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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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ruines? Elles servent de refuges pour les va-nu-pieds, les mendiants et les truands. Le guet ne s’y aventure pas.
    — Et le cinquantenier?
    — Je le connais, si par hasard il passait par ici, je dirais que vous êtes des comédiens.
    — Nous? fit Cassandre d’un air réjoui.
    — Oui, vous. Je vous apprendrai à jongler, madame.
    — Pourquoi pas? Je sais déjà assez bien jongler et je brûle de me perfectionner. Nous jouerions la comédie avec vous?
    Venetianelli éclata de rire.
    — Vous n’y pensez pas! Mario, le père de Serafina, est un chef de troupe exigeant, il n’acceptera jamais que vous participiez à ses spectacles! Le public s’apercevrait immédiatement que vous n’êtes pas comédiens et la réputation de sa compagnie serait ruinée. J’avais une autre idée en tête. M. Hauteville connaît la confrérie des sots et des enfants sans souci (Olivier hocha du chef). C’est une très vieille société de clercs, d’écoliers et de compagnons qui joue des soties aux Halles, et quelquefois à l’hôtel de Bourgogne, précisa-t-il à l’attention des deux autres. Je connais bien Nicolas Joubert, le régisseur, qui se proclame le prince des Sots. Pourquoi ne pas lui demander de vous prendre dans la Confrérie? C’est la Passion, la semaine prochaine. Tous les après-midi, sa troupe défilera avec des étendards au son des tambours pour aller chanter à la porte des églises et quêter des œufs peints. Beaucoup seront déguisés et grimés. Ce serait un bon moyen de vous mêler aux gens d’ici sans que l’on vous remarque. Personne ne s’intéresse aux enfants sans souci!
    — Cet homme sera surpris de votre demande, objecta Cassandre.
    Venetianelli balança de la tête.
    — Vous ne le connaissez pas, Joubert est un homme étrange : dans la journée, il est secrétaire d’une veuve qui vit de ses rentes. Vous le verrez en noir comme un honnête clerc. Le soir, il est prince des Sots et court les rues habillé moitié en jaune et moitié en vert avec un chapeau garni de grelots. Il se proclame chef de la sottise et assure que son cerveau est démonté et n’a plus ni ressort ni roue entière!
    Cette description fit rire Caudebec, mais pas Olivier.
    — J’en avais entendu parler quand je vivais à Paris. Pensez-vous sérieusement confier notre salut à un fou? demanda-t-il, dubitatif.
    — L’homme n’est pas fou, il cherche seulement à le faire croire. Joubert et ses amis ne poursuivent en réalité qu’une seule ambition : celle de devenir comédiens. Le théâtre est toute leur vie et ils brûlent d’être reconnus par les Confrères de la Passion pour jouer régulièrement à l’hôtel de Bourgogne. Nicolas Joubert sait que je peux l’aider. Si je lui dis que vous êtes des cousins d’Italie, il acceptera de vous accueillir.
    — Admettons, mais s’il découvre que nous ne venons pas d’Italie…
    — Il le découvrira, soyez-en sûr! sourit Venetianelli. Mais voyez-vous, Joubert a un secret que j’ai percé après de longues conversations avec lui.
    Comme Venetianelli se taisait pour ménager son effet, Cassandre se plia à son jeu.
    — Lequel? demanda-t-elle.
    — Il aime Henri de Navarre.
    Un silence de surprise s’installa. Henri de Navarre n’avait guère de partisans à Paris. En connaître un serait un avantage.
    — Soit! Nous deviendrons donc des fous et des enfants sans souci, plaisanta Caudebec. Mais si nous sortons en gentilshommes portant épée, on s’étonnera…
    — Ne croyez pas ça! Personne ne fera le rapport entre des comédiens et des gentilshommes. Le cabaret des Pauvres-Diables, juste à côté de la tour, reçoit des gens de qualité qui viennent s’encanailler, et si on vous voit entrer dans la tour, on croira que vous venez pour les comédiennes. Il est bien connu qu’elles ont la cuisse légère! ironisa Venetianelli sans que Cassandre ne puisse déceler s’il était sérieux ou s’il plaisantait.
    — Et pour les chevaux? demanda encore Caudebec. Il faudra les nourrir et les soigner.
    — Un crocheteur vient une fois par semaine porter du fourrage à notre âne. Il viendra plus souvent. Je peux aussi demander à un gamin de venir brosser vos chevaux.
    — Non, pour cela, je veux bien m’en occuper, décida Caudebec. Ce sera plus prudent…
    — C’est donc décidé, fit Olivier après avoir hoché la tête en direction de Caudebec et de son épouse, mais nous paierons notre loyer, le bois de chauffage et les

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