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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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volera…
    — Non, monsieur, il faut désormais que nous ayons confiance les uns envers les autres.
    — Confiance? Avec les hérétiques? persifla O.
    — J’y ai des amis, monsieur. J’ai rencontré Navarre et je sais quel homme il est.
    — M. Hauteville m’a déjà tenu ce discours, objecta le marquis.
    Il resta silencieux, puis posa son regard sur Dimitri, qui avait tout écouté.
    — Parlez-moi de ceux que vous avez approchés…
    — M. de Richelieu.
    O approuva de la tête.
    — M. de Rosny.
    Cette fois, le marquis écarquilla les yeux.
    — M. François Caudebec.
    — C’est impossible! Il m’a déjà volé une fois!
    — Et M. Venetianelli.
    —  Il Magnifichino?
    — Oui.
    Le marquis balança un moment de la tête.
    — Avec M. Hauteville et vous cela fait six, dont deux envers qui je n’ai que défiance!
    — Soyez assuré, monsieur qu’ils se méfient autant de vous, ironisa Poulain. Il faudra pourtant surmonter nos préventions les uns envers les autres. Ce sera nécessaire aussi pour l’avenir.
    — Un million de livres, avez-vous dit?
    O était partagé. Renflouer les caisses du roi, et s’enrichir un peu par la même occasion, était tentant. C’était aussi un moyen de damer le pion à Épernon. Mais d’un autre côté, comment avoir confiance en Caudebec ou en Rosny?
    — Si j’accepte, ainsi que Dimitri, nous ne serons que huit.
    — J’avais pensé que vous pourriez approcher M. de Cubsac.
    — En effet. Cela fera neuf.
    — Je dispose encore de deux mois pour trouver cinq ou six personnes.
    — J’irai, monsieur Poulain, mais je ne pourrai m’absenter longtemps de la cour, et je veux être associé à toutes les décisions à prendre. Si c’est vous êtes le capitaine de cette entreprise, j’exige d’être votre second, et non M. de Rosny.
    — Je la dirige avec Olivier. Je vous propose donc d’être mon lieutenant avec M. de Rosny.
    O grimaça à nouveau et resta silencieux, boudeur même.
    Comme le silence se prolongeait, Nicolas Poulain insista :
    — Monsieur le marquis, songez que c’est une occasion unique de montrer qu’il nous est possible, protestants et catholiques de bonne volonté, de nous faire confiance et de vivre ensemble. Rejetons l’intolérance, le fanatisme, la Ligue et les Lorrains! Mgr de Navarre est l’allié naturel du roi. Il sera lui-même votre roi, un jour!
    O lâcha un profond soupir.
    — Je le sais, monsieur Poulain, mais c’est difficile pour moi. Un hérétique… J’essaierai de parler à Rosny. Pour Caudebec, ce sera plus dur. Mais sachez que si l’un des huguenots tente de nous trahir, je le tuerai! dit-il d’une voix forte.
    — Personne ne trahira personne.
    Le marquis hocha la tête avant de demander :
    — En avez-vous parlé au roi?
    — Non, monsieur. Nous le ferons plus tard. J’avoue aussi que je manque parfois de confiance envers lui… Et s’il nous dénonçait à Guise? Il a déjà tant cédé!
    — Dénoncer! gronda O. Je vous interdis de douter de Sa Majesté!
    — Alors pourquoi a-t-il accepté le traité d’Union? répliqua sèchement Poulain.
    — Je pourrais vous répéter ce que tout le monde dit, que tant que la flotte espagnole sera menaçante, le roi n’osera s’opposer à la Ligue.
    — Et ce n’est pas la raison?
    — Non! Je vais vous confier à mon tour un secret, monsieur Poulain. Par votre rang, vous pouvez le connaître, et le roi m’y a autorisé tant il tient à conserver votre amitié et votre fidélité. Sa Majesté fera désormais tout ce que souhaite la Ligue. Notre roi déploiera ses largesses et ses faveurs sur leurs chefs, non qu’il les en juge dignes mais à dessein…
    — À dessein? reprit Poulain, la gorge nouée, car il s’inquiétait de ce que le seigneur d’O allait lui confier.
    — Sa Majesté a résolu de se défaire de Guise, comme il avait vu son frère se défaire du grand Coligny, et toutes ses démarches ne tendent qu’à l’endormir dans une trompeuse confiance, lâcha le marquis.
    Un oppressant silence s’installa. La Ligue venait de tenter de tuer le roi, et celui-ci envisageait la même chose à l’égard
     du duc de Guise. S’il y avait assassinat, la haine entre les deux partis ne s’éteindrait pas. Poulain était croyant. Profondément croyant, et un tel crime, même décidé par un roi, vaudrait peut-être l’excommunication à son auteur.
    — Quand cela aura-t-il lieu? demanda-t-il enfin d’une voix

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