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La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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d’action, Caudebec détestait cette attente. Ses pensées vagabondaient : comment reconnaîtrait-il ce Juan Moreo puisqu’il ne savait rien de lui? Les hospitaliers portaient une croix sur leur manteau noir, mais les prieurs et les commandeurs l’arboraient-ils? Ce Moreo pouvait bien être déjà venu cent fois revêtu d’une cape ordinaire, ou plus simplement ne jamais venir!
    Il fut tiré de ses sombres réflexions par les cris de deux colporteurs qui se lançaient force injures après s’être bousculés.
     Il les vit soudain échanger des coups de bâton. La rixe l’amusa un instant mais cessa dès que l’un des protagonistes eut le
     bras cassé. Déçu, Caudebec exhala un long soupir en songeant combien la matinée allait être longue.
    Son regard revint vers l’hôtel de Mendoza pour y découvrir une litière qu’il n’avait pas vue arriver. Suspendue par deux perches
     attachées à des mules, une à l’avant et l’autre à l’arrière, elle était peinte en noir avec en son milieu une croix de Malte
     immaculée. Les deux animaux, au poil bien brossé, portaient un harnachement aux cuirs cirés et aux cuivres étincelants. Quatre
     cavaliers en morion, cuirasse et livrée escortaient le véhicule dont un rideau fermait la portière basse.
    Le cœur battant, Caudebec se maudit d’avoir été distrait et descendit aussitôt. Dans la rue encombrée par labadaudaille, il fut un temps arrêté par une procession exposant les reliques de saint Eustache. En les bousculant, il parvint
     quand même jusqu’à l’hôtel. Avec le sarrau à capuchon que lui avait donné Venetianelli, il avait tout d’un crocheteur et personne
     ne lui prêta attention. Il resta près de la litière jusqu’à ce qu’il aperçoive un laquais sortant de l’hôtel. Le serviteur
     précédait un homme replet marchant avec une gravité affectée. La tête haute, son épaisse barbe noire reposant sur une immense
     fraise amidonnée, l’homme arborait la croix blanche à huit pointes représentant les huit béatitudes sur le pan gauche de son
     manteau noir.
    Le valet ouvrit une portière de la litière et le bonhomme y monta avec difficulté compte tenu de sa corpulence, faisant ensuite
     fléchir les deux longues de perche de bois.
    La litière se mit en route vers la rue aux Ours et poursuivit jusqu’à la rue du Temple. Les mules guidées par le laquais à
     pied allaient lentement et Caudebec n’avait aucun mal à les suivre. Le convoi remonta la rue jusqu’à la cité templière.
    Caudebec n’était jamais entré dans l’enclos du Temple. Il savait juste que la seigneurie fortifiée commandée par le Grand
     prieur appartenait aux hospitaliers. Sans être arrêtée par les sergents d’armes, la litière passa le pont-levis baissé sur
     des douves d’une eau sale et gelée et le convoi disparut de l’autre côté de l’enceinte.
    Caudebec brûlait de la suivre. Il s’approcha. La porte au pont-levis était encadrée par deux tours à archères. Le passage
     donnait dans une salle voûtée en croisée d’ogives et il devina, aux gardes sourcilleux, qu’on ne le laisserait pas passer.
     Il décida donc de chercher une autre entrée.
    Il s’éloigna vers la porte du Temple, jusqu’à la butte qui longeait l’enceinte de la ville, sans découvrir de passage dans
     la haute muraille de la commanderie. Dépité, il se renseigna auprès d’un colporteur qui lui assura que la seule entrée du
     Temple était le pont-levis bien qu’il y eût des poternes, mais dont seuls les dignitaires hospitaliers avaient les clefs.
    Caudebec revint donc sur ses pas et resta un moment à observer ceux qui entraient dans l’enclos. Comme le Temple bénéficiait
     de privilèges sur les taxes, les marchands ambulants étaient nombreux à attendre. Certains passaient, d’autres étaient refoulés
     sans qu’il puisse en deviner les raisons. En revanche, il observa que les chevaliers porteurs de cape à la croix de Malte
     entraient sans être interrogés.
    En même temps, une incertitude le taraudait. Il se demandait si l’homme corpulent qu’il avait vu monter dans la litière était
     bien Juan Moreo. D’autres chevaliers hospitaliers venaient certainement à l’ambassade d’Espagne et il pouvait bien avoir suivi
     un quelconque dignitaire de l’ordre. Après une longue hésitation, il s’approcha des factionnaires de l’entrée et, écartant
     un colporteur qui parlementait pour pénétrer avec son âne, il

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