Labyrinthe
et sang réal se révéla un artifice bien commode.
— Cependant, le Saint-Graal est bel et bien un mythe, s'obstina-t-elle. Il ne peut être réel.
— Le saint Graal est assurément un mythe, répondit-il en soutenant son regard. Une fable attrayante. Si vous y regardez de plus près, vous vous rendrez compte que ces récits ne sont que des extrapolations romancées à partir d'un même thème : le concept chrétien du sacrifice et de la quête conduisant à la rédemption et au salut. Dans le langage chrétien, le saint Graal était spirituel, une représentation symbolique de la vie éternelle plutôt qu'une vérité à prendre au pied de la lettre ; la notion que l'humanité vivrait éternellement grâce au sacrifice de Jésus et par la grâce de Dieu. Mais le fait qu'un objet tel que le Graal existe ne fait aucun doute, ajouta-t-il avec un sourire. C'est la vérité celée entre les pages de la trilogie du labyrinthe. Et les gardiens du Graal, la Noublesso de los Seres , ont consacré leur vie à ce secret. »
Alice dodelinait de la tête, incrédule.
« Si je vous suis bien, vous êtes en train de me dire que le Graal n'est pas du tout un concept chrétien, que tous ces mythes et ces légendes se sont forgés sur un… malentendu ?
— Un subterfuge, plutôt qu'un malentendu.
— L'existence du saint Graal fait l'objet d'un débat vieux de deux mille ans. S'il apparaît aujourd'hui que les légendes à propos du Graal sont non seulement vraies, mais aussi que… » Elle se tut un instant, n'osant croire aux mots qu'elle s'apprêtait à prononcer. « Mais que ce n'est pas du tout une relique chrétienne, j'ose à peine imaginer…
— Le Graal est un élixir qui a le pouvoir à la fois de guérir et de prolonger considérablement la vie. Toutefois, dans un but précis. Il se révéla voici environ quatre mille ans dans l'Égypte des pharaons. Et ceux qui le découvrirent et prirent conscience de ses pouvoirs s'avisèrent que le secret devait être préservé contre ceux qui l'utiliseraient pour leur propre bénéfice. Ces arcanes sacrés furent transcrits en signes hiéroglyphiques sur trois papyrus séparés. L'un indiquait la disposition précise de la chambre du Graal, autrement dit le labyrinthe, un autre établissait la liste des ingrédients requis pour la préparation de l'élixir, le troisième énonçait les incantations pour la transformation de l'élixir en Graal. Ils furent enterrés dans des grottes aux abords de l'ancienne cité d'Avaris.
— L'Égypte, s'empressa-t-elle de dire. Lors de mes recherches pour tenter de comprendre ce que j'avais vu dans la caverne, j'ai remarqué que l'Égypte apparaissait souvent.
— Les papyrus sont rédigés en hiéroglyphes traditionnels. Le vocable signifie en soi “parole de Dieu” ou “discours divin”. Alors que la grande civilisation égyptienne tombait en poussière, l'aptitude à décrypter les hiéroglyphes se perdit, cependant que la connaissance contenue dans les papyrus était transmise d'un gardien à l'autre, au fil des générations. Quant à l'aptitude à réciter les incantations et invoquer le Graal, elle se perdit aussi.
» Ces événements inattendus n'avaient pas de dessein par-ticulier, si ce n'est que le secret s'en trouva renforcé, continua Baillard. Au IX e siècle de l'ère chrétienne, un alchimiste arabe, Abu Bakr Ahmad Ibn Wahshiyah, décoda le secret des hiéroglyphes. Fort heureusement, Harif, le navigatairé , prit conscience du danger et parvint à le dissuader dans ses tentatives de faire partager sa découverte. En ces temps, les lieux de cultures étaient peu nombreux et les communications entre peuples lentes et peu fiables. Après cela, les papyrus furent transportés à Jérusalem et dissimulés dans des grottes souterraines des plaines de Sephal.
» Entre 800 et 1800, personne ne fit de progrès significatif dans le décryptage des hiéroglyphes. Personne. Leur signification ne fut élucidée qu'en 1799, après la campagne d'Égypte, campagne autant militaire que scientifique, après que Bonaparte eut découvert des inscriptions hiéroglyphiques détaillées dans l'écriture démotique égyptienne datant de la Grèce antique. Vous avez sûrement entendu parler de la pierre de Rosette.
» Dès cet instant, continua-t-il après qu'Alice eut acquiescé, nous craignîmes fort que ce ne fût plus qu'une question de temps. Un Français, Jean-François Champollion, n'eut de cesse de trouver le code. Il y
Weitere Kostenlose Bücher