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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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d'élever un cri.
    « Au moindre bruit je vous tue.
    — Emportez ce que vous voulez, mais de grâce, ne me trucidez point ! » geignit le jeune homme.
    Du Mas balaya du regard l'intérieur de la tente, les tapis chatoyants et les chaudes couvertures. Oriane semblait avoir atteint au statut et aux richesses auxquels elle avait toujours aspiré. Il espéra que cela ne lui avait pas apporté le bonheur.
    « Quel est ton nom, gronda-t-il d'un ton âpre.
    — Louis d'Évreux. J'ignore qui vous êtes, mais ma mère… »
    Guilhem lui tira brutalement la tête en arrière.
    « Ne me menace point. Tu as renvoyé tes gardes, t'en souviens-tu ? Nul ne peut t'entendre, fit-il en pressant la lame contre le cou pâle du jouvenceau. Voilà qui est mieux. À présent, je veux savoir où se trouve Oriane. Si tu refuses de répondre, je te trancherai la gorge. »
    Entendre sa mère appelée par son prénom ne manqua pas de susciter chez le jeune homme quelque réaction, mais la peur lui dénoua la langue :
    « Elle est allée dans l'enclos des femmes.
    — À quelles fins ?
    — Pour y trouver une… enfant.
    — Tu me fais perdre un temps précieux, nenon , menaça Guilhem en lui tirant de nouveau la tête en arrière. Quelle enfant ? En quoi intéresse-t-elle Oriane ?
    — Cette fillette est l'enfant d'une hérétique, la sœur de… ma mère, ma tante, expliqua-t-il avec l'air de cracher un poison qu'il avait dans la bouche. Ma mère voulait s'entretenir seule à seule avec elle.
    — Alaïs, murmura Guilhem, incrédule. Quel âge a cette enfant ? »
    Évreux exsudait la peur par tous les pores de sa peau.
    « Comment le saurais-je ? Neuf ou dix ans.
    — Et qu'en est-il du père ? Est-il mort, lui aussi ? »
    Louis d'Évreux esquissa un geste dont Guilhem le dissuada en appuyant la pointe de sa lame sous l'oreille gauche du jeune homme, prêt à la lui enfoncer dans la gorge.
    « Il s'agit d'un soldat de Pierre-Roger de Mirepoix. »
    Guilhem comprit aussitôt.
    « Et tu as envoyé tes hommes afin de t'assurer qu'il ne voie point le soleil se lever. »
    La lame du poignard accrochant la lueur des chandelles étincela.
    « Qui êtes-vous ? »
    Du Mas ignora la question.
    « Où est le seigneur d'Évreux ? Pourquoi n'est-il point céans ?
    — Mon père n'est plus, déclara le jeune homme sans autre émotion qu'une arrogante fatuité que Guilhem ne put s'expliquer. Ce jour d'hui, le maître des états d'Évreux, c'est moi.
    — Ou plus probablement ta mère », ricana Guilhem.
    Le jeune homme vacilla sous le choc.
    « Dis-moi, seigneur d'Évreux, reprit Guilhem en insistant avec mépris sur le titre, que veut donc ta mère à cette enfant ?
    — Que vous importe ? C'est une enfant d'hérétique. Elle aurait dû brûler avec les autres. »
    Guilhem perçut aussitôt qu'Évreux regrettait d'avoir livré le fond de sa pensée. Trop tard. Au moment même où il prononçait ces mots, Guilhem lui trancha la gorge d'une oreille à l'autre.
    « Per lo Miègjorn » , murmura-t-il.
    Le sang gicla de la blessure, éclaboussant les beaux tapis. Quand Guilhem relâcha sa prise, Évreux tomba en avant.
    « Si ton serviteur revient promptement, peut-être auras-tu la vie sauve. Dans le cas contraire, tu ferais bien de prier Dieu pour le pardon de tes péchés. »
    Capuchon rabattu sur le visage, Guilhem s'en fut. Il lui fallait au plus vite retrouver Sajhë de Servian, avant les hommes d'Évreux.
     
    La petite troupe avançait péniblement dans la nuit glaciale.
    Oriane regrettait d'avoir emprunté la calèche , quand voyager à cheval eût été beaucoup plus rapide. Les roues de bois brinquebalaient, glissaient sur la pierre et la terre gelée
    Ils évitèrent les grands chemins de la vallée, où des barrages encore en place les contraignirent à mettre cap au sud durant quelques heures. Puis, quand les grisailles de l'hiver eurent fait place à la nuit profonde, ils obliquèrent vers le sud-est.
    Bertrande était endormie, sa cape tirée sur la tête pour la garantir du froid mordant qui soufflait en rafales à travers les interstices de la bâche recouvrant le chariot. Son incessant bavardage avait exaspéré Oriane, que la gamine avait harcelée de questions sur la vie à Carcassonne avant la guerre.
    Oriane lui avait donné des petits gâteaux, du pain de sucre et du vin épicé où elle avait ajouté un somnifère suffisant pour assommer un soldat des jours durant. La gamine s'était enfin tue et

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