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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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racontée. Ce prévôt qui achetait des armes, ne l’avait-on pas accusé de félonie?
    Torturé par ses doutes, il se rendit le lendemain chez le père Boucher, recteur de la Sorbonne.
    — Un chaudronnier, dites-vous? Et vous croyez qu’il pourrait s’agir de Nicolas Poulain? demanda Boucher avec incrédulité.
    — Je ne suis pas sûr, mon père, balbutia Lamarche, confus.
    Poulain à Paris? Serait-ce possible? s’interrogeait Boucher.
    — Était-il seul?
    — Oui, à pied, il portait des casseroles et des écumoires, comme tous les chaudronniers.
    — C’est impossible! décida le recteur de la Sorbonne en haussant les épaules.
    Poulain avait été reconnu comme fils du cardinal de Bourbon. Un homme de sang royal ne pouvait être devenu chaudronnier!
    — Qui d’autre est entré avant et après lui? demanda-t-il pourtant.
    — Avant? Des gentilshommes, une famille…
    — Tous avec des passeports?
    — Non, mais je les connaissais.
    — Ce chaudronnier, avait-il un passeport?
    — Non, mais c’était un habitant de Paris. Enfin il m’a convaincu…
    — Et derrière lui?
    Le principal du collège réfléchit un moment avant de dire :
    — Il n’y avait plus grand monde, les portes allaient fermer. Quelques habitants du quartier… Ah, oui, il y a eu un marchand de pierres à fusil.
    — Que vous connaissiez?
    — Non, mais il m’a dit habiter rue des Lions, il a nommé le dizainier.
    — Quel âge avait cet homme? Décrivez-le-moi!
    Le principal était assez observateur et fit du colporteur un signalement si précis tant de sa taille, de sa corpulence, de
     la forme de son visage, de son nez et de la couleur de ses yeux que Boucher reconnut son ancien élève.
    — Hauteville! murmura-t-il. Ce sont eux!
    Deux heures plus tard, il se rendait à la Bastille où le gouverneur, Jean Le Clerc, le reçut aussitôt.
    Le Clerc écouta d’abord l’exposé de Boucher, avec perplexité. Puis le doute s’effaça. Après tout, Hauteville était déjà venu
     à Paris déguisé. S’il était de retour – Dieu sait pourquoi – il n’était pas invraisemblable que son ami Poulain l’ait accompagné. Et si Poulain était en ville, il ne lui échapperait pas une seconde fois. Il ferait faire un portrait
     et une description qu’il communiquerait aux dizeniers et à toutes les portes. Il avait donné son amitié et sa confiance à
     ce félon. Il veillerait à ce qu’il finisse comme Saint-Malin.
    — Il faut prévenir la duchesse de Montpensier. Elle a promis une récompense de cent écus pour Hauteville, dit le curé Boucher en voyant l’ancien procureur qui restait silencieux, comme déconcerté par la nouvelle.
    Le Clerc sortit de ses réflexions.
    — Faites-le! Mais Poulain sera pour moi, décida-t-il. Dites-le à la duchesse… Ou plutôt non, je vous accompagne et le lui dirai moi-même.
    À l’hôtel de Montmorency, la duchesse fut autant surprise qu’eux en apprenant la présence de Hauteville à Paris. Que venait-il faire? Surtout avec Nicolas Poulain… Elle frissonna à l’explication qui lui vint naturellement à l’esprit : Hauteville avait appris ce qu’elle voulait de Clément et était venu pour s’y opposer. Mais comment savait-il? Une fois de plus, elle pensa à une cause surnaturelle. Cet homme était-il vraiment un sorcier? Le Malin était-il vraiment du côté des huguenots? Elle avait tant dit et répété que Navarre et le Valois étaient des antéchrists, qu’Épernon était un démon qu’elle finissait par y croire. Et si c’était vrai? Elle se signa et récita mentalement un rapide Ave Maria.
    Quand elle se sentit calmée, elle remarqua que Le Clerc et Boucher la considéraient avec inquiétude. Elle songea alors qu’il
     pouvait y avoir une explication plus évidente à la présence de Hauteville et de Poulain : une nouvelle trahison. Pourtant
     ils n’étaient que quelques-uns à être dans le secret. Il fallait donc capturer ces deux-là et les faire parler. S’il s’avérait
     qu’ils avaient signé un pacte avec le Diable, ils seraient brûlés, sinon ils dénonceraient leur complice.
    — Vous devez les trouver, dit-elle à Le Clerc.
    — Je mettrai tous les moyens de la Ligue, madame. Nous savons qu’ils se cachent sous les déguisements de chaudronnier et de marchand de pierres à fusil. Tous ces colporteurs seront conduits à la Bastille où je les interrogerai personnellement.
    Elle resta pensive un instant avant d’approuver, mais

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