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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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interrogea un sergent d’armes.
    — Monseigneur, je suis commis du trésorier de Mgr Bernardino de Mendoza, expliqua-t-il gauchement, avec un effroyable accent castillan, langue qu’il parlait comme beaucoup de Gascons. Mon maître cherche à savoir si Mgr Juan Moreo est au Temple.
    En parlant, Caudebec avait gardé le dos voûté et la tête inclinée, une main sur sa barbe, comme pour insister sur sa déférence.
    — Il vient de passer dans sa litière. C’est même étonnant que tu ne l’aies pas vu, bonhomme! répliqua le sergent avec arrogance.
    — Je vais l’annoncer à mon maître, monseigneur.
    En parlant ainsi, Caudebec reculait, laissant le colporteur et son âne prendre sa place, mais déjà le garde l’avait oublié.
    Il revint rapidement à la rue Mauconseil.
    Devant l’hôtel de Mendoza un immense attroupement engorgeait le passage. Tambour, tambourins et fifres couvraient le vacarme
     habituel des colporteurs et des animaux. Parfois des cris d’effroi suivis d’un tonnerred’applaudissements fracassaient les oreilles. Caudebec s’approcha, intrigué, un peu inquiet. En levant les yeux, il aperçut
     un danseur de corde en habit d’arlequin qui, sur un câble tendu en travers de la rue entre l’hôtellerie et la maison d’en
     face, faisait des sauts périlleux à deux toises au-dessus du pavé. Jouant des coudes, il parvint au premier rang et reconnut
     Sergio dans le funambule. Le comédien titubait comme un homme saoul, manquant à tout instant de tomber – ce qui entraînait
     les cris de terreur de l’assistance – mais à chaque fois il reprenait son équilibre et saluait la foule après un nouveau saut
     périlleux. En bas, Venetianelli, vêtu en capitan, le menaçait de son épée de bois. À côté de lui, le père de Serafina jouait
     du fifre tandis qu’un barbu au visage enfariné battait du tambour de toutes ses forces. Autour d’eux, des femmes en vertugadin
     agitaient des tambourins dans une sarabande endiablée en chantant en chœur :
    Arlequin, c’est trop caquetté!
    Quand tu auras bien mugueté
    Jour et nuit avec ta bougresse ,
    Tu trouveras des coups de fesses ,
    Et si tu cherches Scaramouche ,
    Tu le trouveras dans sa couche!
    En examinant attentivement les comédiens, Caudebec découvrit avec stupéfaction Cassandre de Mornay parmi les femmes et Olivier Hauteville dans le barbu enfariné. Sa surprise laissa vite place à la colère. La fille du prince de Condé se prenait pour une bohémienne!
    Il resta au premier rang pendant que la parade annonçant le spectacle se poursuivait. Puis Sergio sauta de sa corde et tandis
     que le père de Serafina allait détacher la corde, le groupe de comédiens se rendit jusqu’à l’hôtel de Bourgogne en faisant
     force vacarme avec leurs instruments.
    Caudebec les suivit. Pendant que Chiara et son mari s’installaient à la caisse, devant la porte principale du théâtre, il rejoignit les autres du côté de la rue Neuve-Saint-François. Cassandre nettoyait le visage de son époux en s’esclaffant. Elle n’avait jamais tant ri de sa vie! Les autres comédiennes se changeaient pour la représentation et ne paraissaient pas gênées que Caudebec leur lance des regards salaces alors qu’elles enlevaient chemise, brassières et chausses, circulant nues comme au jour de leur naissance.
    Bien sûr, ni Cassandre ni Olivier ne participeraient au spectacle qui allait suivre aussi Caudebec s’installa-t-il avec eux
     près du grand lit et leur raconta ce qu’il avait découvert.
    — Ce Moreo est donc bien à Paris, fit Olivier en hochant la tête. Il faut maintenant savoir ce qu’il y fait…
    — Il est désormais inutile que je reste devant l’hôtel de Mendoza, décida Caudebec.
    — Sans doute. Il faudrait surveiller le Temple et suivre Moreo quand il en sortira, suggéra Olivier.
    — À quoi bon? lança Cassandre. Capturons-le et interrogeons-le!
    — Ce sera difficile, objecta Caudebec. Il se déplace en litière, armé, avec un laquais et quatre gardes cuirassés porteurs de mousquet, de pique et d’épée. Il nous faudrait une troupe d’une dizaine de spadassins, au moins, et pouvoir le surprendre en dehors de Paris. En plein jour c’est impossible, et rien ne dit qu’il sort la nuit.
    — Comment recruter une dizaine d’hommes sûrs dans cette ville ligueuse? demanda Olivier. Et comment organiser un guet-apens?
    Caudebec haussa les épaules, n’ayant pas de réponse.
    — Allons au

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