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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Halles, cet ancien quartier qui s’appelait les Champeaux quand Philippe Auguste
     y avait fait construire des marchés. Ici, la plupart des maisons étaient construites sur des poteaux, aussi l’appelait-on
     parfois les Piliers des Halles. Habituellement, le passage sous ces galeries, jusqu’à la barrière des sergents, en bas de
     la rue Montmartre, était difficile tant l’affluence était grande. Mais ce samedi, il put marcher à bonne allure, ignorant
     les étals vides des fripiers et des tapissiers.
    Près de Saint-Eustache, il ne croisa que des processions. Certaines, martiales, où les moines en robe troussée avaient tous
     un casque sous leur capuchon, une rondache peinte aux armoiries de Guise pendue au dos, une brigandine sous leur froc avec
     épée et poignard au baudrier, et une hallebarde sur l’épaule gauche. D’autres, dévotes, dont les chants liturgiques lancinants
     étouffaient le grincement des enseignes.
    Jamais, il n’avait vu la ville si morne et si triste. Les rues, encore plus malpropres et nauséabondes que d’habitude, provoquaient
     un sentiment de délabrement et d’absence d’autorité. La barrière des sergents était déserte. En l’absence de guet, dès cette
     nuit les truands commenceraient leurs pillages.
    Au coin de la rue Mauconseil, un marchand d’oublies lançait sans y croire :
    Oublie, Oublie Hoye à bon prix ,
    Pour les grands et pour les petits!
    Il en acheta deux et, remarquant le théâtre fermé, il fila vers le sentier conduisant à la tour.
    Il avait frappé plusieurs fois à la porte quand enfin il entendit la voix de Mario.
    — Je suis un ami de Lorenzo. Je suis déjà venu, lança-t-il.
    Les verrous furent tirés. Mario le reconnut, et s’il parut surpris de le voir vêtu en franciscain – un déguisement qui pouvait
     lui valoir la hart – il n’en laissa rien paraître.
    — Lorenzo est là?
    — Non, il est allé voir vos amis.
    Cela n’arrangeait pas Nicolas. Il n’avait pas envie de mêler Mario à leurs affaires, surtout si elles tournaient mal.
    Serafina apparut. Elle avait entendu et était descendue, croyant au retour de Lorenzo. Elle aussi écarquilla les yeux en le
     reconnaissant sous sa robe.
    — Vous avez besoin d’aide? demanda-t-elle.
    — Oui, mais je ne veux pas vous compromettre…
    — Venez chez moi, proposa Mario.
    En silence, ils montèrent sous les combles, Serafina les suivait.
    Dans la chambre de Mario se trouvaient son gendre et le prince des sots que Poulain avait vu quelques fois dans la rue. Il
     était coiffé de son étrange chapeau à grelots.
    — Vous connaissez Nicolas Joubert? C’est le régisseur de la Confrérie des sots et des enfants sans souci, dit Mario. Monsieur est ami de Francesco et de Pietro, précisa-t-il à l’attention du prince des sots.
    — Jamais je n’ai vu un aussi bon Judas que Pietro! grinça Joubert, la face réjouie. Dommage qu’on ne puisse plus jouer! Le théâtre distrayait le peuple, regretta-t-il en forçant sur son dépit. Où va-t-il aller pour se consoler?
    — Dans la rue! Nous avons assisté à une tragédie, hier, répliqua sombrement Poulain.
    — Une tragédie? Pas du tout! Si je savais écrire, je ferais une magnifique comédie de ces deux journées.
    — Ah! dit Poulain sur la réserve, ignorant les idées du prince des sots.
    — J’appellerais ça la comédie des deux ânes! grimaça Joubert de façon si drôle que tout le monde sourit.
    — Pourquoi? s’enquit Mario.
    — Parce que les deux Henri ont fait les ânes! L’un pour n’avoir pas eu le cœur d’exécuter ce qu’il avait entrepris alors qu’il en avait les moyens, et l’autre pour avoir laissé échapper la bête qu’il tenait en ses filets.
    — Le premier âne n’était sans doute pas assez sanguinaire, ironisa tristement Poulain.
    — Les ânes le sont rarement! ricana Joubert en secouant la tête ce qui fit sonner les grelots. Monsieur Poulain, ajouta-t-il, brusquement sérieux. Votre épouse est enfermée à l’Ave-Maria avec celle de Pietro. Usez de moi si vous en avez besoin…
    Poulain regarda Mario, Flavio, puis Serafina, tous graves.
    — J’ai là une lettre à porter au Drageoir Bleu, dit-il en sortant un pli de sa robe, mais je ne peux m’y rendre. L’épicier est mon beau-père.
    — J’y vais, promit Joubert en saisissant le pli. Que dois-je dire?
    — Prenez de leurs nouvelles, rassurez mes enfants, dites-leur que je vais bien et que je viendrai

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