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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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est répugnant, ajouta-t-elle en tirant brutalement sur la corde, arrachant à sa nièce un cri de douleur. Alaïs disait toujours à autrui ce qu'il fallait et ne fallait point faire. Elle se croyait toujours plus sage que d'autres.
    — Cela est faux ! » se défendit courageusement Bertrande, malgré la situation désespérée dans laquelle elle se trouvait.
    Sajhë eût aimé l'inciter à cesser de tenir tête à Oriane, tout en sachant qu'Alaïs eût été fière de la bravoure de sa fille, comme il l'était lui-même. Elle était la digne fille de ses parents.
    Bertrande s'était mise à pleurer :
    « Cela n'est point convenable. Vous ne pouvez entrer. Il ne le permettra point. Le labyrinthe protégera son secret de vous et de tous ceux qui voudront en mésuser.
    — Ce ne sont que des affabulations destinées à effrayer les niaises de ton espèce », rétorqua la femme avec un rire sarcastique.
    Bertrande s'obstina.
    « Je n'irai plus avant. »
    Sans crier gare, Oriane lui assena alors un coup d'une telle violence que Bertrande fut projetée contre la paroi rocheuse. Sajhë vit rouge. En deux ou trois enjambées, il se jeta sur la femme en poussant un rugissement surgi du fond de ses entrailles.
    Oriane réagit avec une surprenante célérité. Tirant l'enfant à ses pieds, elle pointa la dague sur sa gorge.
    « Quelle triste déconvenue… J'avais espéré que mon fils s'acquitterait d'une tâche aussi aisée, alors que vous étiez déjà captif. Mais peu me chaut. »
    Sajhë adressa à Bertrande un sourire qui se voulait rassurant, malgré la précarité de sa position.
    « Lâchez votre épée ou je la tue, déclara sans émotion Oriane.
    — Je suis navrée de vous avoir désobéi, Sajhë, cria désespérément l'enfant. Mais elle m'a montré votre anneau en se disant mandée par vous.
    — Ce n'est point le mien, brava , lui répondit-il en laissant tomber l'épée sur les cailloux du sentier.
    — Voilà qui est mieux. À présent, veuillez vous approcher que je puisse vous voir… Ainsi, vous êtes seul ? »
    Sajhë ne répondit pas. Posant la lame à plat sur la gorge de Bertrande, elle l'amena jusque sous l'oreille en y faisant une légère estafilade. L'enfant poussa un hurlement, tandis que le sang commençait à ruisseler sur son cou – fin liseré écarlate sur sa peau diaphane.
    « Libérez-la, Oriane. Ce n'est point elle que vous voulez, mais moi. »
     
    Au son de la voix d'Alaïs, la montagne elle-même parut retenir sa respiration.
    Un revenant ? Guilhem n'aurait su dire.
    Il avait l'impression que le souffle lui avait été arraché du corps pour n'y laisser qu'un vide abyssal. Il n'osait bouger de sa cachette de crainte que cette apparition ne se volatilisât. Il observa Bertrande, si semblable à sa mère, puis le dévers où se tenait – si tant est qu'elle fût réelle, Alaïs.
    Un capuchon de fourrure lui encadrait le visage, et son long manteau, souillé par le voyage, balayait le sol blanc et caillouteux. Ses mains gantées de cuir étaient solennellement croisées sur sa poitrine.
    « Relâchez-la, Oriane. »
    Ces mots les ramenèrent à la réalité.
    «  Mamà ! s'écria Bertrande en lui tendant désespérément les bras.
    — C'est impossible… murmura Oriane, les yeux rétrécis. Vous êtes morte. Je vous ai vue. »
    Sajhë s'élança vers Oriane pour tenter de tirer Bertrande à lui, mais la vitesse lui manqua.
    « Gardez-vous d'approcher ! hurla-t-elle en entraînant à reculons Bertrande vers l'entrée de la grotte. Sinon, je jure de la tuer !
    — Mamà !  »
    Alaïs s'avança d'un second pas.
    « Laissez-la, Oriane. Cette querelle ne concerne que nous.
    — Il n'est point de querelle entre nous, ma sœur. Vous possédez le Livre des mots , et je le veux. C'est aussi simple que cela.
    — Et quand vous l'aurez qu'en ferez-vous ? »
    Guilhem était abasourdi, n'osant encore en croire ses yeux, ne pouvant concevoir que c'était bien la même Alaïs qui hantait ses pensées aux heures du réveil comme à celles du dormir.
    Un mouvement capta son attention, reflets métalliques sur des heaumes. Guilhem redoubla d'attention. Deux soldats se faufilaient à travers les épaisses broussailles pour prendre Alaïs à revers, tandis qu'à sa gauche, résonnait le bruit d'une botte heurtant un rocher.
    « Saisissez-vous d'eux ! »
    Le reître le plus proche de Sajhë le prit par les bras pendant que ses comparses émergeaient des buissons. Vive comme

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