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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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avait sombré dans un sommeil abyssal.
     
    « Éveillez-vous ! »
    Sajhë entendit qu'on lui parlait. Un homme. Tout près.
    Quand il voulut bouger, une violente douleur irradia son corps, cependant que des étoiles bleues explosaient devant ses yeux.
    « Éveillez-vous ! » reprit la voix d'un ton plus pressant.
    Sajhë tressaillit au contact d'un objet froid et néanmoins apaisant que l'on appuyait contre son visage tuméfié. Lentement, les coups dont on l'avait roué de la tête aux pieds lui revinrent en mémoire.
    Était-il trépassé ?
    Puis il se souvint. Quelqu'un criait, plus loin, plus bas, sur la pente, intimant aux soldats de l'arrêter. Ses assaillants surpris, avaient reculé. Quelqu'un, un capitaine, avait hurlé des ordres en français, les hommes de la patrouille l'avaient emmené en bas de la montagne.
    Peut-être n'était-il pas mort.
    En tentant un mouvement, il sentit un objet dur lui meurtrir le dos. Il se rendit compte que ses épaules étaient fortement tirées en l'arrière. Quand il voulut ouvrir les yeux, l'un demeura désespérément clos, alors que tous ses autres sens semblaient avoir gagné en acuité. Il prit conscience du mouvement des chevaux en train de frapper le sol de leur sabot, de la voix du vent, du cri des engoulevents et du hibou solitaire. Autant de sons qu'il reconnaissait.
    « Pouvez-vous bouger les jambes ? » s'enquit la voix.
    Sajhë s'étonna d'en être capable, même si elles le faisaient horriblement souffrir. Il est vrai qu'un soldat avait pris un malin plaisir à lui piétiner la cheville quand il était à terre.
    « Pouvez-vous chevaucher ? »
    Il vit l'homme couper les cordes qui attachaient ses bras à un poteau. Le personnage ne lui était pas étranger. Quelque chose dans la voix, la complexion du visage.
    Il tituba sur ses jambes affaiblies.
    « Que me vaut tant d'obligeance ? » demanda-t-il en se massant les poignets. La réponse lui vint soudain. Il se revit à onze ans, escaladant les murs du Château comtal, courant sur le chemin de ronde pour tenter de trouver Alaïs. Écoutant à la fenêtre des rires emportés par la brise du soir. Le verbiage anodin d'une voix d'homme.
    « Guilhem du Mas », articula-t-il lentement.
    Ce dernier suspendit son geste, pour le dévisager d'un air étonné.
    « Nous sommes-nous déjà rencontrés, mon ami ?
    — Vous ne pourriez vous souvenir, répondit Sajhë, osant à peine le regarder en face. Mais dites-moi, ami , s'enquit-il en accusant le mot. Que voulez-vous de moi ?
    — Je viens pour… » Guilhem était dérouté par une telle hostilité. « N'êtes-vous pas Sajhë de Servian ?
    — Quand bien même ?
    — Pour Alaïs que vous et moi… » Guilhem prit un instant pour se ressaisir. « Sa sœur Oriane est céans avec l'un de ses fils qui s'est mis sous la croix. Elle est venue s'emparer du livre.
    — De quel livre parlez-vous ? » lui retourna Sajhë acrimonieusement.
    Guilhem préféra passer outre.
    « Oriane a appris que vous avez une fille. Elle la retient captive. J'ignore l'endroit où elle entend la conduire, mais je sais qu'elle a quitté le campement peu après le crépuscule. Je suis venu vous prévenir et vous offrir mon aide. Cependant, si cela ne vous agrée point… »
    Sajhë sentit le sang refluer de son visage.
    « Attendez !
    — Si vous voulez retrouver votre enfant vivante, poursuivit Guilhem sans se départir de son calme. Je vous suggère de laisser vos griefs envers moi de côté, quelle qu'en soit la cause. »
    Sur ces mots, il lui tendit la main pour l'aider à se redresser.
    « Savez-vous où Oriane peut l'avoir emmenée ? »
    Sajhë fixa l'homme qu'il avait haï sa vie durant, puis, pour l'amour d'Alaïs et de sa fille, accepta la main tendue.
    « Elle a un nom : Bertrande. »

77
    Pic de Soularac

    V ENDREDI 8 JUILLET 2005
    Audric et Alice escaladaient la montagne en silence.
    Trop de choses avaient été dites, pour qu'il fût nécessaire d'ajouter quoi que ce soit. Baillard respirait péniblement, les yeux rivés sur le sentier, sans faiblir un seul instant.
    « Ce ne doit plus être très loin, dit-elle, plus pour elle-même que pour le vieil homme.
    — En effet.
    Cinq minutes plus tard, Alice comprit qu'ils étaient parvenus au site par le versant opposé à l'aire de stationnement. Les tentes avaient disparu mais laissé des traces sous la forme de carrés de terre sèche et battue et quelques détritus oubliés. Alice repéra une

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