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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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ouvrit la porte et héla son secrétaire François à grand renfort de voix. Alaïs se leva à son tour, ébranlée par la véhémence de son père, perplexe aussi quant à la suite des événements.
    « Que se passe-t-il ? Dites-le-moi, je vous en conjure. Pourquoi est-ce si important que ce soit la main droite ou la main gauche ?
    — Faites seller des chevaux immédiatement, François. Mon hongre gris pour moi, la jument baie pour dame Alaïs, et une monture pour vous. »
    François demeurait impassible, comme à l'accoutumée.
    « Fort bien, messire. Allons-nous loin ?
    — Seulement jusqu'à la rivière, précisa Pelletier avec un geste pour le congédier. Hâtez-vous, l'homme. Et apportez-moi mon épée, ainsi qu'un manteau propre pour dame Alaïs. Nous vous retrouverons au puits. »
    À peine François fut-il hors de portée de voix qu'Alaïs se précipita vers son père. Mais se détournant d'elle, ce dernier alla à un tonneau et emplit un gobelet de vin. Sa main tremblait tellement qu'il en répandit la moitié.
    «  Paire , plaida-t-elle encore, pourquoi tenez-vous tant à vous rendre à la rivière ? Tout cela est sans conséquence pour vous. Laissez donc y aller François. Je le conduirai.
    — Vous ne pouvez comprendre.
    — Alors, expliquez-moi. Vous pouvez vous fier à moi.
    — Je dois voir ce corps moi-même. Je veux m'aviser de…
    — De quoi ? renchérit précipitamment Alaïs.
    — De rien, de rien, lâcha Pelletier en secouant sa tête grisonnante. Il ne vous appartient pas de…
    — Mais encore… »
    Pelletier l'arrêta d'un geste, ayant manifestement repris la maîtrise de ses émotions.
    « Il suffit, Alaïs. Il importe que vous m'accompagniez. J'aurais voulu vous épargner cette épreuve, mais cela m'est impossible. Tenez, buvez ceci, ajouta-t-il en lui tendant le gobelet. Cela vous fortifiera et vous donnera du courage.
    — Je n'éprouve nulle crainte, protesta-t-elle, offensée que l'on prît sa réticence pour de la couardise. Voir un mort ne me fait pas peur. C'est le choc de la découverte qui m'a tant affectée. Messire, je vous conjure de me dire pourquoi…
    — En voilà assez ! » gronda Pelletier en se retournant vers elle.
    Alaïs recula comme s'il lui avait administré un soufflet. Son père s'empressa de se ressaisir.
    « Pardonnez-moi ; je ne suis plus moi-même. Nul homme ne peut espérer fille plus loyale ni plus résolue, dit-il en lui effleurant la joue.
    — Dans ce cas, pourquoi refusez-vous de vous fier à moi ? »
    Pelletier hésitait, et Alaïs crut, un instant, qu'il allait céder. Puis elle vit son visage se refermer.
    « Tout ce que je requiers de vous, c'est que vous me montriez l'endroit, murmura-t-il. Le reste ne concerne que moi. »
     
    Les cloches de Sant-Nasari sonnaient tierce 1 quand ils franchirent la porte occidentale du Château comtal.
    Pelletier caracolait en tête, tandis qu'Alaïs et François cheminaient de conserve. Malheureuse, taraudée d'un sentiment de culpabilité parce que ses écarts de conduite avaient provoqué un tel revirement dans l'attitude de son père, la jeune femme n'en était pas moins offusquée par la méfiance qu'il lui témoignait.
    Ils empruntèrent l'étroit et sinueux sentier qui dévalait en méandres la colline sous les murs de la Cité. Arrivés en terrain plat, ils mirent leurs montures au trot.
    Après avoir chevauché en amont de l'Aude, ils atteignirent les marais sous un soleil écrasant. Des nuées de mouches noires et de moucherons planaient au-dessus des ruisselets et des flaques d'eau stagnante. Les chevaux piaffaient et fouettaient leurs flancs de leur queue, pour chasser, mais en vain, les nombreux insectes qui les piquaient à travers leur mince robe d'été.
    Sur la rive opposée, à l'ombre des grands arbres, Alaïs apercevait quelques lavandières, le corps à demi immergé, brandissant leurs battoirs au-dessus de grandes pierres plates. De l'unique pont de bois qui reliait les marais et les villages aux bourgs de Carcassonne s'élevait le grondement monotone d'un cortège de charretons. D'autres traversaient à gué : manants, fermiers, marchands, certains leurs enfants hissés sur les épaules, d'autres conduisant des mulets ou un troupeau de chèvres, tous se dirigeaient vers la grand-place du marché.
    Le trio chevauchait en silence. Parvenu à l'ombre des saules, chacun se surprit plongé dans ses propres pensées. Apaisée par le pas des chevaux, le chant des oiseaux et

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