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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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de réagir très vite. Il avait autour delui vingt-cinq gentilshommes à qui il demanda de l’accompagner et ils arrivèrent à Saint-Cloud moins d’une heure plus tard.
    Quand Navarre entra dans la chambre royale, Henri III lui sourit et lui tendit une main que son beau-frère baisa à genoux.
    — Voyez mon frère comme vos ennemis et les miens m’ont traité, dit doucement le roi. Il faut que vous preniez garde qu’ils ne vous en fassent autant.
    Regroupant quelques forces, il ajouta plus haut à l’attention de ses gentilshommes :
    — Je vous prie comme ami, et vous ordonne comme roi, que vous reconnaissiez après ma mort mon frère que voilà, que vous ayez la même affection et fidélité pour lui que vous avez toujours eue pour moi et que pour ma satisfaction, et votre propre devoir, vous lui portiez serment en ma présence.
    Il les força à jurer, ce que certains firent de bon cœur, et d’autres à mi-voix, et même sans voix du tout. Le roi, comprenant
     la réticence de certains à l’idée d’avoir un roi hérétique, dit alors à Henri de Navarre :
    — Mon frère, je le sens bien, c’est à vous de posséder le droit auquel j’ai travaillé pour vous conserver ce que Dieu m’a donné… La justice veut que vous succédiez après moi à ce royaume, dans lequel vous aurez beaucoup de traverses si vous ne vous résolvez à changer de religion. Je vous y exhorte autant pour le salut de vôtre âme que pour l’avantage que je vous souhaite.
    Le roi de Navarre reçut ce discours avec un très grand respect et une marque d’extrême douleur, mais comme il était d’un naturel
     empreint à la compassion, il lui répondit avec une fausse bonhomie que sa blessure n’était point si dangereuse qu’il dût songer
     à une dernière fin, et il lui promit qu’il monterait bientôt à cheval.
    Le roi sourit tristement et tenta d’élever la voix.
    — Messieurs, dit-il à ses gentilshommes, approchez-vous et écoutez mes dernières intentions sur les choses que vousdevez observer quand il plaira à Dieu de me faire partir de ce monde… Mes sujets rebelles ont voulu usurper ma couronne au
     préjudice du vrai héritier… Et vous, mon frère, que Dieu vous assiste de sa divine providence. Je vous prie de gouverner cet
     État et tous ces peuples qui sont sujets à votre légitime héritage et succession.
    Ces paroles achevées, le roi de Navarre ne répondit que par des larmes et des marques d’un grand respect. Toute la noblesse
     fondit aussi en larmes. Entrecoupant leurs paroles de soupirs et de sanglots, la plupart jurèrent à Henri de Bourbon fidélité
     et assurèrent au roi qu’ils obéiraient à ses commandements. Henri III fit alors signe à Nicolas Poulain d’approcher et le
     montrant à son beau-frère, il lui dit :
    — Mon frère, je vous laisse ma couronne et mon cousin, le baron de Dunois; je vous prie d’en avoir soin et de l’aimer. C’est un serviteur fidèle sur qui vous pourrez vous appuyer.
    Il parut alors perdre connaissance et son chirurgien demanda à ce qu’on le laisse se reposer.
    Plus tard dans la journée, malgré sa souffrance, il reçut tous ses proches et ses amis. Navarre était reparti donner des ordres
     à ses troupes.
    Henri III agonisa toute la nuit et mourut le mercredi 2 août deux heures après minuit en disant : « Adieu mes amis, ne pleurez
     pas ma mort. » Puis il pardonna à ses ennemis.
    Nicolas Poulain qui avait assisté aux derniers instants prévint M. de Rosny qui avait pris un logement près du château. Ils
     partirent chercher le roi de Navarre qui arriva avant l’aube dans un état d’extrême agitation, accompagné de trente gentilshommes.
     Ce fut Olivier Hauteville qui l’accueillit par ces mots :
    — Le roi est mort. Sire, vous êtes présentement notre roi et notre maître.
    Quand Navarre entra dans la chambre royale, deux minimes se tenaient aux pieds du roi avec des cierges. Les gentilshommes
     sanglotaient, menaçaient la Ligue, certainspiétinaient leur chapeau. Henri vit très vite un groupe à l’écart avec O et son frère qui le regardaient d’un air sombre.
    Henri se recueillit un moment près du corps du dernier Valois, puis il rassembla ceux qui le voulaient dans la chambre d’à
     côté pour un conseil. Olivier et Nicolas en furent, ainsi que Rosny, le maréchal d’Aumont, le maréchal de Biron – son vieil
     adversaire – et le jeune Bellegarde. Ils furent rejoints au bout de quelques

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