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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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vœux.
    Il courut le long des gradins, désespérant de se rapprocher, désespérant aussi d'acquérir la certitude qu'il ne s'agissait pas d'elle. Le brasier était dévorant. Une odeur nauséabonde de chair brûlée étonnamment sucrée flottait au-dessus des spectateurs. Les soldats reculèrent de quelques pas. Même les membres du clergé battirent en retraite devant la fournaise.
    Le sang bouillait, laissant entendre d'affreux sifflements alors que les pieds des suppliciés se fendaient et que les os tombaient dans le brasier comme ceux d'animaux cuits sur une rôtissoire. Les prières se muèrent rapidement en insoutenables hurlements.
    Guilhem suffoquait, sans pour autant s'arrêter. Pour se garantir de l'odeur pestilentielle portée par la fumée, il couvrit sa bouche et son nez de sa cape. Il tenta de se rapprocher de l'échafaud, mais les volutes noires obscurcissaient toute chose.
    Soudain, une voix s'éleva, claire et intelligible, à travers les flammes.
    « Oriane ! »
    Était-ce la voix d'Alaïs ? Guilhem n'aurait su dire. Protégeant son visage de ses mains, il courut en direction du cri.
    « Oriane ! »
    Un autre cri s'éleva des tribunes. Guilhem se retourna et, à travers une trouée de fumée, aperçut le visage d'Oriane transfiguré par la colère. Debout, elle adressait aux gardes des signes véhéments.
    Guilhem s'imagina répondant à Alaïs, sauf qu'il ne devait en aucun cas attirer l'attention sur lui. Il était venu la sauver, l'aider à échapper aux griffes d'Oriane comme il l'avait fait jadis.
    Les trois mois passés en compagnie d'Alaïs, après avoir fui Toulouse et ses inquisiteurs, avaient été les plus beaux de sa vie. Alaïs ne souhaitait pas s'attarder plus longtemps, et lui n'était pas parvenu à infléchir sa décision, ni même à lui faire avouer les raisons de son départ. Si ce n'est qu'elle avait promis – et Guilhem l'avait crue – qu'ils se retrouveraient un jour, quand les horreurs seraient finies.
    « Mon còr » , murmura-t-il dans un sanglot.
    Cette promesse et le souvenir des jours heureux l'avaient soutenu au cours de ses dix années de solitude. Comme une lueur dans les ténèbres.
    Guilhem sentit son cœur se lézarder.
    « Alaïs ! »
    Contre la cape rouge, le petit étui de peau de la taille d'un livre venait de s'enflammer. Les mains qui le tenaient avaient fait place à des moignons charbonneux et des lambeaux de chair noircis.
    Il n'en resterait rien. Cela, il le savait.
    Pour Guilhem, tout n'était à présent que silence. Les bruits, la douleur avaient disparu. Ne subsistait qu'une étendue blanche et claire. Les montagnes s'étaient dissoutes. Le ciel, la fumée, les cris, tout cela n'était plus. L'espoir n'était plus.
    Ses jambes ne pouvant plus le soutenir, il tomba à genoux cependant que le désespoir s'emparait de lui.

73
    Monts Sabarthès

    V ENDREDI 8 JUILLET 2005
    La puanteur lui fit recouvrer ses sens, mélange d'ammoniaque, d'excréments de chèvres, de literie froide et crasseuse et de viande cuite. Elle le saisit à la gorge et lui irrita le nez comme des sels tenus trop près.
    Will était allongé sur un rustique lit de camp, un peu plus qu'un banc, fixé au mur de la cabane. Il manœuvra de sorte à se mettre en position assise et s'adosser contre le mur de pierre dont les arêtes vives lui écorchèrent les mains qu'on lui avait liées dans le dos.
    Il avait l'impression d'avoir combattu quatre reprises sur un ring. Il était meurtri de la tête aux pieds à force d'avoir été bringuebalé dans le coffre au cours du trajet. Il avait encore la tempe douloureuse du coup que lui avait assené François-Baptiste avec son arme à feu. Il sentait l'hématome sous sa peau, dur et violacé, ainsi que le sang coagulé autour de la blessure.
    Quant à savoir l'heure ou le jour… Vendredi ?
    Ils étaient partis de Chartres à l'aube, peut-être à cinq heures du matin. Quand ils l'avaient sorti de la voiture, c'était l'après-midi. Il faisait chaud et le soleil brûlant était encore haut dans le ciel. Il se tordit le cou pour consulter sa montre, mais le mouvement lui souleva le cœur.
    Will attendit que sa nausée se fût dissipée puis, ouvrant les yeux, tenta de rassembler ses esprits. Apparemment, il se trouvait dans une sorte de cabane de berger. La fenêtre, pas plus grande qu'un livre, était armée de barreaux. Dans le coin opposé, il y avait une étagère encastrée dans le mur et quelque chose qui ressemblait à une

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