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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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contraint
entretien, elle s’allait convoler en secondes noces et serait à son mari
fidèle. Or, quand femme prononce ce magique mot de mariage, si vous n’êtes
point celui qu’elle marie, il n’y a plus rien à faire – tant elle y met de
feu, de flamme et d’obstination – qu’à ouïr sonner malenconiquement votre
propre glas, tirer l’échelle et s’ensauver.
    Ce que je fis,
poussant ma Pégase vers mon natal Périgord, chemin que je parcourus si vite (au
grand dam et dol de mes gens qui eussent voulu davantage s’apparesser dans les
bonnes auberges) que moins de deux semaines plus tard, j’aperçus les tours de
Mespech, puis son châtelet d’entrée, puis ses trois ponts-levis, puis son île,
et enfin l’étang qui le circonscrit de ses eaux noires et protectrices –
les plus belles et fortes douves qui jamais furent.
    J’avais écrit
mon advenue à mon père, mais j’advins avant ma lettre missive, tant est que le
baron de Mespech fut au comble de la surprise et de la joie à me voir
apparaître à la tête de mon imposante escorte, laquelle ne comptait pas moins
de douze guillaumes, pour ce que, outre Miroul, Saint-Ange, Pissebœuf et
Poussevent, et mes deux diablotins de pages, j’avais gardé, pour mes sûretés,
les six arquebusiers que M. de Rosny m’avait baillés.
    Mon aîné
François, baron de Fontenac, allongea fort son long visage, à voir une si
nombreuse compagnie s’abattre sur le domaine, ayant, quoique encharné papiste,
retenu la parcimonie huguenote où on l’avait élevé. Mais aux premiers mots
aigres qu’il prononça, mon père lui clouit le bec, l’appelant chiche-face et
pleure-pain, et le ramentut sans réplique que, lui-même vif et présent, il n’y
avait qu’un seul maître en la baronnie de Mespech.
    Moi-même
toutefois, ne voulant pas voir mes gens de pié vivre à la soldate en villité
oisive, les menaçai de la hart s’ils molestaient les manants et habitants de
nos villages et de nos mas, et pis encore – si pis il y a – s’ils
forçaient filles, et les mis incontinent aux travaux des champs et au
repierrage des chemins, et quand l’hiver fut venu, à la chasse aux loups,
lesquels s’étaient beaucoup multipliés en nos bois et forêts, faisant mille
méchantises aux laboureurs des écarts, tant aux bêtes qu’aux gens. Ainsi mes
arquebusiers gagnèrent-ils bien leur écot et crûrent-ils bien en bon renom
auprès des villageois, à telle enseigne que l’un de nos fermiers, qui n’était
pas sans pécune, me vint, à mon départir, me demander la main d’un de mes gens
qui avait engrossé sa fille et qu’il voulait comme gendre, en étant coiffé
presque autant que la belle, pour ce qu’il avait bons bras, bonne tête et bon
membre aussi, à ce que je gage.
    Je trouvai mon
père vert, vif et gaillard, quoique, en souvenir de notre pauvre Sauveterre, il
affectât de traîner sa gambe navrée, boiterie que je lui vis oublier, quand la
vivacité de son naturel une ou deux fois l’emporta. Il ne fut pas long en la
bénignité de son cœur à deviner la malenconie où j’étais, et me faisant un soir
de novembre, en sa librairie devant un feu cramant, quelques adroites
questions, m’amena à lui en dire ma râtelée.
    — Mon
Pierre, dit-il, quand il m’eut ouï, vous fûtes bien avisé de taire vos doutes,
même à Fogacer à la parfin, l’affaire, si elle était sue, portant en elle un
grand poids de péril, de déshonneur, peut-être de péché. Mais qu’en est-il de
vos enfants ? À leur égard aussi Angelina est-elle changée ?
    — Nenni,
Monsieur mon père. La Dieu merci, elle est avec eux aussi bonne mère que par le
passé. Faible preuve toutefois. Comme vous le savez, Larissa était tout à plein
raffolée de ses neveux et nièces, n’ayant pas elle-même d’enfant et n’en
pouvant avoir.
    — S’il
s’agit d’elle, dit mon père, il se peut que ce soit un grand bien que ses
présentes folies ne puissent laisser de postérité. Mais, mon Pierre, comment
êtes-vous assis ? Pourquoi cette escabelle, quand ce fauteuil, en face du
mien, vous tend les bras ?
    — Monsieur
mon père, dis-je en baissant les yeux, c’est celui de l’oncle Sauveterre. Et
j’imagine qu’il nous oit encore, même si son fauteuil reste vide.
    À quoi mon
père s’accoisa un petit, et se peut parce qu’il ne pouvait parler tout de gob,
fit du chef un signe d’assentiment.
    — D’après
votre conte, mon Pierre, reprit-il à la

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