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La Volte Des Vertugadins

La Volte Des Vertugadins

Titel: La Volte Des Vertugadins Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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Marquise de Verneuil.
    — La Marquise ! Mais je ne l’ai pas invitée à mon
bal ! Je m’en suis bien gardée !
    — C’est ce que lui a dit le Roi ! Mais elle ne l’a
pas cru. Et le pauvre Henri a reçu son paquet. « Tant ceste poutane vous ensorcelle, lui cria-t-elle, que vous avez perdou la raisonne. Elle
conspire contre vous et mon dauphine ! Elle veut vous touer ! Vous et mon dauphine ! Le Parlement la condamne à la pena
capitale ! Et vous, vous loui perdonnez ! Questo è il colmo [15]  ! – Le comble. Madame, le
comble ! dit le Roi. Vous êtes la reine de France depuis six ans !
Tâchez donc de parler français ! – Langue de traître que ceste langue-là ! hurla la Reine. Est-ce pas perfidie noire d’élever les bâtards
de merda de ceste poutane avec les miens à Saint-Germain ! Madonna
Santa ! Ché e una vergogna [16] et
Monsieur, il colmo ! il colmo ! – Le comble, de grâce,
Madame », dit le Roi. «  Il colmo, répéta la Reine avec rage.
C’est qu’avant de me maritar, vous avez signé à ceste poutane une
promesse de matrimonia et maintenant, ceste poutane infernale dit
que c’est elle la vraie reine, et moi la concoubine ! Che c’est son
fils le vrai dauphine ! Et mon fils, le bâtard… Che il ne
ressemble pas au Roi ! Che il a tous les traits de ceste race maladetta de Medici ! Che il a le menton de moi, sa
mère ! De moi que ceste poutane ose appeler “la grosse
banquière” ! Elle m’insoulte, moi, la Reine ! Monsieur, si
vous ne loui tranchez pas la teste à ceste poutane, ye le
ferai moi-même ! Ye la tourai ! Ye la tourai ! » « Madame », dit le Roi, non sans quelque mauvaise foi, car il
était mieux placé que personne pour savoir que la Reine disait vrai, « ce
ne sont là que ragots de cour. En outre, ajouta-t-il, vous n’ignorez pas que la
Marquise de Verneuil, au moment de son procès, a dû rendre la promesse de
mariage que je lui avais signée et qu’elle ne peut plus nourrir les prétentions
que vous dites. Ce ne sont donc là que fadaises et tricoteries ! D’autant
que Madame de Guise n’a pas invité la Marquise ! Et que vous devez,
Madame, vous devez assister à ce bal ! – Ye n’irai pas ! Ye n’irai pas ! cria la Reine. – Madame, dit le Roi, vous me voulez
mener à la baguette ! C’est ce que je ne puis supporter ! Vous êtes
une opiniâtre. Madame ! – Moi ! cria-t-elle, vous m’insoultez ,
Monsieur ! » Et marchant sur le Roi comme une folle, elle leva la
main sur lui !
    — Elle le frappa ? dit Madame de Guise, béante.
    — Elle ne le put. Sully saisit sa main au vol et la
rabattit rudement. « Avez-vous perdu le sens. Madame ? cria-t-il.
C’est crime de lèse-majesté de toucher à la personne du Roi ! C’est à vous
maintenant que le Roi pourrait trancher la tête ! » « Madame,
dit le Roi tremblant de colère, vous êtes la première de mes sujettes et vous
me devez obéissance ! Je vous commande de vous habiller et de me rejoindre
à ce bal ! Obéissez ! Je ne voudrais pas être contraint de vous faire
reconduire en Italie avec toutes les sangsues que vous avez amenées avec vous
de Florence ! – Des sangsoues ! Des sangsoues ! » cria-t-elle, nullement domptée, bien que les larmes lui sortissent des yeux du
mal que lui avait fait Sully en rabattant son bras. « Et comment, Madame,
reprit le Roi très à la fureur, appelez-vous la Léonora Galigaï et son Concino
Concini ? On dirait, Madame, que la seule idée de votre règne est
d’enrichir cette fille de néant et son funeste mari ! Et de mépriser ces
Français dont vous êtes la Reine ! Je le répète : si je ne vous vois
pas à ce bal dans une heure, c’en sera fait de vous ! »
    — Mon Dieu ! Mon Dieu ! dit Madame de Guise
qui se tordait les mains de désespoir, ils en sont là ! Des querelles
entre eux, j’en ai ouï plus d’une, mais qu’ils en arrivent à ces
extrémités ! Lever la main sur le Roi ! Menacer la Reine de la
renvoyer en Toscane ! Quel horrible scandale, si elle ne se décidait pas à
venir ! Et par malheur, elle est plus entêtée que bourrique, je le dis
avec tout le respect que je lui dois. Tant plus stupide est une décision et
tant plus elle s’y tient ! Mon Dieu, que je suis donc à plaindre !
Mon bal ! Mon pauvre bal serait l’occasion d’une rupture odieuse à toute
la chrétienté !
    — Madame, dit mon père, point ne sert de se lamenter.
Il faut agir.

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