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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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par les Suisses et les gardes du corps, mais le feu qui couve va tout faire sauter.
    Caudebec eut l’air sceptique, ce qui n’échappa pas à leur hôte.
    — Je vais tenter de vous expliquer, soupira l’Italien. Ce que l’on appelle Madame la Ligue n’est que l’assemblage de factions aux desseins fort différents : il y a les prédicateurs,qui soutiennent l’Espagne et exigent l’Inquisition. Nous autres pauvres comédiens avons tout à perdre avec eux, il suffit d’aller écouter leurs sermons pour comprendre ce qui nous attend! Ensuite, il y a la sainte union, cette confrérie de petits bourgeois, procureurs, artisans ou marchands qui voudraient surtout payer moins d’impôt. Beaucoup sont des hommes de bon naturel, attachés à la religion catholique, mais ils craignent tellement pour leur âme qu’ils obéissent aux prédicateurs. Enfin il y a les Lorrains qui veulent Henri de Guise comme maître du royaume afin d’augmenter leurs richesses et leurs avantages. Pour l’instant, ces trois-là sont unis pour attiser le peuple contre le roi, qui, je dois le reconnaître, a tout fait pour s’aliéner l’amour des Parisiens. Depuis trois ans, la sainte union a cherché à utiliser le duc de Guise pour chasser le roi, mais l’homme est méfiant. Maintenant, on dit qu’il a suffisamment de troupes et de fidèles en ville et qu’il est prêt à prendre la tête de l’insurrection. Henri III ne pourra résister à cent mille Parisiens encadrés par les officiers guisards. Si vous êtes encore là, vous vous trouverez au cœur de l’émeute.
    Il posa son regard sur Olivier.
    — Monsieur Hauteville, vous êtes Parisien. Vous le savez, cette ville n’a jamais aimé Henri III, mais désormais l’animosité de la population envers lui confine à la haine.
    — Vous n’êtes pas trop pessimiste? lui reprocha Cassandre après un lourd silence.
    — Non, madame, je suis lucide, et j’avoue ma détresse devant mon impuissance à ne pas vous convaincre.
    — Admettons qu’il y ait émeute… que se passera-t-il après, selon vous? lança Caudebec sur un ton de défi.
    — Les ligueurs veulent tuer ou emprisonner votre roi. Ensuite, ils se déchireront et les plus féroces l’emporteront. Vous avez tout à craindre des vainqueurs.
    Le silence retomba. Olivier reconnaissait que l’Italien avait bien perçu la situation dans la capitale. Par une terrible ironie
     du sort, ils se trouvaient dans cette tour queJean sans Peur avait fait construire pour afficher la puissance des Bourguignons qui s’appuyaient sur la populace parisienne
     et les prédicateurs. C’est dans cette tour que Jean sans Peur avait reçu les écorcheurs de la Grande boucherie et leur chef,
     Simon le Coutelier, le terrible Caboche, pour recevoir son allégeance. C’est ici qu’avait été organisée la milice populaire
     qui perquisitionnait et qui arrêtait les suspects avant de les exécuter à la hache ou de les jeter en Seine dans un sac 2 .
    Olivier prenait conscience de l’absurdité de la proposition qu’il avait faite à Henri de Navarre. Ils étaient trois, sans
     logis, et recherchaient des gens qu’ils ne connaissaient pas au milieu d’une population hostile. Il s’apprêtait à annoncer
     sa décision d’abandonner quand l’Italien intervint :
    — Je me demande…, dit-il en se grattant la barbe. Pourquoi ne vous installeriez-vous pas ici?
    — Vous n’avez pas de place, répondit Olivier pris de court, en haussant les épaules.
    — Mario et sa femme occupent la pièce du dessus, expliqua le comédien en se levant, mais il reste encore un grand grenier. Ils pourraient s’y installer et vous prendriez leur chambre. Quand à M. Caudebec, il pourrait loger dans la cuisine. Vous serez ici comme rats en paille, aussi bien que dans une auberge, mieux peut-être, car il y a une cheminée et même des latrines. Et la petite sœur de Serafina pourrait servir de femme de chambre à Mme de Mornay.
    — Je m’appelle maintenant Mme de Saint-Pol, sourit Cassandre, en lançant un regard interrogatif à Olivier. Il y a un instant, vous vouliez qu’on parte… poursuivit-elle.
    — Comme je ne parviendrai sans doute pas à vous faire changer d’avis, autant que vous soyez ici où je pourrai vous aider, et où vous serez en sécurité.
    Olivier réfléchit un instant tant la proposition était tentante, il objecta toutefois :
    — Vous aurez des ennuis avec le guet, objecta-t-il.
    — Vous avez vu les

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