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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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repas nocturne dans les cheveux de son
     épouse quand Pulcinella gratta à la porte apportant un broc d’eau chaude. Aussitôt, il laissa les deux femmes et descendit
     au cabaret avaler une soupe. Il y retrouva Caudebec et Venetianelli installés dans un coin sombre devant une lanterne de fer.
    Attablé, il leur annonça que Cassandre viendrait avec eux au Temple. À la lumière de la chandelle, il vit ses compagnons grimacer.
    — Ce n’est pas la place de la fille du prince de Condé, grommela Caudebec, et si elle se fait prendre, M. de Mornay ne vous pardonnera jamais.
    — Nous serons trois pour la défendre, et il n’y a aucune raison pour qu’on soit pris, tenta-t-il de les rassurer. Pour tout vous dire, je n’ai pas le choix, c’est elle qui exige de venir…
    Un sourire ironique se dessina peu à peu sur le visage de Caudebec tandis que Venetianelli levait un sourcil étonné.
    — Il faut donc prévoir une cape de plus, précisa Olivier.
    — Ce ne sera pas nécessaire, répliqua Il Magnifichino . J’ai amélioré mon plan. Seulement vous et moi nous ferons passer pour des chevaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem. Caudebec,
     et votre épouse puisqu’elle veut venir, seront nos écuyers. Ce n’est pas une mauvaise chose qu’elle nous accompagne, car pour
     faire encore mieux illusion, il nous faudrait une suite plus importante, mais nous pourrons toujours proclamer que nos pages
     et nos gentilshommes nous rejoindront plus tard. Nous nous ferons passer pour de grands seigneurs, très puissants et très
     honorables. Cela évitera les questions. Vous me laisserez parler. Nous arriverons d’Italie. Vous mettrez vos plus beaux habits,
     vous prendrez vos plus belles armes. Je pourrais vous donner des accessoires de théâtre comme des aigrettes de faux diamant
     pour la toque, des chaînes de cuivre doré, des dagues avec des rubis en verre, bref tout le clinquant nécessaire.
    — Peut-être faudra-t-il des chausses pour Cassandre.
    — J’ai tout ce qu’il faut au théâtre. Serafina lui ajustera un pourpoint de velours doublé de soie, une fraise à l’italienne, et lui préparera des chausses brodées d’argent. On ajoutera des passements dorés partout.
    Olivier songea qu’il n’aurait jamais pu mener à bien cette entreprise sans Venetianelli.
    — À quelle heure partons-nous à la messe? demanda-t-il.
    — Dans une heure. Nous irons rue Saint-Denis de manière à ce que tout le monde voie que vous faites partie de la troupe, mais si nous voulons être au Temple juste après dîner, nous n’aurons guère de temps à perdre.

    Dans l’église de Saint-Leu-Saint-Gilles, comme à Saint-Merry, on pouvait louer des chaises et des bancs pour être bien placés,
     mais les comédiens ne venaient à l’office que par sûreté, Cassandre et Caudebec étaient protestants, et Olivier n’avait plus
     beaucoup la foi. Ils restèrent donc au fond de l’église avec les plus pauvres.
    Le service allait commencer quand Olivier vit arriver le commissaire Louchart, qui remonta jusqu’au chœur et s’installa à
     son banc.
    En l’observant prier avec ferveur, Olivier se demandait s’il implorait le Seigneur pour être pardonné de ses péchés ou être
     exaucé des méfaits qu’il voulait faire. Qui aurait pu songer alors que dans trois ans Louchart serait enseveli dans cette
     église comme un martyre, après avoir été pendu dans la salle des cariatides du Louvre sur ordre du duc de Mayenne 1 .
    La messe terminée, ils partirent rapidement, ayant à peine le temps de donner un sol au chanteur de complaintes qui, devant
     le porche, commentait au son d’une vielle à roue les tableaux de la Passion. En arrivant à la tour, ils trouvèrent un dîner
     que Venetianelli avait fait porter par un rôtisseur et ils s’habillèrent dès la fin du repas. Sur les corselets de fer d’Olivier
     et de Caudebec, les femmes de la troupe avaient peint une ornementation en fausses dorures et une magnifique croix blanche
     à huit pointes. La même croix était cousue sur leur manteau de velours bordé de galons d’or.
    Pendant qu’ils se préparaient, Olivier leur rapporta ce qu’il savait sur l’enclos du Temple.
    Au début des croisades, l’ordre des Pauvres Chevaliers du Christ s’était établi à Jérusalem sur l’emplacement du temple de Salomon et ses membres avaient rapidement été surnommés les templiers.
     Ils avaient ensuite construit des établissements dans toute l’Europe.

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