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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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titre ou de rang, était de bonne coupe et confirmait son appartenance nordique.
    « Où est-il ? demanda-t-il d'emblée.
    — Je ne comprends point », balbutia Siméon en hébreu.
    Le coup le prit par surprise. Il sentit une côte craquer, et tomba en arrière, une jambe repliée sous lui. Des mains l'empoignèrent rudement pour le remettre d'aplomb.
    « Je sais qui tu es, juif, poursuivit l'homme. Te livrer à ce jeu avec moi ne te conduira nulle part. Je te le demande encore : où est le livre ? »
    Siméon leva derechef la tête sans souffler mot. Cette fois, l'homme s'en prit au visage. La tête du vieil homme explosa de douleur. Les dents craquèrent à l'intérieur de sa bouche ouverte, alors que sur la langue lui parvenait le goût de son propre sang.
    « Je t'ai pourchassé comme un animal, juif. Je t'ai traqué à Chartres et à Béziers. Tu m'as fait perdre un temps inestimable, et ma patience est à bout. » Il s'avança d'un pas afin que Siméon pût voir toute la haine que recelait son regard gris : « Une dernière fois : où se trouve le livre ? L'as-tu donné à Pelletier ? Est-ce cela ? »
    Deux pensées vinrent simultanément à l'esprit de Siméon : la première qu'il n'en réchapperait pas ; la seconde, qu'il devait protéger ses amis. Il en avait le pouvoir. De ses yeux clos parce que tuméfiés coulaient des larmes de sang.
    « J'ai le droit de connaître le nom de mon tourmenteur, parvint-il à articuler malgré sa mâchoire brisée. Je prierai pour vous.
    — Ne te méprends pas, tu avoueras où le livre est caché », répondit l'homme avec un signe à l'adresse de ses hommes.
    Siméon fut forcé à se mettre debout. On lui arracha ses vêtements, ensuite de quoi on le jeta à plat ventre sur une charrette en lui immobilisant les pieds et les mains. Il perçut le claquement de la ceinture avant que la boucle ne lui déchirât le dos en le faisant tressauter de douleur.
    « Où est-il ? »
    Siméon gardait les yeux hermétiquement clos, tandis que la lanière de cuir s'abattait une fois encore sur lui.
    « Se trouve-t-il jà à Carcassonne ou est-il encore en ta possession, juif ? vociférait l'homme. Tu finiras par me le dire ! Si ce n'est toi, ce sera eux ! »
    Le sang coulait à flots de ses lacérations. Afin de juguler sa souffrance, Siméon se mit à prier à haute voix dans la langue sacrée de ses pères.
    « Où – est – le – livre ? » répétait inlassablement son bourreau en ponctuant d'un coup chacun de ses mots.
    Ce fut les dernières paroles que Siméon entendit avant d'être englouti par les ténèbres.

49
    Venue de Trèbes, l'avant-garde des croisés parvint en vue de Carcassonne le jour de la fête de Sant-Nasari. Sur les créneaux de la tour Pinte, les gardes allumèrent des feux et les cloches sonnèrent le tocsin.
    Au soir du premier jour du mois d'août, le campement des Français, installé sur la rive opposée de l'Aude, avait pris les proportions d'une seconde cité, constituée de tentes, d'ori-flammes, de bannières et de croix d'or miroitant au soleil. Barons venus du Nord, mercenaires gascons, hommes de pié beaucerons, bourguignons ou parisiens, sapeurs, archers, hommes d'Église et tout ce qu'une armée entraîne dans son sillage s'y trouvaient.
    À vêpres, le vicomte Trencavel, adjoint de Pierre-Roger de Cabaret, de Bertrand Pelletier et de quelques autres, monta sur le chemin des remparts. Au loin, la fumée des feux de camp s'élevait en spirales dans l'air immobile. L'Aude paressait en un ruban argenté.
    « Ils sont extrêmement nombreux.
    — Guère plus que ce à quoi l'on s'attendait, messire, répondit Pelletier.
    — Combien de temps encore, pensez-vous, avant l'arrivée du gros de la troupe ?
    — Je ne saurais le dire. Une armée d'une telle ampleur progresse lentement. En outre, la chaleur les ralentit.
    — Certes, mais elle ne les arrêtera point.
    — Nous sommes prêts à les affronter, messire. La Cité est bien approvisionnée. Les hourds sont achevés et protégeront nos murs des sapeurs. Toutes les ouvertures ont été obstruées et les points faibles des murailles renforcés. Des archers sont postés en haut de chaque tour. Les haussières qui retiennent les moulins dans la rivière ont été tranchées et les récoltes brûlées. Les Français auront grand mal à s'approvisionner. »
    Des éclairs dans le regard, Trencavel s'adressa à Cabaret :
    « Ordonnons le boute-selle et faisons une sortie.

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