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Labyrinthe

Labyrinthe

Titel: Labyrinthe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Kate Mosse
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Départ de son monde à elle pour celui des hommes.
    En se retournant, Guilhem accrocha de son manteau le plateau de fromage qui tomba à grand bruit sur les dalles de pierre.
    « Laissez, c'est sans importance, dit précipitamment Alaïs, soucieuse de ne pas susciter le courroux de son père en retardant son époux. Les servantes s'en chargeront. Allez, et revenez sitôt que vous le pourrez. »
    Guilhem lui adressa un dernier sourire, puis s'en fut.
     
    Après avoir écouté le pas de son mari décroître dans le couloir, Alaïs alla constater les dégâts. Des grumeaux de fromage frais adhéraient à la natte. Exhalant un soupir de lassitude, elle se baissa pour la nettoyer.
    Le plateau de bois sombre reposait sur le chant, appuyé contre un pilier du baldaquin. Au moment où elle s'en empara, elle sentit sous ses doigts comme une série de très fines entailles. Elle le retourna.
    Un labyrinthe y était gravé.
    «  Meravelhòs , c'est merveilleux », s'exclama-t-elle.
    Captivée par la perfection du dessin, elle suivit de l'index les lignes concentriques. C'était doux au toucher, dépourvu d'aspérité, une œuvre d'une finesse extrême exécutée avec art et délicatesse.
    Un souvenir émergea, convaincue qu'elle était d'avoir vu auparavant une figure semblable. Il restait flou, cependant, et semblait se soustraire à plus de précision. Elle chercha dans sa mémoire la provenance du plateau, mais en vain. Elle renonça et décida de ne plus y penser.
    Ayant enjoint à sa servante de procéder au nettoyage des lieux, elle se consacra aux plantes qu'elle avait récoltées pour ne pas songer à l'assemblée qui devait se dérouler dans le grand vestibule.
    Sa moisson avait été trop longtemps négligée. Les bandelettes de coton étaient sèches, les racines cassantes et les feuilles avaient perdu leur humidité. Néanmoins confiante que quelque chose pouvait encore être sauvé, elle aspergea d'eau son panièr et se mit à la tâche.
    Mais alors qu'elle moulait les racines, cousait les fleurs aromatiques dans des sachets, préparait un nouvel onguent pour la jambe de maître Jacques, son regard était irrésistiblement attiré par le plateau posé devant elle, qui refusait de lui livrer ses secrets.
     
    Guilhem traversa la cour en courant, pestant contre sa cape qui entravait ses mouvements, contre le sort, surtout, qui le contraignait précisément un jour comme celui-là.
    Que les chevaliers fussent requis au conseil était chose peu commune. Mais que ce dernier se déroulât au grand vestibule, et non dans l'enceinte du donjon, comme le voulait l'usage, laissait présumer de son importance.
    Pelletier disait-il la vérité en alléguant lui avoir envoyé un messager au cours de la matinée ? Rien ne le lui assurait. Et si François était venu et ne l'avait point trouvé, comment l'intendant réagirait-il ?
    Quoi qu'il en fût, le résultat était le même : il était dans de sales draps.
    La porte bardée de fer accédant au grand vestibule était béante. Guilhem monta les marches à grandes enjambées.
    Comme ses yeux s'accoutumaient à la pénombre, il reconnut la silhouette de son beau-père, campé devant la grande salle. Il prit une profonde inspiration avant de continuer à avancer, tête basse. Il s'apprêtait à entrer quand Pelletier leva le bras pour lui barrer le passage.
    « Où étiez-vous ? gronda-t-il.
    — Pardonnez-moi, messire, je n'ai pas été sommé de…
    — Comment osez-vous tarder ? l'interrompit Pelletier, le visage empourpré de colère. Sans doute ne vous sentez-vous pas concerné par les ordres qui sont donnés. Vous pensez peut-être que vos nombreux laudateurs vous autorisent à aller et venir à votre gré, au lieu d'obtempérer aux ordres de votre seigneur ?
    — Messire, je vous jure sur mon honneur que si j'avais su… »
    Pelletier eut un rire sarcastique.
    « Votre honneur ! aboya-t-il férocement, en frappant d'un coup sec la poitrine du jeune homme. Vous vous gaussez de moi, du Mas. Mon domestique est venu en personne dans vos logis vous délivrer mon message. Vous disposiez du temps nécessaire pour vous apprêter, nonobstant, il aura fallu que je vienne moi-même vous quérir. Et que découvré-je ? que vous êtes encore couché !
    — Je… »
    Guilhem ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun son n'en sortit. Il était comme fasciné par l'écume de rage qui se formait à la commissure des lèvres et jusque dans la barbe grisonnante de son

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