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La véritable histoire d'Ernesto Guevara

La véritable histoire d'Ernesto Guevara

Titel: La véritable histoire d'Ernesto Guevara Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Rigoulot
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solutions les plus rigides et les plus simples, Guevara ne voyait qu’un type d’études réellement utile pour les Cubains d’origine africaine (comme pour les autres Cubains, d’ailleurs) : le marxisme-léninisme 142  !
    Les difficultés proprement cubaines
    Si les Cubains avaient une très mauvaise opinion des combattants congolais qui, par exemple, se sauvaient en laissant là leurs armes quand ils entendaient un tir de barrage un peu trop puissant 143 , s’ils se heurtaient à l’incompréhension et parfois à un refus de contact de la part d’autres chefs congolais, les critiques de Guevara n’épargnèrent pas non plus le corps expéditionnaire qu’il dirigeait.
    Il parlait de « graves faiblesses et du rejet sur les Congolais de leurs propres fautes… », mais il pensait que toujours plus de prêches en faveur du dévouement à la Cause et de l’abnégation, et toujours plus de discipline, pouvaient remédier à la situation.
    À ces difficultés s’ajoutaient celles qui touchaient à la communication (pour entrer en contact avec Cuba, il fallait envoyer quelqu’un à Dar es-Salaam !), les maladies, les efforts de l’ONU qui parvenait peu à peu à imposer l’idée d’un retrait de toutes les troupes étrangères, et les offensives des troupes gouvernementales congolaises en octobre 1964.
    Tout se rejoignait pour faire de l’expédition un fiasco…
    Comme d’habitude, Guevara perdra bien du temps et de l’encre à se faire d’inutiles reproches personnels plutôt que mettre en cause la réalité « objective » : il avait été trop complaisant avant de s’emporter brutalement, il n’avait pas appris le swahili assez vite et assez à fond, il s’était laissé aller à fumer et à lire. Instructeur, stratège et politique de haut vol, il avait été aussi « un Caton censeur, rabat-joie et rabâcheur ». Il est vrai, comme le souligne Régis Debray, qu’« il n’explique pas ses ordres, n’informe pas la troupe, ne lui demande rien, ne lui donne jamais la parole »… Au Congo comme en Bolivie, « il laisse tous ses subordonnés dans le noir et garde par-devers lui non seulement ses plans mais ses raisons 144  ». Mais cela ne suffit pas à expliquer le lamentable échec de la tentative d’implanter une guérilla au Congo.
    Le retour
    Castro envisagea un retour, alors que Guevara en était encore à demander plus d’armes, plus d’aide. Mais en novembre ce fut le coup de grâce. La situation militaire se détériorait rapidement. Les troupes gouvernementales s’avançaient vers la frontière orientale du pays, où se trouvaient les Cubains. Il devint clair qu’il valait mieux se replier… Ni les Congolais ni les Tanzaniens ne semblant tenir au maintien du Che, Castro lui donna le feu vert pour rentrer – ou pour aller ailleurs s’il le souhaitait. Guevara tenta de changer les positions de ses hôtes – en vain –, retarda jusqu’au dernier moment son départ puis, en guise d’adieu, déclara aux Congolais et à ses hommes que « seul celui qui était prêt à quitter son confort pour aller lutter dans un autre pays, méritait le nom de révolutionnaire 145  ».
    On l’exfiltra, et on le cacha dans une pièce de l’ambassade cubaine de Dar es-Salaam. Il continuait de juger que l’affaire aurait pu être jouable, mais qu’une fois de plus le monde et les hommes avaient eu le tort de ne pas se montrer à la hauteur de ses exigences.
    Le Che a disparu
    Reste qu’il ne réapparaissait pas publiquement à Cuba car Castro avait lu sa lettre d’adieu, par laquelle il renonçait à toutes responsabilités. Où était-il alors ? Chacun avait son idée, y compris les groupuscules trotskistes qui tentaient – déjà – de le récupérer : Felipe Alvahuante, ex-secrétaire de Trotski, écrivit que Guevara avait été liquidé (politiquement, c’était exact) par Castro. Il affirmait que le Che était un trotskiste aussi passionné que Camilo Cienfuegos et en vint même à supposer que Guevara avait été tué ou livré à l’URSS afin d’être jugé  146  !
    En fait, Guevara était un « allié », comme le dit curieusement Castro en utilisant ce terme significatif : « Si le camarade Guevara s’est allié à nous quand nous étions exilés au Mexique, depuis le premier jour il nous a fait part de sa façon de considérer le problème : pour lui, dès que la lutte cubaine se terminerait, il serait temps d’accomplir d’autres tâches

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