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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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promesse que je vous ai faite, et vous demande pardon de vous avoir désobéi.
    — Étiez-vous à pied ? »
    Comme elle acquiesçait, il l'invita d'un geste à poursuivre.
    « J'y suis restée un moment sans rencontrer âme qui vive. Mais alors que je m'apprêtais à partir, j'ai aperçu, flottant sur l'eau, ce qui semblait être un paquet de vêtements. Des vêtements de bonne facture. En fait… » Se sentant pâlir, Alaïs s'interrompit un instant. « …c'était un cadavre. Celui d'un homme assez âgé, aux cheveux noirs et bouclés. J'ai cru d'abord qu'il s'était noyé. Puis j'ai vu qu'il avait la gorge tranchée.
    — Avez-vous touché au corps ? demanda l'intendant en se raidissant.
    — Que non, répondit la jeune femme en secouant la tête, les yeux baissés pour cacher son embarras. Mais le choc m'a fait perdre l'esprit. J'ai couru en abandonnant mes affaires. Je ne pensais qu'à m'enfuir et venir vous apprendre ma triste découverte.
    — Et entre-temps, n'avez-vous vu personne ? se rembrunit Pelletier.
    — Personne. Les lieux étaient déserts. Mais, après avoir trouvé le corps, j'ai craint que l'assassin ne fût encore à proximité. J'avais l'impression qu'il m'épiait. Du moins le pensais-je…
    — Vous ne souffrez donc d'aucun mal, insista l'intendant en pesant soigneusement ses mots. Nul ne vous a interpellée ou tenté de vous agresser. »
    Qu'Alaïs eût saisi l'allusion de son père était visible par le rose qui lui monta soudain aux joues.
    « Je ne souffre que d'une blessure d'amour-propre et de ne plus mériter votre bienveillance, père. »
    Elle vit l'expression soulagée de l'intendant. Il lui souriait et, pour la première fois depuis le début de leur conversation, ses yeux souriaient aussi.
    « Fort bien, soupira-t-il. Mis à part votre inconséquence et le fait que vous m'ayez désobéi, vous avez été bien avisée de venir me parler. »
    Sur ces mots, il lui prit les mains, refermant ses énormes battoirs tannés comme du cuir sur les doigts délicats de sa fille.
    « Je suis navrée, paire . J'entendais tenir ma promesse, si ce n'est que… », sourit-elle, reconnaissante pour tant d'indulgence.
    Il balaya les excuses d'un geste.
    « N'en parlons plus. Et pour ce qui est de ce pauvre sire, je crains que nous ne puissions rien faire pour lui. Les maraudeurs qui l'ont occis se sont enfuis depuis longtemps. Il est peu probable qu'ils se soient attardés et risqués à être découverts. »
    Le visage d'Alaïs se peignit de gravité. Les commentaires de son père venaient de faire surgir une idée tapie dans ses pensées. Fermant les yeux, elle se revit à demi plongée dans la rivière, frappée de stupéfaction à la vue du cadavre.
    « Si étrange que cela paraisse, père, hasarda-t-elle doucement, je ne crois pas que ce soit l'œuvre de maraudeurs. Advenant le cas, ils l'auraient dépouillé du manteau fort coûteux, ainsi que des bagues et des chaînes en or. Des voleurs l'auraient laissé nu.
    — Vous m'aviez pourtant dit n'avoir point touché au corps, objecta abruptement Pelletier.
    — En effet. Mais j'ai vu les nombreuses bagues qui ornaient ses mains, père. Il portait aussi un bracelet constitué de chaînettes entrecroisées, et une grande chaîne autour du cou. Pourquoi des brigands auraient-ils renoncé à s'en emparer ? »
    Alaïs demeura silencieuse, alors que lui revenaient en mémoire le cadavre boursouflé, ses mains fantomatiques tendues vers elle comme s'il voulait la toucher, l'extrémité sanguinolente de ce qui avait été son pouce. Saisie d'un brusque vertige, elle s'adossa à la pierre du mur et tenta de se distraire l'esprit en se concentrant sur le banc où elle avait pris place, et l'odeur surette qui montait des fûts alignés.
    « Il ne saignait point, reprit-elle, en avalant douloureusement sa salive. C'était une blessure ouverte, rouge comme une pièce de viande. Le pouce lui manquait et…
    — Manquait ? la coupa-t-il rudement. Comment cela ? Que voulez-vous dire par là ? »
    Le changement de ton prit Alaïs au débotté.
    « On lui avait tranché le pouce au ras de la main.
    — De quelle main, Alaïs ? s'enquit précipitamment Pelletier. Songez-y, il importe que je le sache.
    — Je ne…
    — De quelle main ? insista-t-il.
    — La gauche. Oui, la sénestre, j'en suis sûre. Il était tourné vers l'amont et la main amputée se trouvait de mon côté. »
    Traversant la cave en quelques enjambées, Pelletier

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