La ville qui n'aimait pas son roi
repartiraient dans
une heure pour chercher leurs bagages laissés dans une hôtellerie.
Pendant ce temps le faux commandeur portait ses pas vers la remise des voitures. Avisant un palefrenier, il s’adressa à lui.
— J’ai rencontré ce matin le commandeur don Moreo dans sa litière, quand il revenait de l’hôtel de Mendoza, fit-il en laissant sa phrase en suspens.
— Si vous vouliez le voir, seigneur, ce ne sera pas possible, il est parti ce matin juste après la messe pascale à Sainte-Marie-du-Temple. J’ai peur qu’il ne soit absent pour quelques jours.
— Dommage! J’aurais eu plaisir à vider quelques flacons avec lui, dit le comédien d’un air déçu avant de rejoindre ses amis.
Venetianelli rejoignit les autres et ils empruntèrent un petit passage avec quelques marches qui les conduisirent sur le parvis
de l’église. De là, ils retournèrent dans la grande cour jusqu’à la poterne du bâtiment logeant les hôtes de passage. En chemin,
Venetianelli leur avait expliqué leur rôle et ce qu’il allait faire.
Le comédien tira la chaîne d’une cloche et un frère tourier vint ouvrir. Une fois encore Caudebec joua le rôle de l’écuyer.
— Mon maître le seigneur commandeur Ludovic del Pozzo va être reçu par le commandeur don Moreo, annonça-t-il.
— Mais monsieur le commandeur est parti pour Cambrai ce matin, monsieur!
— Non, il ne partira finalement que demain, intervint Venetianelli avec morgue, la main sur la poignée de son épée. Nous venons de l’ambassade d’Espagne où nous avons dîné avec lui. Ses plans ont changé suite à un message qu’il a reçu. Il sera là dès qu’il aura terminé son entretien avec M. Mendoza et m’a dit de l’attendre chez lui.
Le ton était tellement assuré que le frère laissa entrer le groupe dans le jardin planté de trois gros marronniers.
— Conduisez-nous! poursuivit Venetianelli.
Le portier, un peu surpris, s’inclina devant l’assurance des visiteurs. Il leur indiqua un escalier carré à colonnades et
les guida jusqu’à une galerie bordée de banquettes tapissées en cuir rouge pour s’arrêter devant une porte ciselée en bossoir.
— Voici l’appartement du seigneur don Moreo, monsieur. Vous pouvez patienter sur cette banquette. Sitôt que ses domestiques arriveront, ils vous feront entrer. Je ne peux le faire, car je n’ai pas la clef.
— Soit! lâcha Venetianelli l’air excédé.
Ils s’installèrent et le portier repartit. Dès qu’ils furent seuls, Venetianelli ordonna :
— Monsieur Caudebec, allez jusqu’à l’escalier. Si le portier revient, demandez-lui de vous accompagner à l’écurie chercher des bagages. Il protestera aussi n’hésitez pas à crier très fort et à l’insulter pour être entendu.
Pendant que Caudebec s’exécutait, l’Italien s’approcha de la porte, examina la serrure, puis sortit des crochets de fer de
son pourpoint et commença à farfouiller la serrure. Très vite, Olivier entendit un déclic et la porte s’ouvrit. Décidément,
Venetianelli était un homme plein de ressources, songea-t-il avec admiration.
— Fouillez tout mais ne déplacez rien! dit Venetianelli. S’il y a des serrures, je m’en occupe.
C’était une grande chambre dont la haute fenêtre ogivale à vitraux donnait sur la cour du Temple. Sur uneestrade trônait un lit à colonnes aux rideaux olivâtres brodés d’argent, avec deux gros coffres en noyer ciselés de part et
d’autre. Le reste de l’ameublement était constitué d’une table massive aux pieds en forme de pattes de lion, d’un petit bureau
et de plusieurs chaises tapissées en cuir de Cordoue. Deux portes ouvraient dans une garde-robe et dans un bouge qui contenait
un lit à sangles avec une paillasse de crin. Des panneaux de boiseries découpés en carrés couvraient entièrement les murs.
Certains étaient sculptés des trophées d’armes antiques, d’autres étaient peints de vases de fleurs en trompe-l’œil ou de
grotesques ornés de guirlandes.
Cassandre examina le lit, passa la main sous les deux matelas, Olivier rechercha des papiers ou des lettres dans le bureau,
mais les deux tiroirs ne contenaient rien sinon des feuilles blanches et des plumes d’oie. Les coffres étaient vides. Quant
à Venetianelli, il ne regardait que les frises murales.
— Il n’y a rien! lâcha Olivier avec dépit. Il a dû tout emporter!
Venetianelli s’approcha d’un des panneaux de
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