La vie quotidienne en chine: A la veille de l'invasion mongole (1250-1276) (Picquier poche) (French Edition)
total de 466 millions de
sapèques 43 .
Dès les débuts de l’installation de la cour à
Hangzhou sans doute, on veilla aussi à la sécurité des promeneurs : autrefois, dit un auteur, les
quais le long des canaux n’avaient pas de garde-fous continus, mais seulement, de loin en loin,
quelques parapets construits par les propriétaires
riverains. Trompés par les lumières et ne voyant
pas les sinuosités des canaux, des fêtards ivres
tombaient très souvent à l’eau ; il s’en noyait
ainsi des dizaines et des centaines chaque année,
jusqu’au jour où un gouverneur de la ville fit
installer sur le bord de tous les canaux de solides
balustrades munies de portes à l’endroit des
embarcadères 44 .
Enfin, Hangzhou était maintenue dans un état
de grande propreté. Il le fallait d’ailleurs, surtout
au moment des grosses chaleurs de juillet et
d’août, car les épidémies auraient fait rapidement de grands ravages dans cette ville surpeuplée. Les rues étaient nettoyées par les soinsde l’administration qui faisait enlever les ordures
par bateaux. Ces embarcations, une fois réunies
sur une portion de canal au nord de la ville,
« près du Pont neuf », partaient en train vers la
campagne où les immondices étaient déposées
sur des terrains vagues. Une fois l’an, au début
de l’année, la préfecture faisait procéder à un
nettoyage plus complet des rues de la ville et à
un curage général des canaux.
Dans les maisons riches, il y avait des fosses
d’aisance. Au contraire, les petites gens qui habitaient les maisons à étages des quartiers populaires étaient obligés de se servir de « baquets à
chevaux » que des vidangeurs venaient prendre
chaque jour. La récolte devait sans doute servir
d’engrais pour les jardins des environs et pour
les potagers situés dans les faubourgs de l’est.
Ces vidangeurs, appelés communément « les
verseurs », formaient une corporation. Chacun
d’eux avait sa clientèle attitrée et il ne se serait
guère avisé de prendre celle de ses compagnons,
car dans ce cas, note avec amusement un contemporain, l’affaire pouvait s’envenimer au point
d’être portée jusque devant le tribunal de la préfecture, et le plaignant n’avait de cesse qu’il
n’ait obtenu gain de cause 45 .
L’installation de la cour à Hangzhou semble
avoir beaucoup profité à la ville : on fit tout pour
l’embellir et pour rendre la circulation plus
facile et moins dangereuse. Cependant, en dépitdu double réseau des canaux et des avenues, les
encombrements n’étaient pas inconnus sur les
grandes voies. Ils se produisaient surtout aux
portes de la ville, trop étroites pour le flot des
voitures, des chevaux, des ânes et des porteurs,
ainsi qu’aux abords des ponts souvent resserrés
et en dos d’âne ou, selon l’expression chinoise,
plus poétique, « en arc-en-ciel ». A Kaifeng, où
les charrettes étaient nombreuses, il était d’usage
d’atteler deux mulets ou deux ânes à l’arrière
des plus lourds charrois : on les faisait se cabrer
dans la descente des ponts afin de ralentir l’allure 46 . Cependant, même à Hangzhou, où les
charrettes étaient inconnues dans la plupart des
quartiers, cette forme de pont devait constituer
une gêne pour la circulation. Certains comportaient des escaliers en pente douce qu’ânes et
mulets étaient dressés à monter et à descendre.
Enfin, dès qu’on quittait les grandes rues pour
pénétrer dans les venelles des quartiers populaires, c’était une confusion indescriptible. Au
dire d’un contemporain, on ne s’y risquait qu’au
péril de sa vie 47 . Porteurs de fléau, animaux
chargés de sacs, passants s’y croisaient et s’y
mêlaient dans une bousculade incessante.
Grâce au fleuve, au lac, à la proximité de
l’océan, aux routes pavées qui aboutissent à la
ville, aux canaux qui la traversent et la relient
aux grandes cités voisines, Hangzhou est facilement ravitaillée en denrées de toutes espèces.Un dicton local qui énumère les produits de
consommation quotidienne les met en relation
avec les quatre points cardinaux : « Légumes de
l’est, eau de l’ouest, bois du sud et riz du nord. »
En effet, le bois de chauffage et de construction
est amené par les bateaux qui remontent le cours
du fleuve vers l’intérieur ; les jardins potagers
sont nombreux dans les faubourgs de l’est où se
tient le marché aux légumes ; le riz vient par
canaux des plaines qui
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