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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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de livres. Ils devinent que j’ai d’autres… occupations. Mais ils sont ma famille. Nous nous faisons confiance. Ils ne vous demanderont rien et seront muets comme des tombes.
    — Il ne nous reste donc plus qu’à aller les voir, dit Olivier en se levant.

    Venetianelli habillé, ils descendirent jusqu’à la chambre du mari de Chiara qui se dénommait Sergio. Celui-ci s’apprêtait
     à rejoindre le reste de la Compagnia Comica quand Il Magnifichino le présenta à ses amis, sans les nommer pour autant. Il expliqua ensuite qu’ils devraient loger très discrètement dans la
     tour durant quelques semaines et qu’il leur avait proposé la chambre de Mario.
    Le mari de Chiara était un petit homme grassouillet dont la rondeur cachait une étonnante souplesse. Habitué au rôle du valet
     dans les comédies, c’était aussi un adroit funambule et quelqu’un de très drôle sur scène, capable des cabrioles les plus
     extravagantes. Sergio ne parut pas surpris par la demande de Lorenzino et il promit d’aller lui-même tout expliquer au père
     de Serafina.
    Comme la pluie avait cessé, ils partirent à pied pour la rue des Ours, laissant montures et bagages à l’abri. Par un sentier
     de pierres, Venetianelli les conduisit jusqu’à la rue Mauconseil, mais là ils ne purent échapper au crottin et à la boue.
     Par chance, Venetianelli aperçut un âne bâté de deux gros paniers d’osier et proposa à l’ânier un sol pour que Cassandre puisse
     monter sur le dos de la bête. C’est en cet équipage qu’ils arrivèrent à la Croix-Blanche, la rôtisserie réputée pour ses oies
     rôties.
    La rue aux Ours était une sombre ruelle au sol couvert d’une épaisse couche de boue et de purin. Enserrée entre deux files
     de maisons à pignon en torchis et pans de bois dont les plus hauts étages en encorbellement se touchaient presque, elle restait
     obscure en toute saison. Pourtant, elle n’était pas sinistre, car les couleurs vives des colombages et des volets de bois,
     ainsi que la bouillonnante activité qui y régnait à toute heure du jour, la rendait aussi vivante qu’une foire.
    Ayant laissé son épouse et ses amis à la rôtisserie, Olivier poursuivit son chemin jusqu’au pilori de la rue Saint-Martin. Un homme, les mains et le col serrés entre deux lourdes planches, grelottait sous la pluie glaciale, la bouche ouverte
     et la langue pendante. Olivier jeta un regard rapide sur la pancarte accrochée au-dessus de sa tête. C’était un blasphémateur
     condamné à trois jours d’exposition pour avoir juré contre le Seigneur. Ce devait être la première fois qu’il était condamné,
     car à la seconde il aurait eu la langue tranchée ou percée au fer rouge. Le prisonnier regarda Olivier avec reconnaissance,
     soulagé qu’il ne lui ait pas craché dessus ou envoyé une pierre, mais déjà Olivier descendait la rue Saint-Martin. Par précaution,
     il avait relevé le col de son manteau pour qu’on ne voie pas son visage, mais avec sa barbe en fer à cheval comme la portait
     Navarre, son habit de gentilhomme et son épée au côté, il ne ressemblait en rien à Olivier Hauteville, clerc à la Sorbonne,
     que les habitants du quartier avaient connu.
    Enfin, il aperçut l’enseigne où une femme en hennin et robe bleue tendait une boîte à dragées de la même couleur. Le panneau
     du Drageoir Bleu se balançait doucement sous la brise. Olivier s’arrêta un instant tant l’émotion l’étreignait.
    Trois ans plus tôt, il était emprisonné dans un cachot du Grand-Châtelet, les pieds serrés dans un carcan et sûr d’être pendu,
     les mains coupées, pour un crime qu’il n’avait pas commis – l’assassinat de son père. Son commis, Jacques Le Bègue, était
     venu au Drageoir Bleu solliciter l’aide de Nicolas Poulain, lieutenant du prévôt d’Île-de-France.
    Non seulement Nicolas l’avait sauvé d’une mort horrible, mais il l’avait aidé à retrouver l’assassin de son père. C’est lui
     aussi qui lui avait conseillé d’apprendre à se battre à l’épée en salle d’arme, et proposé de l’accompagner à Chenonceaux,
     avec la cour de Catherine de Médicis. De plus, il avait permis la libération de Cassandre. Il lui devait tout : sa vie, son
     bonheur, et son état de chevalier.
    En vérité, Poulain était plus qu’un frère : c’était son ami.
    Arrivé devant la boutique, Olivier reconnut la femme de Nicolas dans l’échoppe de ses

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