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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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retenaient.
    Bredouillant quelques excuses aux personnes qui la suivaient, elle quitta la file, pour aller se rencogner dans l'ombre, près de la porte septentrionale.
    Que diable m'arrive-t-il ?
    Ses parents lui avaient enseigné les vertus de la prière. Quand elle avait eu l'âge de s'interroger sur l'existence du Mal, et qu'elle avait compris que l'Église ne pourrait lui fournir de réponses suffisantes, elle s'était abstenue de prier. Elle se rappelait toutefois le sens de la vie que confère la religion : la certitude, la promesse d'un salut par-delà les nuages ne l'avaient jamais totalement abandonnée. À l'exemple de Larkin 2 , elle entrait dans une église dès qu'elle le pouvait, avec le sentiment de s'y trouver chez elle. À ses yeux, les églises conféraient à l'Histoire son véritable sens, et évoquaient un passé s'exprimant par leur nef, leur achitecture, leurs vitraux.
    Pas ici.
    Dans ces églises du Midi, elle ne ressentait pas de paix, une menace, plutôt. La pestilence du mal semblait suinter des briques. Alice leva les yeux vers les hideuses gargouilles qui la regardaient fixement, la bouche grimaçant un rire sardonique.
    Elle se leva promptement du banc sur lequel elle s'était recueillie et quitta la place Saint-Nazaire. En s'éloignant, elle ne cessait de regarder par-dessus son épaule. Elle pouvait bien se répéter que son imagination lui jouait des tours, la pensée que quelqu'un la suivait ne la quittait pas.
    Quittée la Cité, descendue la rue Trivalle pour se rendre au centre-ville, son cœur continuait de battre la chamade. Plus elle tentait de se raisonner, plus se renforçait l'idée qu'on épiait ses faits et gestes.
     
    L'étude de Daniel Delagarde était située rue Georges-Brassens. La plaque de cuivre rutilante, scellée près de l'entrée, en attestait. Étant un peu en avance, Alice prit le temps de lire les noms qui y étaient gravés. Le bureau de Karen Fleury, le clerc avec qui elle avait rendez-vous, se trouvait au premier étage.
    Alice monta l'escalier, poussa la double porte de verre et rejoignit un hall entièrement carrelé. Après s'être présentée au comptoir d'acajou de la réceptionniste, elle fut conduite dans la salle d'attente. Le silence y était oppressant. Un quinquagénaire aux allures pastorales la salua d'un hochement de tête. Des revues étaient soigneusement empilées sur une table basse. De part et d'autre du manteau de cheminée, une horloge en chrysocale et un grand vase de cristal débordant de tournesols rivalisaient d'éclat.
    Alice opta pour un fauteuil près de la fenêtre et se mit à feuilleter un magazine.
    « Mademoiselle Tanner ? Je suis Karen Fleury, enchantée de faire votre connaissance. »
    Alice se leva, sous le coup d'une impression favorable. La trentaine, portant tailleur et chemisier blanc, Mme Fleury respirait la compétence. Ses cheveux blonds étaient tirés sur la nuque. À son cou pendait une croix d'or.
    « Je suis en deuil, expliqua-t-elle, remarquant le coup d'œil de sa cliente. Mes vêtements sont plutôt chauds pour la saison.
    — J'imagine. »
    Elle retint la porte pour inviter Alice à la suivre.
    « Je vous en prie.
    — Depuis combien de temps êtes-vous employée dans cette étude ? demanda Alice, pendant qu'elles parcouraient un dédale de couloirs.
    — Nous avons emménagé depuis quelques années. Mon mari est français. De nombreux Anglais s'installent dans la région, et tous font appel à des notaires. Les affaires vont plutôt bien pour les gens de notre profession. »
    Elle introduisit sa cliente dans un petit bureau.
    « C'est une bonne chose que vous soyez venue en personne. Je craignais que notre affaire ne puisse se conclure que par téléphone.
    — À vrai dire, les circonstances s'y sont prêtés. Juste après avoir reçu votre lettre, une amie qui travaillait dans les environs de Foix m'a invitée à lui rendre visite. L'occasion était trop belle pour la laisser passer. En outre, vu la nature et l'importance du legs, la moindre des choses était que je fasse le déplacement.
    — Bien, répliqua Karen en souriant. À mon point de vue, cela facilitera la procédure et nous pourrons conclure plus rapidement, déclara-t-elle en tirant un dossier vers elle. D'après notre conversation téléphonique, vous ne semblez pas savoir grand-chose de votre tante.
    — Je n'en avais jamais entendu parler auparavant, expliqua Alice en esquissant une grimace. J'ignorais que mon père avait

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