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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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nous serait bien utile dans ces circonstances, remarqua Nicolas. Par son expérience, sa finesse et son habileté, il serait certainement parvenu à convaincre le marquis et ses amis.
    — Il est, hélas, à Bordeaux où le maréchal de Matignon a bien besoin de lui aussi pour maintenir l’autorité royale.
    C’est alors qu’un valet annonça l’arrivée de trois visiteurs. Rosny se leva pour les recevoir. C’était le marquis d’O accompagné
     de Dimitri et du colonel Alphonse d’Ornano, qui venait d’arriver à Saint-Cloud. D’une extrême élégance, en pourpoint de satin
     noir avec une fraise immaculée, François d’O affichait l’arrogance de celui qui se sait indispensable. Pourtant Olivier remarqua
     combien son regard révélait sa fatigue et ses doutes.
    Après un échange de politesse, et un service de boissons et de fruits confits, Rosny interrogea ses visiteurs qui gardaient
     un visage distant.
    — Pour tout vous dire, marquis, annonça aussitôt le marquis d’O, je suis venu vous voir par courtoisie, mais jene crois pas pouvoir, en conscience, accorder ma fidélité à Navarre.
    — Le feu roi vous l’a pourtant demandée, et vous avez promis, intervint Olivier avec fougue. Ne pas choisir le roi de Navarre, c’est donner raison à la Ligue!
    — J’ai promis, c’est vrai, monsieur de Fleur-de-Lis, mais uniquement s’il y avait conversion. J’ai encore rencontré Navarre tout à l’heure, et il a été aussi fuyant que d’habitude. Je dois dire que j’ai longtemps hésité mais ma décision est prise. Pourtant, soyez rassuré, je ne rejoindrai pas la Ligue, je me retirerai seulement sur mes terres.
    On entendit alors des éclats de voix, une bousculade, puis la porte s’ouvrit brusquement.
    — Monsieur le baron, protesta le domestique, je leur ai dit que vous ne receviez personne…
    Le valet fut poussé avec brutalité et Caudebec pénétra, suivi de Cassandre de Saint-Paul et de Marguerite Poulain.
    Ébahis, n’en croyant pas leurs yeux, Olivier et Nicolas se dressèrent d’un bond, et immédiatement, les deux femmes furent
     dans leurs bras.
    — Comment? Comment êtes-vous là? demanda finalement Olivier après force embrassades, durant lesquelles il avait ressenti combien sa femme était grosse.
    — Je vais vous raconter, monsieur mon époux, mais laissez-moi au moins saluer vos amis! dit-elle en riant tant le bonheur la submergeait.
    Rosny l’embrassa à son tour, car il se considérait comme un vieil ami, tandis que le marquis d’O lui baisait élégamment la
     main, tout comme le colonel de la garde corse. Cubsac et Venetianelli se contentèrent de révérences.
    En même temps, Caudebec avait chaleureusement étreint ses amis Cubsac et Dimitri, alors que Marguerite, intimidée, faisait
     de grands sourires à chacun.
    Finalement, les embrassades et les brassées terminées, Cassandre, joues roses et ravie, leur raconta pourquoi elleétait là, tout en tenant les mains de son époux et en s’adressant essentiellement à lui.
    — J’ai rejoint mon père à Saumur, peu après votre départ de Tours. Il venait d’en être nommé gouverneur (à ces mots Rosny se rembrunit, puisqu’il était toujours persuadé qu’il aurait ce gouvernorat) et souhaitait que Charlotte et ses enfants le rejoignent. J’étais bien sûr folle de bonheur à sa proposition, car de Saumur à Tours, la distance n’est pas grande et je pensais te revoir rapidement. Mais arrivée là-bas, j’appris ton départ, ainsi que celui de Nicolas. Je restai donc à Saumur jusqu’à ce que M. de Mornay soit appelé à Tours. Comme il s’y rendait en barque, je lui demandai de pouvoir l’accompagner, ce qui me permettrait de revoir Marguerite.
    » Votre épouse proposa de me loger chez vous, Nicolas, ce que j’acceptai volontiers, car avec l’installation du parlement,
     la ville est pleine comme un œuf. Avec impatience, nous attendions chaque jour votre retour, et j’étais de plus en plus inquiète
     de n’avoir aucune nouvelle, surtout en apprenant ce qui se passait dans Paris.
    Elle poursuivit en s’adressant à son mari.
    — C’est alors que M. de Mornay tomba malade d’une fièvre tierce très violente qui dura plusieurs dizaines de jours. En même temps, on apprenait les victoires de l’armée royale et son avancée rapide vers Paris. Lorsqu’un conseiller du palais m’affirma que les rois étaient sur le point d’entrer dans la capitale, je décidai de te rejoindre.

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