Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
La ville qui n'aimait pas son roi

La ville qui n'aimait pas son roi

Titel: La ville qui n'aimait pas son roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
À Paris, ils s’étaientinstallés dans le quartier Saint-Gervais, puis, manquant de place, ils avaient construit une commanderie au nord de la ville,
     une forteresse qu’on avait appelée la Villeneuve. Cette cité était si bien protégée par ses murailles, ses tours et son pont-levis
     que Philippe Auguste et ses successeurs avaient laissé dans le donjon les sceaux et le trésor royal, et que Philippe le Bel
     s’y était réfugié plusieurs fois lors de révoltes populaires.
    Mais la puissance de l’ordre faisait de l’ombre au roi de France, aussi quand leur grand maître Jacques de Molay était venu
     de Chypre à Paris pour s’opposer à une fusion des templiers et des hospitaliers, Philippe le Bel avait répandu des rumeurs
     d’hérésie. Le 13 octobre 1307, Molay avait été arrêté dans l’enclos de Paris, emprisonné, puis quelques années plus tard condamné
     au bûcher et brûlé sur une petite île de la Seine 2 . Après l’abolition de l’ordre des Pauvres Chevaliers du Christ , leurs biens avaient été donnés aux hospitaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Depuis, l’enclos abritait leur commanderie dont
     le maître était le Grand prieur de France.
    — La Villeneuve a gardé ses murailles, ses tours, son donjon et son pont-levis. C’est toujours une forteresse, et une fois à l’intérieur, nous y serons comme dans une cage. Une seule erreur et ce sera notre prison, conclut Olivier.

    Les quatre cavaliers se présentèrent devant les sergents de garde en affichant une morgue de Grand d’Espagne. Venetianelli
     montait le cheval de bât pour lequel ils avaient loué une selle et des harnais de grand prix. Jouant le rôle d’écuyer, Caudebec
     fit appeler le chevalier de service à la porte et présenta son maître comme le commandeur Ludovic del Pozzo, petit-neveu du
     capitaine des galères de l’ordre, qui arrivait de la commanderie de Nice avec un message du pape pour le Grand prieur. Impressionné,le jeune hospitalier salua avec déférence le prétendu commandeur.
    Couvert de fausses pierreries au point qu’on distinguait à peine l’étoffe de ses vêtements, affublé d’une chaîne dorée ornée
     de (faux) rubis plus grosse qu’aucun gentilhomme n’en avait jamais porté au Louvre, Venetianelli avait fière allure. Avec
     un aplomb inouï, dans un mélange d’italien et de français, il lâcha quelques mots sur son importance et celle de sa famille,
     puis fit d’autorité avancer son cheval sur le pont-levis. Olivier et les deux écuyers le suivirent.
    Jamais Il Magnifichino n’avait joué plus brillamment ce rôle de Capitan, songeait Olivier en se retenant de rire. Sa composition en commandeur rappelait
     certes un peu trop le Scaramouche de l’hôtel de Bourgogne mais il était invraisemblable que l’hospitalier de garde ait vu
     la pièce.
    D’ailleurs, l’officier ne leur posa aucune question. Il faut dire qu’il avait été bouleversé d’émotion en regardant le second
     écuyer du commandeur del Pozzo dont le fin visage ressemblait étrangement à celui de la Madone de l’église du Temple. Ressentant
     une trouble attirance, interdite autant entre personnes du même sexe que par ses vœux de chasteté, il avait détourné le regard
     et priait le Seigneur pour que ce bel écuyer disparaisse vite de sa vue. Il jura aussi de se confesser le soir même pour ces
     pensées impures, puis de faire pénitence afin de laver son esprit des idées dépravées qui y avaient fait jour.
    Les cavaliers traversèrent le corps de garde pour pénétrer dans une grande cour boueuse, grêlée de trous punais et défoncée
     par les ornières. Au milieu, mules, ânes et chèvres s’abreuvaient dans un grand bassin.
    Ne sachant vers où se diriger, Venetianelli leur indiqua l’abreuvoir où ils pourraient rester un moment sans se faire remarquer
     en faisant boire leurs chevaux.
    Olivier découvrait les lieux avec curiosité puisqu’il n’était jamais entré dans l’enclos. Face à la porte fortifiée s’élevait
     un groupe d’arcades peintes derrière lesquellesse dressait une église. Il avait entendu parler de Sainte-Marie-du-Temple construite par les templiers à l’image de l’église
     du Saint-Sépulcre, à Jérusalem. Ces arcades en constituaient le cloître et se prolongeaient à gauche par plusieurs corps de
     bâtiments parallèles à l’église. Vers la droite, elles faisaient un angle avec un second corps de logis qui s’avançait

Weitere Kostenlose Bücher