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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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blanche.
    — Le roi choisira son jour et son heure, mais il sait qu’il pourra compter sur ma main, répondit O.

    Le lundi qui suivit, c’était le premier jour d’août, la reine mère avec ses filles d’honneur, le duc de Guise escorté de quatre-vingts
     cavaliers, le cardinal de Bourbon avec cinquante archers de sa garde en casaques de velours cramoisi passementé d’or, l’archevêque
     de Lyon et nombre de grands seigneurs ligueurs arrivèrent à Chartres.
    Le roi les reçut avec chaleur et leur fit le plus honnête accueil qu’ils pouvaient espérer. Une fois encore la reine mère
     supplia le roi de venir à Paris. Son fils lui répondit que c’était chose qu’il ne pouvait lui accorder, mais qu’il lui donnerait
     tout ce qu’elle voudrait hors cela, et qu’il la priait de ne plus l’en importuner davantage.
    Le lendemain, pour montrer qu’il avait pardonné toutes les avanies qu’on lui avait fait subir, Henri III invita le duc de
     Guise à dîner. Durant le repas, il lui demanda à qui ils boiraient.
    — À qui il vous plaira, sire, répondit le duc de Guise. C’est à Votre Majesté d’en ordonner.
    — Mon cousin, plaisanta Henri III qui était de joyeuse humeur, buvons à nos bons amis les huguenots!
    — C’est bien dit, sire, répondit froidement M. de Guise.
    — Et à nos bons barricadeux de Paris, ajouta le roi, buvons aussi à eux et ne les oublions pas!
    À ces mots, le duc de Guise se força à sourire, mais son sourire ne passa pas le nœud de la gorge. Il se retira peu après,
     pensif et mal à l’aise tant il ne comprenait pas le comportement du roi.
    Le duc, sa suite, la reine et le cardinal restèrent une grande partie du mois à la cour pour sceller la réconciliation. Le climat était désormais à la bonne entente et à l’amitié. Pourtant Nicolas Poulain observa que l’entourage du roi
     s’était insensiblement modifié. Bellièvre et Villequier étaient moins souvent près de lui, tandis que le colonel d’Ornano
     ne le quittait pas. Henri III se réunissait aussi souvent avec le duc d’Aumont.
    Jean d’Aumont avait soixante-cinq ans passés, il avait été premier gentilhomme de François I er et, dans sa famille, on était depuis toujours homme de guerre et loyal à la couronne. Chevalier du Saint-Esprit et maréchal
     de France, le roi paraissait désormais l’écouter plus que tout autre, ce qui rendait le marquis d’O ombrageux.
    À Chartres, le roi occupait deux grandes maisons devant la porte royale et une partie de la cour était logée dans l’évêché,
     un bâtiment aussi vaste qu’un palais royal avec une immense salle commune, des parvis et des galeries dignes d’un roi. Malheureusement,
     une bonne partie des logis étaient ruinés et inconfortables, aussi Nicolas Poulain avait pris chambre à l’hôtellerie du Chapeau-Rouge,
     dans le grand faubourg, et Richelieu à la Croix-de-Fer, une auberge proche. Nicolas, ayant toujours sa famille à Rouen, n’avait
     besoin que d’un valet, d’un secrétaire et d’un sergent d’armes.
    Dès l’arrivée de Catherine de Médicis et de son père, le cardinal de Bourbon, il leur rendit visite. Il les trouva tous deux
     fort affaiblis par le voyage. La reine mère le reçut couchée. Il la remercia encore pour ce qu’elle avait fait et elle émit
     le vœu qu’il entre à son service. Mais il lui répondit qu’il était à son fils, et que seul le roi pourrait lui demander de
     quitter sa maison. Elle n’insista pas.
    Son père aussi était fort mal. La gravelle ne le quittait plus et ses traits tirés montraient sa souffrance malgré les graines
     de pavot qu’il prenait continuellement. Ils s’étreignirent pourtant avec affection. Le cardinal prit des nouvelles de ses
     petits-enfants et ne parla ni de Guise ni de la Ligue. Nicolas ne lui dit rien du roi.
    Le 14 août, le duc de Guise fut nommé grand maître 1 de la cour et lieutenant général du royaume pour les armées et entreprises de guerre, mais il ne sembla guère satisfait de
     ces honneurs. Le roi paraissait si étrange, si lunatique qu’il s’en inquiétait chaque jour un peu plus. Le lendemain de ces
     nominations, Henri III s’enferma une partie de la journée avec ses conseillers et reçut plusieurs messagers. Guise retrouva
     pourtant confiance le surlendemain avec l’arrivée de l’ambassadeur Mendoza qui venait annoncer à la cour la victoire de l’invincible
     armada. Les Lorrains crièrent leur

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