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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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l’Université. « Si Votre Majesté n’ordonne pas le retrait des troupes », avait-il assuré avant
     de partir, « elle sera responsable d’un effroyable carnage de moines et de religieux, car les féroces Suisses ne resteront
     pas l’arme au pied si on les lapide. »
    Un peu plus tôt, Henri III avait reçu un mot de Crillon demandant des ordres. Ne sachant que décider, il n’avait pas répondu.
    Après le départ de Morosini, une estafette du marquis d’O l’avisa de barricades qui encerclaient ses troupes aux Innocents
     et devant l’Hôtel de Ville. Biron demandait l’autorisation de charger et de se dégager, sinon il ne répondait plus de rien.
    Certes, depuis l’arrivée impromptue de Guise au Louvre, Henri III avait choisi l’affrontement. Le temps de la comédie, ou
     celui de rompre, était révolu. Il était prêt à la bataille contre les troupes guisardes. Bien sûr, il savait que celles-ci
     seraient renforcées par le petit peuple ligueur, par ces félons de la sainte union, mais malgré le mémoire alarmant de Nicolas
     Poulain, il ne croyait pas que ces gens-là puissent être trente mille. Quelques centaines tout au plus.
    Les Parisiens respectaient leur roi, lui avait assuré Villequier. La ville l’aimait.
    Seulement rien ne se passait comme prévu. Ses troupes n’affrontaient pas les gens de Guise, elles étaient encerclées par les
     Parisiens. Quant à la garde bourgeoise, dont le prévôt des marchands lui avait assuré la fidélité, elle avait disparu.
    Ses officiers demandaient de l’artillerie. Ils voulaient utiliser les fauconneaux pour dégager les Suisses. Mais pouvait-il se livrer à un massacre de son peuple? Ce n’était pas la conception qu’il avait de la charge de roi, et après le dégoût ressenti à la suite la Saint-Barthélemy, il ne s’en sentait pas capable.
    Henri passa de son cabinet à sa chambre d’apparat. Il avait quelques serviteurs autour de lui. D’une fenêtre ouverte sur le fleuve, il regarda l’Île de la Cité. On entendait par instant des arquebusades. Que se passait-il? Que n’avait-il O, Ornano, Épernon, Biron, Richelieu, près de lui pour le conseiller!
    René de Villequier fut annoncé. Il était avec un serviteur de Catherine de Médicis.
    — Parlez, mon ami, que savez-vous? demanda le roi impatient.
    — Il faut donner ordre aux troupes de ne pas s’opposer aux bourgeois, sire, et les ramener dans leurs quartiers. Le tumulte cessera aussitôt.
    — J’y perdrais toute confiance!
    Le serviteur de la reine mère prit la parole.
    — Sire, madame votre mère vous supplie de trouver un terrain d’entente avec le duc de Guise. Elle se propose de se rendre à son hôtel pour négocier.
    — Ce serait raisonnable, sire, insista Villequier.
    Les coups d’arquebuses devinrent plus nombreux, plus saccadés. Henri se mit le visage dans les mains. Il ne savait que faire.
     S’il reculait, il livrerait aux mutins une victoire sans combat et ce serait la fin de sa race. Il décida une demi-mesure,
     pensant que temporisation et douceur désarmeraient le peuple.
    — Que les troupes présentes dans l’Université et dans la Cité rejoignent la Ville et se regroupent autour de l’Hôtel de Ville. Mais que personne ne tire et que les épées restent au fourreau sous peine de la vie.
    Le roi venait de commettre la plus grave erreur de son règne. Il aurait ordonné un retrait complet de tous les Suisses jusqu’au
     Louvre, il restait tout-puissant en attendant le régiment de Picardie. Il aurait ordonné de tirer sur la populace, il restait
     roi tant ses troupes étaient fortes et capables de rompre les barricades des guisards.
    Mais par ce choix ambigu, il venait de perdre sa capitale.
    Il fit venir des secrétaires à qui il dicta des ordres pour le seigneur d’O, le capitaine d’Ornano, le maréchal de Biron et
     le seigneur de Crillon, leur demandant de retirer les compagnies le plus doucement qu’ils pourraient vers la ville.

    Ce n’est qu’en fin de matinée que Le Clerc eut le temps de s’inquiéter de Nicolas Poulain. L’émeute tournait enfin en faveur
     de la Ligue. Il envoya un peloton chez lui avec ordre de le saisir sans le meurtrir, voulant seulement l’interroger et savoir pourquoi il n’était pas venu le trouver la veille.
    Ses hommes revinrent en lui disant que la boutique du Drageoir Bleu était close et rembarrée, et que la maison paraissait
     vide.
    Où était Poulain?
    Malheureusement il

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