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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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l’abbé de Saint-Pierre de Chartres qu’il était les avait fait battre et violenter. Ayant assouvi leur brutalité, ses gentilshommes
     avaient ensuite volé les ciboires et les calices, sauf ceux de cuivre ou d’étain qui étaient sans valeur.
    Pendant ce temps, on avait amené au chevalier une fille de douze ans, héritière de la meilleure maison de Tours, qu’il avait
     violée dans un grenier avec un poignard sous la gorge 5 .
    1   François de Coligny, fils de l’amiral, son fils Gaspard sera maréchal de France de Louis XIII.
    2   Châtillon était le fils de l’amiral de Coligny, tué durant la Saint-Barthélemy.
    3   Départ des troupes.
    4   Authentique.
    5   Tout ceci a été rapporté par des témoins de ces crimes.

35.
    Lundi 15 mai
    Sur une longue perche, le chaudronnier portait marmites à anse, casseroles et écumoires. Il posa le petit réchaud qui lui
     servait à réparer les cuivres, se passa une main sale sur le visage, ce qui eut pour effet de le noircir davantage, et resta
     un moment à regarder le corps nu, torturé et émasculé, pendu par les pieds et cloué sur des planches devant la porte Saint-Michel.
     Aux extrémités des bras du cadavre, des mouches bourdonnantes couvraient entièrement des plaies séchées. Le cou se terminait
     de la même façon. Ce corps n’avait plus ni main ni tête. La pancarte disait :
    Saint-Malin qui a donné le premier coup de poignard au feu duc de Guise. Sa tête et ses poings sont portés à Montfaucon pour
     punition exemplaire de cette damnable exécution.
    Par arrêt du Grand prévôt de Mgr le duc de Mayenne, Lieutenant général de l’État royal et Couronne de France.
    Le chaudronnier récita mentalement une patenôtre pour le jeune homme qui avait payé cher sa fidélité au roi.
    — Il a payé comme les autres payeront! clama le bourgeois de la milice en s’approchant du chaudronnier.
    C’était un homme bedonnant, en robe longue sur laquelle il avait attaché par des lanières un corselet de fer trop petit pour
     son torse. La tête raide sous son morion, il portait fièrement une lourde épée rouillée.
    — C’est justice! lâcha le chaudronnier, un grand gaillard qui approchait de la quarantaine dont les marteaux et la bigorne dépassaient des poches de son tablier de cuir.
    — Je t’ai pas déjà vu, toi? s’enquit le bourgeois avec suspicion.
    — Sûrement, monsieur, je passe d’habitude par la porte Saint-Jacques mais j’ai dû aller à Meudon voir ma sœur. Je rentre plus vite chez moi en passant par cette porte.
    Il se signa.
    — On enterrait notre père, poursuivit-il avec tristesse.
    L’autre se signa aussi et le laissa passer.
    Nicolas Poulain reprit son réchaud, salua le bourgeois et franchit la porte fortifiée sans qu’on ne lui demande rien d’autre.
    Sur la placette, de l’autre côté des courtines, il porta un sifflet sa bouche et souffla une suite de trilles avant de lancer
     le cri des chaudronniers :
    —  Chaudronnier argent des réchauds!
    Le bourgeois en cuirasse le suivit des yeux un instant. Sans se presser, ignorant la rue de la Harpe encore bien encombrée
     à cette heure, et où il aurait pourtant trouvé une clientèle, le chaudronnier se dirigea vers le cabaret du Riche Laboureur
     adossé contre l’enceinte, à mi-chemin entre la porte Saint-Germain et la porte Saint-Michel. Là, il s’arrêta devant un cavalier
     en pourpoint de velours noir avec un bonnet sans plume et des bottes qui lui montait à mi-cuisse. Son visage fin et avenant,
     à l’élégante barbe en pointe et la fine moustache, trahissait le séducteur tandis que l’épée à large lame et poignée entrelacée,
     serrée à sa taille, révélait peut-être le spadassino italien. C’était Venetianelli, Il Magnifichino en personne. Les deux hommes entamèrent une conversation en surveillant la porte Saint-Michel.
    Un peu plus tard, alors qu’elle allait fermer, ce fut un colporteur de pierres à fusil qui arriva en traînant les pieds, portant
     sur une épaule la boîte contenant son matériel et sur l’autre une sacoche de toile.
    —  Bons fusils, qui veut acheter?
    Et bon trébuchets, je les vends ,
    Je viens en ce quartier souvent , chantonnait-il d’une voix fatiguée.
    — On t’a jamais vu pourtant! plaisanta le bourgeois de garde. Qu’as-tu dans ta boîte?
    — Regardez vous-même, monseigneur, proposa le marchand en la posant au sol.
    Il l’ouvrit.
    — Des fusils d’acier, des

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