Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
Vom Netzwerk:
années. Elle visualisa le symbole labyrinthique qui les reliait à travers le temps et l'espace.
    Deux histoires imbriquées en une.
    Elle ramassa ses effets et suivit Baillard dans les vestiges du jour.

75
    Montségur

    M ARÇ 1244
    Dans leur cachette, quelque part sous la citadelle, Alaïs et ses trois compagnons tentaient de se clore aux atroces hurlements des suppliciés. Mais on aurait dit que l'horreur et les cris de douleur s'infiltraient au cœur de la montagne. Les cris des mourants, autant que ceux des survivants, se glissaient jusque dans son refuge comme de monstrueuses créatures.
    Alaïs priait pour l'âme de Rixende et son retour à Dieu, pour ses amis, pour ces femmes et ces hommes pleins de bonté, pour que Dieu les prît en pitié. Elle ne pouvait qu'espérer que son stratagème avait produit le résultat escompté.
    Seul le temps dirait si Oriane avait été dupe au point de croire qu'Alaïs et le Livre des mots s'étaient consumés dans les flammes.
    Un risque tellement immense.
    Alaïs, Harif et leurs guides étaient contraints de rester dans leur tombeau de pierre jusqu'à la nuit tombée, quand l'évacuation de la citadelle serait achevée. Puis, sous le couvert de la nuit, les quatre fugitifs se fraieraient un chemin dans les sentiers abrupts de la montagne pour gagner Los Seres. Si la bonne fortune les accompagnait, elle aurait regagné sa demeure le lendemain soir.
    Ils étaient en totale rupture avec les accords de reddition. S'ils étaient pris, elle ne doutait pas un instant que les représailles seraient aussi promptes que brutales. La tanière qui les abritait n'était guère plus qu'une anfractuosité peu profonde dans le rocher. Pour peu que les soldats missent quelque zèle à fouiller la citadelle, il était inéluctable que ses compagnons et elle seraient découverts.
    En songeant à sa sœur, Alaïs se mordit la lèvre. Harif lui prit la main dans la pénombre. Il avait la peau sèche et poudreuse comme les sables du désert.
    « Bertrande est une enfant forte, lui dit-il comme s'il percevait l'objet de sa détresse. Ne vous ressemble-t-elle pas ? Son courage la soutiendra et, bientôt, vous serez derechef réunies. Vous n'aurez point à attendre bien longtemps.
    — Elle est si jeune, Harif, trop jeune pour vivre de telles horreurs. Elle doit être si effrayée…
    — Elle est vaillante, Alaïs. Et Sajhë aussi. Ils ne failliront point. »
    Puissiez-vous avoir raison …
    Tapie dans l'obscurité, le cœur taraudé de doutes et de craintes quant à la suite des événements, Alaïs était assise, l'œil sec, attendant la fin du jour. L'impatience, l'ignorance de ce qui se passait au-dessus de leur tête étaient à la limite du supportable. Le visage hâve de Bertrande continuait de la hanter.
    Et les hurlements d'agonie des Bons Homes à mesure que le feu les dévorait persistèrent dans sa tête longtemps après que le dernier martyr eut exhalé son dernier soupir.
     
    Un gigantesque panache de fumée noire et âcre planait sur la vallée comme un nuage de tempête occultant la lumière du jour.
    Alors qu'ils franchissaient la grande porte pour quitter le château qui les avait abrités durant presque deux années, Sajhë tenait Bertrande fermement par la main. Il avait enfoui son chagrin au plus profond de son cœur, hors d'atteinte des inquisiteurs. À présent, il ne pouvait pleurer la mort de Rixende, ni se tourmenter sur le sort d'Alaïs, seulement s'employer à protéger Bertrande, et regagner avec elle Los Seres sains et saufs.
    Les inquisiteurs avaient dressé leurs tables en bas des pentes pour que le recensement commençât séance tenante, à l'ombre du bûcher. Sajhë reconnut l'inquisiteur Ferrier, réputé dans la région pour sa rigidité cléricale et sa stricte observance des préceptes chrétiens. Son regard obliqua vers la droite où se tenait le non moins redoutable inquisiteur Duranti.
    Il serra un peu plus fort la main de Bertrande.
    Arrivé dans la plaine, Sajhë se rendit compte que les prisonniers étaient divisés en groupes : vieillards, hommes et soldats d'un côté, femmes et enfants de l'autre. La crainte l'étreignit brusquement. Bertrande allait devoir affronter les inquisiteurs sans lui.
    La fillette perçut ce changement, car elle leva un visage effaré.
    « Que se passe-t-il ? Que vont-ils faire de nous ?
    — Brava , ils interrogent les femmes et les hommes séparément. Ne te tourmente point. Réponds simplement à leurs questions.

Weitere Kostenlose Bücher