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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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reconduire jusqu'à ta demeure ? »
    Bertrande y pensa un instant.
    « Cela est possible, hésita-t-elle.
    — Est-ce loin d'ici ?
    — À une journée de cheval. Peut-être davantage en cette époque de l'année.
    — Ton village a-t-il un nom ? s'enquit Oriane comme si de rien n'était.
    — Los Seres, avoua Bertrande. Sajhë m'a cependant bien recommandé de n'en rien dire aux inquisiteurs. »
    La Noublesso de los Seres … Non seulement c'était le nom des gardiens du Graal, mais aussi celui du lieu où il était dissimulé. Oriane exultait. Elle se mordit la langue pour ne pas éclater d'un grand rire jubilatoire.
    « Pour commencer, débarrassons-nous de cela, décréta-t-elle en retirant la croix jaune que sa nièce portait dans le dos. Nul ne doit savoir que nous sommes des fuyardes. À présent, dois-tu emporter quelque chose avec toi ? »
    Si Bertrande était en possession du livre, il n'était plus nécessaire d'aller plus loin. La quête s'achèverait ici.
    « Rien, dit la fillette en secouant la tête.
    — Fort bien, partons calmement. Gardons-nous d'attirer l'attention. »
    L'enfant montrait encore quelque réticence. Mais comme elles traversaient l'enclos endormi, Oriane évoqua le Château comtal en redoublant de persuasion, de charme et d'attention, tant et si bien que, peu à peu, elle finit par gagner la confiance de Bertrande.
    Après avoir derechef soudoyé le garde, elle conduisit sa nièce à l'extérieur du campement où l'attendaient Louis et six soldats à cheval, près d'un chariot bâché.
    « Vont-ils nous accompagner ? » s'enquit Bertrande, subitement soupçonneuse.
    Alors qu'elle la hissait sur la calèche , Oriane eut un sourire rassurant.
    « Nous devons nous protéger des bandits au cours de notre voyage, y as-tu songé ? Sajhë oncques ne me pardonnerait si malheur devait t'arriver. »
    Une fois Bertrande installée, elle se tourna vers son fils.
    « Et moi ? demanda ce dernier. Je veux vous accompagner.
    — Je veux, moi, que vous demeuriez céans, répondit-elle, pressée de partir. Au cas où vous l'auriez oublié, je vous rappelle que vous appartenez à cette armée. Vous ne pouvez disparaître ainsi. Il sera plus aisé pour moi de voyager seule.
    — Cependant…
    — Obéissez, gronda-t-elle à voix basse afin de n'être pas entendue de Bertrande. Veillez à nos intérêts. Occupez-vous du père de l'enfant, ainsi que nous en avons débattu, et laissez-moi me charger du reste. »
     
    Guilhem n'avait qu'une pensée : retrouver Oriane. Sa venue à Montségur n'avait eu d'autre dessein que d'apporter son aide à Alaïs, et la protéger des diableries de sa sœur. De loin en loin, il veillait sur elle depuis trente ans.
    Aujourd'hui qu'Alaïs était morte, il n'avait plus rien à perdre. Il aurait dû trucider Oriane quand il en avait eu les moyens. Mais son désir de vengeance n'avait fait que croître au fil du temps, et il ne laisserait pas passer la chance qui lui était offerte une seconde fois.
    Le capuchon de sa cape rabattu sur le visage, il se coula dans le camp des croisés jusqu'au moment où il reconnut l'étendard vert et argent des Évreux.
    De l'intérieur de la tente, montaient des voix s'exprimant en français. Entre autres, celles d'un jeune homme en train de donner des ordres. Se rappelant le jouvenceau assis près d'Oriane dans les gradins, Guilhem se rapprocha pour tendre l'oreille.
    « C'est un soldat de la garnison, disait Louis d'Évreux de son air fendant. Il s'appelle Sajhë de Servian. Celui-là même qui a occasionné des troubles, plus tôt dans la soirée. Encore un de ces paysans du Sud. Ils persistent à se conduire comme des animaux, même s'ils sont bien traités, ajouta-t-il avec un ricanement méprisant. On l'a emmené dans l'enclos, près de la tente d'Hugues des Arcis, à l'écart des autres prisonniers au cas où il les inciterait à se révolter. »
    Louis baissa le ton au point que Guilhem eut grand mal à entendre :
    « Voici pour vous. La moitié maintenant. » Guilhem perçut le son de pièces trébuchant dans une main. « Si ce manant est encore en vie, apportez-y remède. Je vous remettrai le reste une fois l'ouvrage accompli. »
    Du Mas attendit que le soldat fût parti pour se glisser par l'ouverture non gardée.
    « J'avais ordonné que l'on ne me dérangeât point », déclara Louis d'Évreux sans se retourner.
    Le poignard de Guilhem était pressé sur sa gorge avant même qu'il eût le temps

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