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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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habituellement
     les troupes quand on ne pouvait les loger au Louvre. En chemin, il rencontra une douzaine de bourgeois et de magistrats qui
     s’y rendaient aussi, pique ou épée négligemment sur l’épaule. Quelques-uns, cuirassés, avaient des mousquets et la plupart
     étaient casqués. Poulain connaissait leur chef, M. de Martis, maître des requêtes et capitaine de quartier réputé d’une grande
     loyauté à la couronne.
    — Monsieur Poulain, vous joignez-vous à nous? proposa Martis. M. de Perreuse, prévôt des marchands, nous a demandé de monter la garde devant les Halles pour veiller au passage des subsistances.
    Il les suivit. En chemin, Martis lui avoua qu’ils auraient dû être plus nombreux mais que beaucoup de membres de sa compagnie
     s’étaient excusés. Ils arrivaient à proximité du cimetière des Innocents quand ils furent arrêtés par une chaîne.
    Il y avait là quelques bouchers avec des tranchoirs et des marchands de chevaux tenant des piques, ainsi qu’un huissier au
     Châtelet qui portait une croix blanche à son chapeau et paraissait commander.
    — La rue est barrée! annonça-t-il. On ne passe pas!
    — Je suis capitaine du guet, répliqua le maître des requêtes avec suffisance, j’ai mes ordres du prévôt, laissez-nous passer.
    — Et moi j’ai les miens! répliqua sèchement l’huissier. Vous ne passerez pas sans un mot de M. de La Chapelle.
    Les bouchers s’agitèrent et montrèrent les gros hachoirs menaçants. Ils étaient une dizaine et les marchands de chevaux avaient
     des arquebuses.
    L’un des bourgeois de la compagnie de M. de Martis, un drapier d’une cinquantaine d’années bien sanglé dans un pourpoint immaculé
     boutonné jusqu’au col et coiffé d’un morion étincelant, s’inquiéta :
    — On ne nous a pas envoyés pour nous battre.
    Plusieurs approuvèrent.
    L’un des marchands de chevaux avait déjà allumé la mèche de son arquebuse. Poulain devina que les bourgeois allaient céder.
     Au demeurant, ils n’auraient pu vaincre les bouchers.
    Il prit le bras de M. de Martis et l’entraîna à l’écart.
    — Ne discutons pas, revenons en arrière, nous passerons par la rue Troussevache.
    L’autre, furieux qu’on ne lui ait pas obéi, mais inquiet de la tournure des évènements, s’empressa d’accepter. Ils firent
     demi-tour sous les quolibets des ligueurs.
    — Après tout, c’est le rôle des soldats de se battre, pas le nôtre! déclara l’un des hommes de la compagnie bourgeoise.
    — C’est notre privilège à nous, Parisiens, de nous défendre nous-mêmes, le morigéna le maître des requêtes.
    — Oui, mais pas contre d’autres Parisiens! Je préfère rentrer chez moi! Que le roi règle seul ses affaires avec Guise, ça ne nous regarde pas!
    Il les quitta.
    — Je fais comme lui, dit un autre, ma femme et mes enfants ont besoin de moi.
    Il partit avec un de ses compagnons. Ils restèrent à neuf.
    — Je ferais mieux d’aller chercher de nouveaux ordres à l’Hôtel de Ville, proposa Martis d’une voix embarrassée.
    — Oui, approuva un de ses compagnons, qui savait que la place de Grève était occupée par des centaines de Suisses.
    Au moins ils y seraient en sécurité.
    — Venez-vous avec nous, monsieur Poulain?
    — Non, soupira le lieutenant du prévôt, je vais continuer seul, vérifier si les troupes du roi sont bien en place aux Innocents.
    Il les laissa.
    Rue Troussevache, il y avait aussi des chaînes et il vit d’autres bourgeois loyaux faire demi-tour. Tout cela ne lui plaisait
     guère.
    Empruntant de petits passages entre les maisons, il parvint enfin au cimetière des Saints-Innocents. Par prudence, il s’était
     maintenant couvert la tête de son capuchon.
    Le cimetière était un vaste quadrilatère entouré de murs entre les rues Saint-Denis, de la Ferronnerie, de la Lingerie et
     la rue aux Fers. On y enterrait les morts dans de vastes fosses contenant plusieurs couches de cadavres. La terre du cimetière
     dissolvait un corps en moins de deux semaines et, assez rapidement, on déterrait les ossements pour les entasser dans des
     charniers construits dans des galeries à arcades qui bordaient les murs.
    Nicolas Poulain s’approcha de la porte Saint-Jacques, l’une des entrées. Elle était barrée par des barriques mais les sentinelles,
     hallebarde en main, le laissèrent regarder comme les autres curieux. Il vit que des centaines de Suisses s’étaient installés
     entre

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