Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
Vom Netzwerk:
libérer de la cagoule de toile grossière qui l'étouffait.
    Saisissant un oreiller imprégné de sommeil, elle le serra contre sa poitrine. L'odeur de corps de Guilhem lui rappela qu'il n'avait partagé son lit depuis plus d'une semaine.
    Le volet de bois alla derechef heurter la pierre. La bourrasque balayait les toits en virevoltant entre les tours. Son souvenir le plus récent était d'avoir demandé à Rixende quelque nourriture afin de se restaurer.
    La servante frappa à la porte, puis entra timidement dans la chambre.
    « Pardonnez-moi, dame. Je ne voulais point vous éveiller, mais il a insisté.
    — Qui donc ? Guilhem ?
    — Que non pas, votre père, répondit-elle en secouant la tête. Il requiert que vous vous rendiez au guet de la porte orientale.
    — À cette heure ? N'est-il pas minuit passé ?
    — Les cloches n'ont point encore sonné, dame.
    — Pourquoi vous a-t-il mandée, vous, plutôt que François ?
    — Je l'ignore, dame. »
    Abandonnant Rixende dans la chambre, Alaïs jeta sa cape sur ses épaules et s'empressa vers l'escalier. Au moment où, ayant traversé la cour, elle rejoignit son père, le tonnerre roula longuement au-dessus des montagnes.
    « Où allons-nous ? cria-t-elle dans les rafales de vent, tandis qu'ils se hâtaient vers la porte est.
    — À Sant-Nasari. Là où se cache le Livre des mots . »
     
    Tel un chat, Oriane s'étirait langoureusement sur son lit en écoutant le vent.
    Guirande avait bien œuvré, d'abord en remettant bon ordre dans la chambre, ensuite en lui relatant les dégâts que Congost y avait occasionnés. Quant aux raisons de cette rage soudaine, elle n'avait pas idée, non plus qu'elle en avait cure.
    Tous les hommes, qu'ils fussent courtisans, scribes, prêtres ou chevaliers, étaient semblables sous la peau. Pour ce qui touchait à leur honneur, leurs bonnes résolutions se brisaient comme brindilles en hiver. La première trahison était la plus malaisée. Après cela, c'était un étonnement toujours renouvelé que de voir avec quel empressement leurs bouches félonnes révélaient leurs secrets, à quel point leurs actes pouvaient abjurer ce qu'ils disaient cher à leurs yeux.
    Oriane en avait appris plus qu'elle l'avait espéré. Ironie de la chose, du Mas n'avait pas moindrement conscience de l'importance des faits qu'il lui avait relatés. Elle avait pressenti qu'Alaïs entendait rejoindre leur père à Béziers, et elle ne s'était pas fourvoyée. Elle savait aussi que la discorde régnait entre les deux époux depuis le départ de Guilhem pour Montpellier.
    L'unique raison qui l'avait incitée à veiller sur sa sœur était l'espoir d'induire Alaïs en trahison aux yeux de leur père, sans obtenir, hélas, le résultat escompté. Seul fait notable, la détresse qu'Alaïs avait exprimée au cours de son délire à propos de la planchette. Jusqu'à ce jour, toutes ses tentatives pour retrouver celle-ci s'étaient soldées par un échec.
    Oriane étira longuement ses bras au-dessus de sa tête. Même dans ses rêves les plus insensés, elle n'aurait jamais imaginé que son père possédât un objet d'une valeur telle que des hommes étaient prêts à payer une rançon de roi pour se l'approprier. Ne lui restait qu'à s'armer de patience.
    Après ce que Guilhem venait de lui révéler, il apparaissait que la planchette était de moindre importance qu'elle avait d'abord cru. Aurait-elle disposé d'un peu plus de temps qu'elle aurait arraché à Guilhem le nom de l'homme chez qui son père s'était rendu à Béziers, à condition qu'il le sût.
    Oriane se redressa. François devait le connaître, lui. Elle frappa dans ses mains et Guirande apparut aussitôt.
    « Apportez ceci à François. Et que personne ne vous voie. »

38
    La nuit était tombée sur le camp des croisés.
    Guy d'Évreux essuya ses mains graisseuses sur le linge que lui tendait fébrilement un valet. Il vida sa coupe d'un trait, puis observa à la dérobée l'abbé de Cîteaux, assis à l'extrémité de la table, afin de voir s'il était prêt à se lever.
    Il ne l'était pas.
    Infatué et arrogant dans son aube blanche, Arnaud Amalric se tenait entre le duc de Bourgogne et le comte de Nevers. L'opiniâtre lutte de rang qui s'était instaurée entre les deux hommes et leur suite avait commencé avant même que l'host eût quitté Lyon.
    À en juger par leur expression figée, il était clair qu'Amalric était encore en train de les morigéner. Hérésie, feux de

Weitere Kostenlose Bücher