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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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serviteurs dans la chambre connaissaient déjà la nouvelle bien que Guise ne fût mort que depuis un quart
     d’heure, mais Catherine de Médicis voulait une confirmation de la bouche même de son fils.
    — Vous avez fait mourir le duc de Guise? murmura-t-elle.
    Nicolas Poulain eut l’impression qu’elle paraissait soulagée.
    — Oui, madame, je l’ai fait tuer. Vous savez que j’avais les preuves qu’il agissait contre moi. Ses perfidies ne pouvaient durer, ou j’y aurais laissé la vie.
    — Et sa famille?
    — Je ne leur veux aucun mal, pas plus qu’à leurs biens, mais je veux être roi, et non prisonnier et esclave comme je l’ai été depuis le 13 mai.
    — Dieu veuille que cette mort ne vous rende pas roi de rien…
    Elle resta silencieuse un instant tandis qu’il s’inclinait près d’elle.
    — C’est bien coupé, mon fils, ajouta-t-elle, mais il faut coudre. Avez-vous pris toutes vos mesures 3 ?
    — J’ai eu trois ans pour y penser, ma mère, répondit le roi en se retirant, ne voulant pas plus écouter de conseils.
    Elle se releva alors de son lit et lui lança, tandis qu’il était déjà à l’escalier :
    — Réconciliez-vous avec le roi de Navarre, mon fils!
    Comme Nicolas Poulain restait près d’elle, elle lui demanda :
    — Monsieur Poulain, vous y étiez?
    — Non, madame, je suis seulement descendu de ma chambre quand j’ai entendu du bruit, mais j’ai assisté à la mort du duc de Guise.
    — Il avait mérité son sort, mais je le regretterai, c’était un homme beau et brave, fit-elle. Qu’est-il advenu à son frère le cardinal?
    — Je l’ignore, madame.
    — Allez vous renseigner et revenez me dire.
    Il s’apprêtait à partir quand elle le rappela :
    — Attendez… que savez-vous sur votre père?
    — Rien, madame, mais j’ai cru comprendre que M. de Larchant était parti l’arrêter.
    — Mon fils n’a pas un tempérament rancunier, mais ses amis le pousseront à faire disparaître tous ceux de la Ligue. Ce sera comme à Amboise 4 . Ne les laissez pas recommencer.
    — Ne craignez rien, madame, je saurai m’occuper de mon père.

    Moins d’une heure après, ayant écouté les premiers rapports qu’on lui avait faits, Henri III se rendit à la chapelle pour
     entendre la messe. Il y rencontra le cardinal François Morosini, le légat du pape qui venait d’apprendrela mort de Guise. Le roi resta longtemps en sa compagnie devant l’église, à l’abri sous le porche, déclarant avoir les preuves
     que Guise et son frère voulaient l’enfermer dans un couvent, qu’ils soulevaient le peuple et les États contre son autorité,
     qu’il y avait eu plusieurs crimes de lèse-majesté qui tous méritaient la mort, mais qu’il avait été dans l’impossibilité de
     trouver des juges assez puissants pour cela. Le jugement avait donc été prononcé en secret, et exécuté par ses gens, comme
     le roi de France en avait le droit.
    Le légat parut entrer dans ses raisons et l’assura que le pape y entrerait aussi pourvu qu’il prouvât sa sincérité en continuant
     à protéger l’Église catholique et à extirper l’hérésie.

    Richelieu devait arrêter les principaux gentilshommes de Guise mais beaucoup s’étaient déjà sauvés, car la nouvelle de la
     mort du duc s’était répandue comme une traînée de poudre. Brissac et Boisdauphin furent pourtant pris alors qu’ils s’apprêtaient
     à quitter la ville. Ils furent transférés au château, tandis que le Grand prévôt se rendait à l’hôtel de ville où les députés
     du tiers état étaient réunis. Eux aussi venaient d’apprendre la nouvelle quand Richelieu entra, ayant placé ses hommes à toutes
     les issues.
    Devant les bourgeois terrorisés, il déclara d’une voix forte :
    — Messieurs, le duc de Guise a payé ses trahisons. Je viens ici de la part du roi vous dire qu’il veut que vous continuiez vos charges mais commande à M. le prévôt des marchands et à M. de Nully de le venir trouver.
    Il s’adressa à eux sèchement :
    — Suivez-moi, car on lui a fait entendre que vous étiez dans la conspiration.
    Sans qu’ils puissent s’y opposer, les deux hommes furent chargés de chaînes devant leurs collègues terrorisés. Personne ne broncha, mais après le départ du prévôt, un grand nombre de députés quittèrent la ville.

    Quand Nicolas Poulain revint dans la salle du conseil, le roi n’y était plus, étant enfermé dans son cabinet avec M.

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