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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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manquerai point. »
    Les deux hommes se donnèrent l'accolage, puis Pelletier sortit dans la rue à présent populeuse. Alaïs s'apprêtait à lui emboîter le pas, quand Siméon la retint par le bras.
    « Vous êtes une personne de grand courage, Alaïs. Votre diligence à l'égard de votre père et de la Noublesso vous honore. Veillez sur lui. Je crains que ses emportements ne l'écartent de sa voie, alors que les temps s'annoncent rudes et les choix malaisés. »
    Regardant par-dessus son épaule, la jeune femme baissa le ton pour n'être pas entendue de son père :
    « Quelle était la nature du livre emporté par la femme de Carcassona ? Celui qui n'a pas encore été retrouvé ?
    — Le Livre des potions , répondit spontanément Siméon. Une liste d'herbes et de plantes. À votre père, il a été confié le Livre des mots et à moi-même le Livre des nombres . »
    À chacun ses aptitudes.
    « Je pense que cela vous éclaire sur ce que vous vouliez savoir, ajouta Siméon en la regardant d'un air entendu sous ses sourcils broussailleux. Ou alors cela renforce-t-il peut-être votre pensée.
    — Benlèu. Peut-être… », dit-elle en souriant.
    A laïs lui baisa la joue puis courut rejoindre son père.
    Des provisions de voyage. Une planchette aussi, peut-être.
    Elle résolut de garder par-devers elle cette pensée, jusqu'au moment où elle serait confirmée, bien qu'en ce qui avait trait au troisième livre, elle fût certaine de l'endroit où il se trouvait. Les liens serrés qui tissaient leurs existences comme une toile d'araignée s'éclairaient soudain. Toutes de perceptions et d'énigmes non élucidées pour n'y avoir pas songé.

29
    Alors que Pelletier et sa fille s'empressaient à travers la ville, il apparut que l'exode avait indubitablement commencé.
    Juifs et Sarrasins se hâtaient vers les portes, qui à pied, qui sur sa charrette chargée de ses biens, livres, cartes, mobilier. Des financiers à cheval portant paniers, coffres et balances, rouleaux de parchemins. Alaïs observa quelques familles chrétiennes parmi la foule des migrants.
    La cour de la demeure du consul éclatait de blancheur sous le soleil matutinal. Tandis qu'ils la franchissaient, Alaïs vit une expression soulagée se peindre sur le visage de son père, quand il se rendit compte que le conseil n'était pas achevé.
    « Quelqu'un est-il au fait de votre présence dans la cité ? »
    Alaïs sentit son esprit se figer, horrifiée à l'idée d'avoir ignoré la présence de Guilhem.
    « Nenni, je suis tout dret venue vous retrouver. »
    La lueur de satisfaction qui passa dans le regard de son père eut le don de l'irriter.
    Il acquiesça.
    « Attendez ici. Je vais de ce pas informer le vicomte de votre présence et requérir permission de vous faire voyager avec nous. Votre époux devra en être pareillement avisé. »
    Alaïs le regarda disparaître à l'intérieur de la demeure. Abandonnée, elle parcourut la cour du regard. Indifférents aux vicissitudes humaines, des animaux s'étiraient dans l'ombre, le corps collé aux murs frais. Malgré les épreuves qu'elle avait connues et les atrocités rapportées par Coursan, il semblait inconcevable, en ce paisible palais, que la menace fût aussi imminente qu'on le prétendait.
    Les portes s'ouvrirent brutalement derrière elle pour livrer passage à une marée humaine qui, dévalant des marches du parvis, se répandit dans la grande cour. Alaïs se réfugia derrière un pilier pour n'être pas emportée.
    Dès lors, ce ne fut plus qu'une éruption de cris, de commandements, d'ordres donnés et exécutés, d'écuyers se hâtant vers les chevaux de leurs maîtres. En un clin d'œil, de bâtiments officiels qu'ils étaient, les lieux s'étaient mués en quartier général de garnison.
    Dans le tumulte, Alaïs entendit quelqu'un qui l'appelait : Guilhem. Elle sentit son cœur chavirer. Se retournant, elle chercha des yeux d'où provenait la voix.
    « Alaïs ! s'exclama le jeune homme incrédule. Que faites-vous céans ? »
    À présent elle le voyait, se frayant un chemin dans la presse, jusqu'à la prendre dans ses bras et la serrer si fort que le souffle lui manqua. Un court instant, la vue, l'odeur de son époux évinça toute autre pensée. Tout fut oublié, tout fut pardonné, encore qu'elle conçût quelque gêne au plaisir qu'il éprouvait à la retrouver. Paupières closes, elle s'imagina miraculeusement revenue avec lui au Château comtal, comme si les

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