une rupture trop franche, promit de revenir et ne revint pas. Aleida, la femme du Che, bien dans une certaine tradition des colons espagnols, parlait encore trente ans après de « ese Indio feo » de Monje… Ce vilain Indien de Monje…
    Che fut sans doute soulagé lui aussi quand se rompirent les relations avec le PC bolivien. Il était seul maître à bord, désormais. Ni les mineurs de l’étain, ni les progressistes de La Paz, ni les communistes – ces « poules mouillées » – ne se lanceraient même individuellement dans l’aventure.
    L’an prochain à Buenos Aires
    L’isolement des initiateurs de la guérilla n’avait d’égal que l’aspect grandiose de leurs objectifs stratégiques. Devant ses hommes, Guevara en dressa le tableau : « La Bolivie devait être sacrifiée à la cause de la création des conditions d’une révolution dans les pays voisins. Nous devons créer un autre Vietnam dans les Amériques, qui ait son centre en Bolivie. » Plus tard les Américains interviendraient, « ce qui donnerait l’occasion de lancer une campagne nationaliste comme au Vietnam, où les Américains seraient dénoncés comme des envahisseurs ».
    Comme on le sait, la guérilla bolivienne n’atteignit jamais le niveau qui aurait pu faire intervenir massivement les Américains et qui l’aurait fait déborder jusque dans le grand pays voisin du Sud. « Je suis venu pour rester ici, dit-il, et je n’en sortirai que mort ou après avoir ouvert par les armes un chemin vers un autre pays 149 . »
    Mais s’en était-il donné les moyens ? La situation politique du pays ne fut pas analysée, notamment le fait que Barientos avait été élu haut la main avec plus de 60 % des voix. Ni les données sociales, avec la réforme agraire dont avaient bénéficié les paysans indiens au printemps 1952. Hier cloué à une terre qui ne lui appartenait pas, soumis à un propriétaire et dépendant entièrement de lui, le paysan cultivait désormais sa parcelle de terre, allait à la ville pour vendre ses produits… « À travers le processus de réforme agraire réalisé par le gouvernement nationaliste de Paz Estenssoro, les paysans avaient vu leur situation évoluer parallèlement au pays tout entier, quoique lentement et avec les pires difficultés. Mais il était désormais mieux intégré à l’ensemble de la société bolivienne… Devant cet état de fait, les guérilleros ne pouvaient rencontrer que des résistances 150 . »
    Les échecs répétés des guérillas au Pérou, en Colombie, au Guatemala ne provoquèrent pas plus d’interrogations ni d’analyses chez lui. Le Che donnait l’impression de ne pas vouloir réfléchir à son entreprise, même quand il semblait s’y préparer. Ainsi décida-t-il qu’on apprendrait le quechua alors que la langue locale était le guarani ! Il décréta aussi que le groupe serait autonome pour sa nourriture alors que, dans cette région pauvre en gibier, c’était se condamner à crever de faim.
    Impréparation totale
    Guevara avait pourtant envoyé un de ses proches, Ciro Bustos, pour lui préparer le terrain… Mais il n’avait pas plus lu son rapport qu’il n’avait étudié celui de Régis Debray. Ce dernier avait pourtant étudié les possibilités offertes par le terrain, les hommes, la situation politique. De Cuba, on avait aussi envoyé un capitaine, Martinez Tamayo, pour évaluer les conditions du lancement de l’opération. Or, il avait jugé mauvais le choix de la zone de Nancahuazu, parce que quasi désertique, trop éloignée de la frontière argentine (250 km), située dans une région montagneuse à 80 km de Camiri, un centre pétrolier, et à 220 km au sud-ouest de Santa Cruz. Quelques semaines après, début septembre 1966, Guevara voulut qu’on acquière un autre domaine, plus au centre de la Bolivie, dans la région du haut Beni, plus proche de l’Amazone, et ce choix était sans doute meilleur que le premier. Mais la zone sembla trop peuplée et la ferme disponible trop petite… Pire : on devait découvrir peu après que cette nouvelle

Weitere Kostenlose Bücher