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La Violente Amour

La Violente Amour

Titel: La Violente Amour Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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reconnaître.
    — En
es-tu sûre, Florine ?
    — Vramy !
J’en suis aussi sûre que le jour se lèvera demain.
    Il se leva, en
effet, mais, du moins en ce qui touche à moi, sur un homme dont le pensement
perplexe était comme enserré dans un nœud de serpents plus menaçants l’un que
l’autre, et dont chaque petit fait menu du récit de Florine avait nourri les
crocs et le venin. Il me semblait encontrer partout, sous l’aspect le plus
riant, la pourriture du doute. Je n’étais que défiance, regards épiants,
oreille dressée, captieuse question, comme de quérir à l’improviste à la
chambrière qui aidait Florine en le cabinet d’Angelina :
    — Mamie,
Madame mon épouse pâtit-elle toujours de sa goutte ? As-tu observé si son
pouce droit parfois se gonfle et se raidit, l’empêchant de tenir plume ?
    — Jamais,
Moussu lou Baron.
    — En
es-tu sûre ?
    — Vramy.
Et eussé-je failli à le voir que j’eusse ouï Madame s’en plaindre, étant si
tendre à la douleur, et faisant des plaintes de tout.
    Ainsi le doute
allait se nourrissant de sa propre chair, comme Ugolin, sans que jamais
l’incertitude pût cesser, rien ne pouvant jamais prouver rien, pas même
l’absence de relief sous la mouche de Madame mon épouse, puisque depuis
l’effacement de la verrue, ladite mouche, chez l’une comme chez l’autre, ne
cachait que la peau. D’une autre côtel, n’était-il pas évident et ne faut-il
pas enfin l’écrire ici noir sur blanc que le matin où Florine se vit interdire
la porte de la chambre de Larissa mourante par une des sœurs vêtue de bleu
pâle, cette sœur eût bien pu être l’une ou l’autre : Une robe y eût suffi.
Au rebours du dicton, l’habit, hélas, fait le moine, parfois même, comme on l’a
vu, un moine meurtrier.
    Depuis mon
entretien avec Florine je m’arrachais chaque matin à ma couche seulette, à la
pique du jour, sautant de ma coite à ma manière abrupte et militaire, combien
que mon âme fût lasse et sans courage, et m’ébrouant comme chien hors de l’eau,
mais cette fois faillant tout à plein à détacher de moi les songes noirs qui
s’accrochaient à mes cheveux, m’engluaient les mérangeoises du cerveau, et me
faisaient la bouche tant amère que je sentis que ma vie entrait dès cet instant
dans un grand et tortueux pâtiment dont je ne trouverai pas facilement l’issue.
    Il me fut
facile d’arranger avec Gertrude du Luc qu’elle prit Florine à son service, ce
qu’elle fit sans même en demander les raisons – tant celles-ci, sans
qu’elle en pipât rien, lui parurent évidentes – mais sans omettre,
toutefois, de quérir là-dessus, l’agrément de Zara, dont la jaleuseté eût pu
ménager à la nouvelle venante tout un buisson de piquants, si elle avait
suspecté en elle une rivale en l’affection de sa maîtresse. Mais celle-ci lui
ayant assuré, sous de grands serments, qu’elle serait la seule, d’ores en avant
comme par le passé, à partager sa couche et son sommeil – privilège auquel
Zara tenait plus que la vie même, comme l’avait montré son suicide heureusement
failli – Zara, toute chambrière qu’elle fût, donna du haut de sa royale
beauté son consentement à notre plan et rentrant ses épines, m’en retira du
même coup une fort grosse du flanc, puisque Florine, arrachée aux battures et
frappements dont elle était chaque jour visitée, Miroul demeura à mon service,
en sa double capacité de secrétaire et de capitaine de mes gens de pié en
l’absence du pauvre Saint-Ange.
    J’écrivis le
même jour à mon aîné François, baron de Fontenac et futur baron de
Mespech – dont il ménageait le domaine en l’absence de mon père –
pour le quérir de me donner pour mon épouse la chambrière Alazaïs, sorte de
dragon austère et huguenot, plate comme limande et forte comme bœuf, laquelle
avait dompté ma mère et dompterait bien Angelina dans ses fureurs, sinon en ses
folies.
    Je savais que
François ayant tourné casaque et étant devenu papiste, non du fin bout du bec
comme moi, mais zélé, confit, confessant et processionnant, serait ravi de se
débarrasser de cette roide huguenote qui refusait d’aller à messe et faisait la
chasse, en son logis, aux images de la Benoîte Vierge pour les détruire.
    Je fus un
moment sur le point d’aller trouver le révérend docteur médecin Merdanson qui
avait soigné Larissa en sa dernière intempérie. Bien je le connaissais pour
avoir en mes

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